Interview du GEIPAN : "Le jour où l’on aura une preuve de l’hypothèse extraterrestre on sera ravi de l’annoncer" - 26 avril 2016

Jean-Paul AGUTTES et Xavier PASSOT

(Crédit Image : Jean-Pierre TROADEC)

 

Article publié sur le site Ovnis-direct 

Le 10 février 2016 Xavier PASSOT, responsable du CNES/GEIPAN (Centre National d’Etudes Spatiales/Groupe d’Etudes et d’Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non Identifiés) était l’invité de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN AR 14 région lyonnaise).

 

Sur la base de défense de Lyon, devant un parterre d’une centaine de personnalités militaires et civiles, ainsi que devant quelques ufologues invités, il donnait une conférence sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés.

 

Jean-Pierre TROADEC (Auditeur de l’IHEDN et chef d’escadron – RC – de la Gendarmerie nationale) était l’instigateur de cet évènement, au moment même où Xavier PASSOT quittait ses fonctions, passant le relais à Jean-Paul AGUTTES le nouveau responsable, actuel, du CNES/GEIPAN. L’occasion pour Xavier PASSOT de faire un bilan de sa direction du "département ovni du centre spatial".

 

Interview réalisée par Jean-Pierre TROADEC en exclusivité pour Ovnis-Direct.


Quel bilan, après presque 5 ans à la tête du GEIPAN ?

 

Bilan riche, tant humainement que scientifiquement. Le phénomène reste passionnant sur lequel il subsiste une complexité importante. Un regret pourtant, celui de ne pas avoir trouvé de cas majeur parmi plus de 1000 cas que j'ai étudié. C'était un peu un espoir secret lors de ma prise de fonction, de trouver des documents importants, mais je n'en ai pas trouvé. Je me suis rendu compte que pour avoir une vision globale, il aussi intéressant de s'intéresser aux cas expliqués qu'à ceux inexpliqués. C'est une question de science expérimentale. Quand on fait des mesures qu'il faut interpréter. Or, c'est aussi en étudiant les réactions humaines face aux différentes mesures, qu'il s'agisse de celles que l'on comprend parce qu'elles correspondent à ce que l'on connaît, ou celles qui sortent du cadre. C'est un problème humain, celui du témoignage, et qui permet de comprendre ce qui est fiable ou ce qu'il ne l'est pas dans le témoignage humaine….

 

 

Votre conviction en votre âme et conscience, sur les ovnis?

 

Entre l'inconnu et l'hypothèse extraterrestre, on a deux étapes à franchir.

Premièrement : est-ce-que cet inconnu représente de vrais objets matériels ?

Pour l'instant, je n'en suis pas convaincu.

 

La seconde étape, dans la mesure où on a affaire à des objets matériels, pose la question de leur origine ouvrant à une seconde série d'hypothèses.

 

Aujourd'hui, ce que je peux juste constater, c'est qu'il y a des cas que je n'explique pas. Ça, on est d'accord là-dessus. Mais même s'ils sont nombreux, je ne peux pas certifier, prouver, qu'il s'agisse d'engins « tôles et boulons » derrière.

 

 

Pourtant, on a certaines détections radars ?

 

Oui, mais, quand on les gratte, elles sont fragiles. Les radars montrent parfois des échos sur des objets qui n'existent pas, comme des plasmas.

On des cas avec des « fausses Vénus » et des faux échos de l'autre. L'erreur consistant à relier les deux.

Jean-Paul AGUTTES et Xavier PASSOT

(Crédit Image : Jean-Pierre TROADEC)

En 2010 est rédigé un rapport du comité de pilotage CNES/GEIPAN, le rapport reste confidentiel jusqu’en 2014, moment où le magazine Nexus en a connaissance ;

pourquoi cette confidentialité ?

 

Le rapport n’est pas accepté par la totalité des membres du Copeipan.

Les conclusions de la seconde partie, sont proches de celles du rapport Cometa (Le rapport COMETA est un document émanant du COMETA, une association française d'étude des phénomènes aérospatiaux non identifiés, aujourd'hui en sommeil. Préfacé par l'ancien président du CNES, André Lebeau).

