France : Ovnis, rencontres paranormales... 40 ans de phénomènes inexpliqués en Occitanie - 12 janvier 2017

Depuis 1977, le Groupe d'études et d'informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (Geipan) du Cnes (Centre national d'études spatiales), basé à Toulouse, enquête sur les témoignages de phénomènes étranges dans le ciel qui lui sont envoyés de toute la France. 

 

Carte des cas inexpliqués, histoires les plus mystérieuses, témoignages d'enlèvements, hauts-lieux de l'ufologie et canulars...

 

À l'approche des 40 ans du Geipan et à l'occasion de la publication de ses données 2016, La Dépêche du Midi vous propose un tour d'horizon des ovnis en Occitanie.

GEIPAN : LA BRIGADE D'ENQUÊTES DE L'UNIVERS

 

Installé dans trois petits bureaux sur l'immense campus toulousain du Centre national d'études spatiales (Cnes), le Geipan enquête sur les phénomènes spatiaux étranges observés dans toute la France.

 

Chaque année, près de 500 témoignages sont envoyés et traités par la petite équipe d'enquêteurs affectée à cette tâche à temps plein. « Notre mission est de répondre aux gens comme vous et moi qui souhaitent avoir une explication après avoir fait une observation visuelle ou sonore insolite dans le ciel », explique Jean-Paul Aguttes, responsable de cette unité du Cnes.

 

Les témoignages sont directement déposés par les témoins sur le site du Geipan ou transmis par la gendarmerie, vers laquelle se tournent souvent les Français en demande de réponses. Sur les 500 témoignages recueillis chaque année, la moitié est écartée rapidement puisqu'ils ne correspondent pas aux attributions du Geipan (phénomènes paranormaux ou observations sur Terre).

Jean-Paul Aguttes./crédit : © CNES/Frédéric Maligne, 2015

 

Interrogatoires et reconstitutions

 

Une fois ce premier écrémage effectué, l'équipe du Geipan mène une enquête approfondie sur chaque cas. Pour écarter les méprises les plus fréquentes, les équipes consultent d'abord les conditions atmosphériques, les relevés radars de l'armée ou encore les lancements d'appareils dans l'espace qui pourraient entraîner des retombées de pièces sur Terre au moment de l'observation. Si ces premières recherches n'ont pas pas permis de trouver une explication, les équipes du Geipan se déplacent sur le terrain.

 

Les témoins sont alors interrogés par l'un des nombreux enquêteurs bénévoles recrutés dans tous le pays selon un protocole très encadré. Les mêmes questions sont posées plusieurs fois et reformulées par l'enquêteur pour évaluer la fiabilité des témoignages. L'enquête sur le terrain permet aussi de faire des relevés et de prendre des photos. Dans certains cas, comme pour une investigation criminelle, des reconstitutions sont même organisées sur les lieux.

 

Si le phénomène ne peut toujours pas être expliqué, le Geipan réunit un collège d'experts constitué de spécialistes en sciences humaines, astronomie, météorologie, plasma, rayonnements ou aéronautique pour mobiliser toutes les connaissances actuelles qui pourraient lever une part du mystère.

 

 

10 % des cas non élucidés

 

Globalement, la plupart des cas sont rapidement expliqués, mais 10% d'entre eux ne sont pas élucidés. « Certains cas ne peuvent être éclaircis faute d'indices. D'autres seront peut-être élucidés grâce à de futures recherches scientifiques », espère Jean-Paul Aguttes. « Il nous arrive de temps en temps de rouvrir des cas anciens et de pouvoir les expliquer grâce à de nouvelles découvertes. C'est notamment le cas des avancées sur les éclairs en boule, qui peuvent entrer par les cheminées comme dans Tintin et les 7 boules de cristal, et qui nous ont permis de classer plusieurs dossiers anciens ».

 

Et l'hypothèse extraterrestre ?

 

Jean-Paul Aguttes reste prudent, sans fermer tout à fait la porte aux petits hommes verts.

 

« Nous devons rester ouverts sur ces sujets. C'est quelque chose qui fait partie des hypothèses, mais parmi beaucoup d'autres et avec une vraisemblance

très faible ».

