En 2018, des chercheurs vont commencer à envoyer des messages vers d’autres mondes - 10 janvier 2017

Après des décennies de balayages célestes infructueux pour intercepter d’éventuels messages étrangers, il est temps d’essayer l’une des règles de base de la bienséance intergalactique : dire « bonjour » en premier.

 

Entamer la conversation, c’est le rôle du METI (pour Messaging Extra Terrestrial Intelligence) basé à San Francisco qui prévoit donc d’envoyer des messages vers d’autres mondes.

 

À l’horizon 2018, le projet vise à envoyer des messages via des signaux radio ou laser — l’équivalent mathématique de « nous sommes ici et nous aimerions discuter ! » vers une planète rocheuse encerclant notre plus proche étoile, Proxima Centauri, puis, à terme, vers des quartiers plus éloignés, à des centaines ou des milliers d’années-lumière de la Terre.

 

Ce projet serait ainsi le premier effort du genre humain pour envoyer des messages puissants, répétés et intentionnels dans l’espace en ciblant les mêmes étoiles au fil des mois, voire des années : « Cela pourrait être le début d’une belle amitié », a déclaré Douglas Vakoch, président de METI et ancien directeur du Search for Extra-Terrestrial Intelligence (SETI).

 

« Si nous voulons entamer un échange sur plusieurs générations, nous devons apprendre à partager des informations ».

 

Fondé l’année dernière, le groupe international accueillera deux ateliers à compter de 2017 : l’un à Paris et l’autre à Saint-Louis.

 

L’organisation prévoit également de commencer la collecte de fonds pour un budget annuel estimé à 1 million de dollars nécessaires à la rémunération des chercheurs et à la construction d’un puissant émetteur.

 

Une partie de la mission sera notamment de comprendre comment fabriquer le message idéal pour dire « Bonjour ».

Le Voyager Golden Record embarquée à bord de deux sondes en 1977

 

Un projet controversé

 

Comme tout projet visant une prise de contact avec une vie extraterrestre, celui-ci divise.

 

Opposé à cet effort, le célèbre physicien Stephen Hawking, qui conseille vivement au genre humain de « baisser le volume » et de ne pas « attirer l’attention ».

 

D’autres se demandent, à l’instar du physicien Mark Buchanan : « Si les extraterrestres sont hostiles, voulons-nous vraiment qu’ils sachent où nous sommes ?« .

 

Andrew Fraknoi, président du département d’astronomie à Foothill College va même encore plus loin :

« Nous ne sommes que des enfants pataugeant dans une galaxie vieille de 13,8 milliards d’années » et « les balbutiements d’enfants ne sont pas toujours appréciés dans les conversations d’adultes ».

 

D’autres, en revanche, soutiennent l’effort.

 

« Je serais très heureux que cela soit fait », a notamment déclaré Seth Shostak, astronome principal à l’Institut SETI.

 

« Je pense qu’il y a quelque chose à apprendre, rien à craindre et au moins la possibilité de découvrir quelque chose de vraiment révolutionnaire : nous avons de la compagnie à proximité ».

 

Bien sûr, il ne s’agit pas ici de seulement « patienter » au bout du fil, comme tout service après-vente. Certes, notre plus proche voisine, Proxima b, ne se trouve qu’à 4,25 années-lumière de sorte que toute réponse mettrait au moins plus de huit ans pour nous atteindre, mais la plupart des planètes aujourd’hui recensées pour être « susceptibles » d’accueillir la vie se situent à des milliers d’années-lumière.

 

Aussi, le temps d’attente pour une réponse est largement plus long qu’une simple vie humaine. Le projet est donc multigénérationnel.

 

Alors, si vous deviez « envoyer un texto » à des extraterrestres, quelle serait la teneur de votre message ?

 

Les premières idées suggèrent de « montrer notre amour des mathématiques, en pulsant une séquence de nombres simples — de 1 à 10 » explique l’un des chercheurs.

 

« Nous pourrions aussi décrire de quoi nous sommes faits, en pulsant les numéros atomiques des éléments dans le tableau périodique par exemple ».

 

Toujours est-il que ces messages mathématiques et répétés devront pouvoir couvrir des millénaires. Quant à savoir si nous vivrons assez longtemps pour tenir la fin de la conversation, ça, c’est un problème purement terrestre.

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