 

C'est un rapport « opinion de Yves Sillard » et non validable par le Cnes (Yves Sillard est polytechnicien et pilote militaire, il prend la tête du comité de pilotage du GEIPAN en 2005, il est à l’origine de la déclassification et de l’ouverture au public des archives sur les PAN/OVNI classées secret défense).

 

 

Dans ce rapport de 2010 (Les phénomènes aérospatiaux non identifiés, rapport de situation du comité de pilotage du Geipan, 15 février 2010), on y parle d'objets matériels rapprochés, de radars, de systèmes radios et systèmes d’armement d’avions perturbés, de performances dynamiques exceptionnelles sans communes mesures avec les technologies actuelles, de vitesses et de changements de direction incompatibles avec notre technologie, etc. Comment expliquer cela ?

 

La plupart de ces cas se rapportent à d'autres sources que celles du Geipan.

Il s’agit de cas généraux sans sources.

Exemple : l’affaire de Kenneth Arnold en 1947, témoin unique à haute altitude.

 

En fait la moitié des cas publiés dans le rapport Cometa, je les fais tomber, car non enquêtés par le Geipan.

 

 

Yves Sillard aurait manqué de pertinence ?

 

Oui, il a manqué aussi d'esprit critique, suffisamment pour juger de ces cas-là. Cela s'applique aux auteurs du rapport Cometa.

 

Dans le rapport Copeipan de 2010 on traite d’un cas brésilien : 21 objets 100 m diamètre qui ont perturbé les aéroports ?

 

Impossible de prendre une telle mesure (100 m) – je serai curieux de savoir comment une telle mesure a été prise. Ces estimations ne valent pas grand-chose.

 

 

L’hypothèse d’une civilisation en avance, peut-elle être la première hypothèse à envisager ?

 

Pour moi, c'est la dernière.

 

Il y a nécessité d'examiner les premières (mauvaises mesures, échos radar, témoins uniques). L’hypothèse extraterrestre (HET) est fourre-tout. Comme pour Dieu que l'on mettait derrière tout mystère.

 

Le jour où on aura une preuve de l'HET, on sera ravi de l'annoncer.

 

Ravi, parce qu'excitant.

 

Existe-t’-il au sein du GEIPAN des consignes non écrites sur la marche à suivre concernant les rapports ovni ?

 

Non, pas de consigne, on est dans la transparence. On ne doit pas nuire à l'image du CNES.

 

Au sein du CNES il y a une grande confiance interne à l'égard du GEIPAN.

 

 

Le GEIPAN entretient-il des échanges avec l’étranger ?

 

Oui, notamment avec le CEFAA au Chili, le groupe officiel militaire d'étude des ovnis.

Échange de méthode principalement.

Des pays comme l’Angleterre ou le Danemark semblent fermés au sujet, les autres pays pouvant être concernés, je ne les connais pas.

 

Dans le rapport de 2010 du Cogeipan on lit « le ministère de la recherche aurait pu s'attacher à protéger les chercheurs ». Le sujet ovni est-il encore un domaine où la réputation des scientifiques peut être mise à mal ?

 

Le GEIPAN n’a pas de lien avec le ministère de la recherche. Les seuls scientifiques qui étudient ouvertement le sujet ovni sont les psychologues. Difficile de protéger la réputation des scientifiques, de toute façon.

Dans le dossier ovni le témoignage humain reste le point central.

Par exemple, caractériser vitesse dépend du témoignage humain, c’est un facteur faillible.

 

 

Lors de la vague belge de 1989 on a un cas de détection radar d’un ovni ?

 

Je n'ai pas creusé l'affaire de la vague belge.

Xavier PASSOT

(Crédit Image : Jean-Pierre TROADEC)

La lettre de mission du GEIPAN vous donne-t’elle l’alternative d’enquêter hors des frontières nationales, dans d’autres pays ?

 

Non, nous avons une mission franco-française. J'ai essayé d'ouvrir à l’international, c’est compliqué.

 

Une demande du rapport du cogeipan, évoque la déclassification des informations ovnis détenues par les armées ?

 

Le GEIPAN a reçu de nombreux documents de ces services. Il n’y a pas de nouveaux rapports depuis que je suis en poste.

Un ou deux cas radars intéressants que nous regardons petit à petit existent à ce niveau-là. Oui on a repris les investigations.