 

En raison de la prudence du Geipan sur ces questions et de son lien avec le Cnes, organisme public, beaucoup d'ufologues, nom donné aux passionnés d'ovnis, mettent en doute la crédibilité du groupe d'études et dénoncent « un écran de fumée » ou « une coquille vide » qui ne viserait qu'à « cacher la vérité à la population »...

 

 

LES 32 CAS INEXPLIQUÉS EN OCCITANIE

 

Chaque année, le Geipan enquête sur près de 250 témoignages de phénomènes insolites observés dans le ciel de France. L'ensemble des documents qui s'y rapportent sont rendus publics sur le site Internet du Geipan après avoir été étudiés, classés et anonymisés. La classification des cas s'effectue en quatre catégories, la catégorie D recouvrant les 9% de « phénomènes spatiaux non identifiés »*.

 

Au 15 décembre dernier, 174 cas observés en ex-région Midi-Pyrénées étaient recensés sur le site du Geipan et 138 en ex-région Languedoc-Roussillon. Sur ces 312 cas déclarés en région Occitanie, 32 restent toujours non identifiés. Avec la carte compilée par La Dépêche du Midi, découvrez les phénomènes insolites qui restent aujourd'hui encore sans réponse dans notre région.

 

 

Ci-dessous l'intégralité de la'article paru dans la dépêche du midi

 

 


Ovnis, rencontres paranormales... 40 ans de phénomènes inexpliqués en Occitanie

Depuis 1977, le Groupe d'études et d'informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (Geipan) du Cnes (Centre national d'études spatiales), basé à Toulouse, enquête sur les témoignages de phénomènes étranges dans le ciel qui lui sont envoyés de toute la France. 

Carte des cas inexpliqués, histoires les plus mystérieuses, témoignages d'enlèvements, hauts-lieux de l'ufologie et canulars... À l'approche des 40 ans du Geipan et à l'occasion de la publication de ses données 2016, La Dépêche du Midi vous propose un tour d'horizon des ovnis en Occitanie.

Geipan : la brigade d'enquêtes de l'univers

Installé dans trois petits bureaux sur l'immense campus toulousain du Centre national d'études spatiales (Cnes), le Geipan enquête sur les phénomènes spatiaux étranges observés dans toute la France. Chaque année, près de 500 témoignages sont envoyés et traités par la petite équipe d'enquêteurs affectée à cette tâche à temps plein. « Notre mission est de répondre aux gens comme vous et moi qui souhaitent avoir une explication après avoir fait une observation visuelle ou sonore insolite dans le ciel », explique Jean-Paul Aguttes, responsable de cette unité du Cnes.

Les témoignages sont directement déposés par les témoins sur le site du Geipan ou transmis par la gendarmerie, vers laquelle se tournent souvent les Français en demande de réponses. Sur les 500 témoignages recueillis chaque année, la moitié est écartée rapidement puisqu'ils ne correspondent pas aux attributions du Geipan (phénomènes paranormaux ou observations sur Terre).

Interrogatoires et reconstitutions

Une fois ce premier écrémage effectué, l'équipe du Geipan mène une enquête approfondie sur chaque cas. Pour écarter les méprises les plus fréquentes, les équipes consultent d'abord les conditions atmosphériques, les relevés radars de l'armée ou encore les lancements d'appareils dans l'espace qui pourraient entraîner des retombées de pièces sur Terre au moment de l'observation. Si ces premières recherches n'ont pas pas permis de trouver une explication, les équipes du Geipan se déplacent sur le terrain.

Les témoins sont alors interrogés par l'un des nombreux enquêteurs bénévoles recrutés dans tous le pays selon un protocole très encadré. Les mêmes questions sont posées plusieurs fois et reformulées par l'enquêteur pour évaluer la fiabilité des témoignages. L'enquête sur le terrain permet aussi de faire des relevés et de prendre des photos. Dans certains cas, comme pour une investigation criminelle, des reconstitutions sont même organisées sur les lieux.

Si le phénomène ne peut toujours pas être expliqué, le Geipan réunit un collège d'experts constitué de spécialistes en sciences humaines, astronomie, météorologie, plasma, rayonnements ou aéronautique pour mobiliser toutes les connaissances actuelles qui pourraient lever une part du mystère.

10 % des cas non élucidés

Globalement, la plupart des cas sont rapidement expliqués, mais 10% d'entre eux ne sont pas élucidés. « Certains cas ne peuvent être éclaircis faute d'indices. D'autres seront peut-être élucidés grâce à de futures recherches scientifiques », espère Jean-Paul Aguttes. « Il nous arrive de temps en temps de rouvrir des cas anciens et de pouvoir les expliquer grâce à de nouvelles découvertes. C'est notamment le cas des avancées sur les éclairs en boule, qui peuvent entrer par les cheminées comme dans Tintin et les 7 boules de cristal, et qui nous ont permis de classer plusieurs dossiers anciens ».

Et l'hypothèse extraterrestre ? Jean-Paul Aguttes reste prudent, sans fermer tout à fait la porte aux petits hommes verts. « Nous devons rester ouverts sur ces sujets. C'est quelque chose qui fait partie des hypothèses, mais parmi beaucoup d'autres et avec une vraisemblance très faible ».

En raison de la prudence du Geipan sur ces questions et de son lien avec le Cnes, organisme public, beaucoup d'ufologues, nom donné aux passionnés d'ovnis, mettent en doute la crédibilité du groupe d'études et dénoncent « un écran de fumée » ou « une coquille vide » qui ne viserait qu'à « cacher la vérité à la population »...


Julie Guérineau

Les 32 cas inexpliqués en Occitanie

Chaque année, le Geipan enquête sur près de 250 témoignages de phénomènes insolites observés dans le ciel de France. L'ensemble des documents qui s'y rapportent sont rendus publics sur le site Internet du Geipan après avoir été étudiés, classés et anonymisés. La classification des cas s'effectue en quatre catégories, la catégorie D recouvrant les 9% de « phénomènes spatiaux non identifiés »*.

Au 15 décembre dernier, 174 cas observés en ex-région Midi-Pyrénées étaient recensés sur le site du Geipan et 138 en ex-région Languedoc-Roussillon. Sur ces 312 cas déclarés en région Occitanie, 32 restent toujours non identifiés. Avec la carte compilée par La Dépêche du Midi, découvrez les phénomènes insolites qui restent aujourd'hui encore sans réponse dans notre région.

Mathilde Pujol, Anne-Charlotte Mariette et Julie Guérineau


*Dans un document publié le 14 décembre dernier, le Geipan précise que le nombre de cas classés D est en forte baisse depuis dix ans : « Il est passé de 6,8 cas classés D par an en moyenne entre 1975 et 2004, à 2,5 cas D par an en moyenne depuis 2005 » grâce, entre autres, à des enquêtes plus approfondies.

Les cas les plus étranges recensés 
dans la région 

Des extraterrestres./SIPA

Aux frontières du réel dans l'aude

L'un des cas les plus étranges recensé dans la région remonte au 12 décembre 1987. C'est une journée pluvieuse. Dans la matinée, vers 10 h 45, Maurice*, comme il a l'habitude de le faire, se rend près de l'usine de raffinage de l'uranium, dans une vieille maison en ruines pour ramasser du bois. Alors qu'il rentre toujours directement dans la vieille bâtisse, il décide ce jour-là de continuer sur le petit sentier qui longe l'usine pour se protéger de la pluie. C'est à ce moment-là qu'il fait la rencontre de six êtres étranges, « petits de taille, de type asiatique et au teint terreux », selon les dires de l'homme. Ils s'abritaient de la pluie sous les buissons. 

Maurice pense dans un premier temps que ce sont des joggeurs qui attendent que l'ondée soit passée. Intrigué par ces petites personnes qu'il n'avait jamais vues auparavant, il tente timidement de lancer la conversation. « Vous êtes du coin ? », questionne-t-il. Une femme lui répond d'une petite voix nasillarde « Planète Earth »... 