 

 

Valensole est un cas hors norme, 1965 Alpes-de-Haute-Provence, avec traces au sol. Votre avis ?

 

Difficile de se prononcer. Le cas a subi trop d'enquêtes d’ufologues. L’affaire est difficile, car le témoin est unique.

 

 

A Valensole en plus de la trace au sol, il ressort que le témoin a été paralysé, ayant subi ensuite des troubles du sommeil. Comment voyez-vous cela ?

 

Oui, il a été un peu scotché, sidéré. Après ses problèmes de sommeil, de santé, appartiennent au témoignage humain, ils ont une valeur relative.

 

 

L’affaire du 5 novembre 1990 a été qualifiée par Yvon Blanc (responsable du GEIPAN en 2009), « d’événement exceptionnel ».

Officiellement on a dit qu’il s’agissait d’une retombée de fusée russe. Qu’en est-il ?

 

C’était un dimanche, beaucoup de monde a vu le phénomène, c'est en cela que statistiquement c’est exceptionnel.

 

 

Le 5 novembre 1990, il y a eu des centaines de témoignages parlant d’objets immenses, près du sol.

N’est-ce pas incompatible avec la thèse de la fusée russe ?

 

Je me suis appliqué à traiter des cas d'entrée de bolides.

Mais quand vous avez des témoignages comme ceux-là, vous observez que les gens décrivent des choses à 200 ou 300 m d'altitude, des objets stationnaires, des objets tombants derrière la colline, etc.

Alors lorsque vous savez, parce que s'agissant de rentrées de bolides filmés, qu'il s'agit de bolides à 30 ou 100 km d'altitude cela interroge.

 

Alors quand vous revenez au 5 novembre 1990, vous comprenez que c'est normal que les gens ce soient trompés.

 

Sur les rapports observations de 30 gendarmes, il y a eu une diversité incroyable : depuis des points lumineux, à des vaisseaux sombres, le tout au même moment dans un périmètre de 200 m (travail d'une stagiaire en psychologie).

Le cas du 5 novembre 1990 est typique de la faillibilité des témoins.

Le groupe Lumière Dans la Nuit, à l’époque, parla à ce sujet de deux phénomènes concomitants ?

 

Effectivement sur les cas du 5 novembre 90, près de 10% des témoignages ne collent pas du tout, mauvaise direction, horaires différents. La prudence commande de dire notre ignorance.

 

Pour les spécialistes, 10% de cas aberrants sont acceptables. Pour moi, j'accepte leur valeur, même si on retrouve effectivement ce pourcentage dans les cas de bolides avérés.

 

Considérer que ces 10% de ces témoignages ne rentrent pas dans le cadre, c'est bien la proportion constatée à d'autres égards.

 

 

En 2014 surgit l’affaire des drones survolant principalement les centrales nucléaires françaises… Le directeur de la centrale du Blayais parle d'ovni. Où en sommes-nous dans cette histoire ?

 

Le GEIPAN est non impliqué dans l'affaire des drones, justement car dès le début les autorités ont dit qu’il s’agissait de drones, donc d’objets identifiés.

Pour Blayais, j'ai envoyé un message, resté sans réponse au directeur. Il a probablement employé le terme d'ovni au sens propre.

 

Sur la centrale de Golfesh, pendant la vague de drones, il y a une description d'objets oblongs, de 6 mètres de long, en phase immobile puis se déplaçant semblant éclairer le sol, cela se passe le 30 novembre 2014. Ceci est intrigant ?

 

Nous sommes à nouveau avec des témoignages humains, faillibles, notamment sur les tailles.

 

 

La centrale de Golfesh fait parler d’elle dès 2010, avec un « survol » ovni de l’installation, vous avez enquêté, quelles sont les conclusions du GEIPAN ?

 

Il y a une vidéo de l’ovni, en fait c’est un lampadaire avéré.

La vidéo est intéressante, car montre bien la hauteur à laquelle la lumière a été filmée. Ils n'ont pas pu filmer l'objet, insuffisamment lumineux.

L'enquête est en cours avec le problème de méthodologie. Deux témoins qui se contredisent, ce n’est donc pas simple. Nous ne sommes certains que du survol par 3 points lumineux. Pas de certitude d'un objet « au milieu ».

Je n'ai pas de réponse quant à ces trois points.

Pourquoi un témoin parle ballon-sonde. Les conclusions viendront d’ici quelques mois, j'espère.

La commission Sigma 3AF (société savante dédiée à l’étude des ovnis au sein de l’Association Aéronautique et Astronautique de France) dit dans son rapport de 2010 au sujet des ovnis : « divulgation d'une présence étrangère à la terre ». Vous avez une opinion sur cette affirmation ?

 

Je n'en pense rien. Je préfère m'abstenir.

 

 

Il y a maintenant une commission Sigma 2, qui visiblement repart sur des bases nouvelles, comment vous positionnez-vous à cet égard ?

 

Nous collaborons Avec Sigma 2. Nous leur avons fourni quelques cas aéronautiques précis, avec traces radars, cas ils ont des experts au sein de la 3AF. Nous pouvons également leur communiquer nos images brutes de notre caméra 360°. On se voit périodiquement pour échanger.

 

 

Lors de la tenue du Caipan (Collecte et l’Analyse des Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés), en 2014, organisé par vos soins au sein du CNES à Paris, un chercheur privé a présenté son catalogue de 300 cas supposés d'enlèvements ovni. Comment appréhendez-vous ce type de récits ?

 

Le GEIPAN n’a jamais été confronté à des cas d'enlèvements (ndlr, mis à part l’affaire de Cergy-Pontoise en 1979, canular révélé plus tard).

Dans notre fichier nous avons une affaire, diagnostiquée comme paralysie du sommeil. Les travaux de ce chercheur n'engagent que lui.

 

Il est prévu un Caipan 2017, mais pas grand public. Il sera sur le modèle de 2014, en petit comité. Cela sera en France.

 

 

La fiction aimée mêler la réalité.

Lors de la sortie de la saison 2016 de X Files, tout un battage médiatique a été fait autour de cette série TV mythique chez les amateurs.

Cela a été l’occasion de faire allusion aux dossiers secrets ovnis conservés par les services de renseignement américain.

Comment voyez-vous cette médiatisation ?

 

La CIA à l'occasion de la sortie de X files a diffusé sur son site cette information : « nous vous proposons plusieurs documents intéressants – les « Scully » choisiront certains et les « Mulders » en choisiront d'autres. Ceux qui ne veulent pas y croire, voici les documents pour vous, et pour ceux qui veulent croire, en voici d'autres ».

 

Je trouve cette façon un peu humoristique intéressante et je pense personnellement qu'il faut comprendre qu'ils sont ici sincères.

Qu'il y a une part d'inconnu qu'ils ne savent pas gérer, pas plus que nous d'ailleurs, et ils n'ont pas peur de le dire.

C'est pour moi, une nouvelle façon de communiquer sur le sujet. C'est pour moi majeur comme changement de stratégie de communication.

 

« Pas de preuve d'ovni, mais des choses qu'ils ne comprennent pas ».

Comment voyez-vous les déclarations récentes de campagne, d’Hilary Clinton qui vise la Maison Blanche ?

 

Elle a intérêt maintenant à sortir quelque chose, si elle est élue. Je pense que personnellement qu’ils ont utilisé le paravent ovni pour cacher des opérations moins avouables pendant la guerre froide.

Je parle de certains services opérationnels américains.

 

 

Xavier Passot quelles sont vos conclusions au moment où vous quittez le GEIPAN ?

Sur les 1000 cas que j'ai personnellement étudié, je n'ai pas trouvé de preuve de la matérialité.

 

On en a encore beaucoup à examiner, mais il ne faut pas s'attendre à quelque chose de spectaculaire.

SOURCE

 

 

Commentaire :

 

Le raisonnement scientifique et l'apragmatisme du directeur du Geipan ont permis une avancée majeure sur le phénomène Ovni ou PAN  : 

 

"officiellement nous n'avons pas de preuve matérielle de l'existence des Ovnis mais il y des choses que l'on ne comprend pas".

 

La science est en échec et mat.

 

Soumettons donc le problème au puissant ordinateur de Google qui a réussi à battre le champion mondial de Go.

 

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