Quelques secondes s'écoulent, lorsque cette même femme s'agenouille et commence à dessiner sur le sol : le signe « ciel » et l'autre « démon ». En continuant de converser avec eux, Maurice en apprend beaucoup sur leur mode de vie, notamment qu'ils « viennent d'une autre planète », sans toutefois savoir laquelle. Ils vivent très vieux, et de nombreux humains les ont déjà suivis sur leur planète. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ils connaissent notre langage. Pour se déplacer, ils utilisent des engins qui ressemblent à des scooters des neiges, sans moteur, sans roue, de couleur très claire.


La conversation prend brusquement fin lorsqu'un septième personnage sort de derrière les fourrés, visiblement en colère. Les sept petits êtres enfourchent alors leurs « motos », qui s'élèvent lentement dans les airs et disparaissent rapidement. Maurice, quant à lui, perd connaissance quelques secondes, du fait de l'onde qui s'est propagée à leur envol. Il a parlé de cette histoire à sa femme et ses enfants une semaine plus tard, un peu sonné par la rencontre insolite qu'il avait vécue. 

Après avoir été auditionné par la gendarmerie, le cas étrange de Maurice a été classé D par le Geipan, c'est-à-dire en tant que phénomène non identifié, parmi les cas les plus rares recensés par le centre d'études. Il a été modifié quelques temps plus tard et passé en classe C, faute de preuves et d'informations fiables. Il s'avère en effet que la gendarmerie ne trouvera pas de traces de vaisseau au sol comme le leur avait indiqué le témoin, en plus d'un récit douteux : la planète d'origine des extraterrestres n'était qu'une traduction en anglais du mot « Terre », ils parlaient en français, en plus de nombreuses incohérences dans son discours. Alors, simple hallucination, ou réelle rencontre du 3ème type ? Le mystère ne sera probablement jamais résolu...


*le prénom a été modifié 

Anne-Charlotte Mariette 

un ovni a-t-il survolé les pyrénées-orientales ?

Quel était cet étrange objet qu'a observé Marie* dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 septembre 2001 ? Un ovni, un avion ou un simple phénomène météorologique ? En tout cas, Marie est certaine de ce qu'elle a vu cette nuit-là. « J'ai vu une forme triangulaire, bien découpée dans le ciel, de forme bombée, avec une source de lumière phosphorescente qui ne clignotait pas, à chaque extrémité. La forme triangulaire était assez sombre. Je n'ai pas pu en déterminer une couleur. Cette forme se trouvait à environ 600-700 mètres d'altitude. Selon moi, cet objet devait avoir une grandeur que j'évalue à plus de 5 fois la superficie d'un Boeing ». Ainsi, pendant environ 10 secondes, Marie a pu observer cet ovni, qui ne faisait aucun bruit, ne laissait aucune trace derrière lui. « Sa trajectoire était directe et d'une vitesse d'environ 2 à 3 fois plus rapide qu'un avion ».

«Je l'ai vu cet objet, je suis sûre de moi»

Cependant, Marie est le seule témoin de ce phénomène étrange, les gendarmes n'ayant recueilli aucun autre témoignage. De plus, le contrôle aérien de l'aéroport n'a rien signalé d'anormal cette nuit-là. Alors, était-ce juste une hallucination ? Un rêve éveillé ? « Non, pas du tout, j'étais parfaitement éveillée et j'ai même noté l'heure très précisément : deux heures et huit minutes », justifie Marie. « Je ne bois pas, ne fume pas, je pense être parfaitement équilibrée et je l'ai vu cet objet, je suis sûre de moi », affirme-t-elle. 

Ce qui pourrait mettre sur une piste, c'est la forme triangulaire de cet objet, identique à la voilure de l'avion américain B2, qui aurait très bien pu voler discrètement jusqu'à cette base « ultra secrète » de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) qui se trouve non loin de là, au milieu d'un marais. Mais non, Marie est certaine de ce qu'elle a vu. « Non, ça n'était pas un avion, cela avait quelque chose de bizarre qui ne ressemblait à rien de ce que l'on voit couramment en matière aéronautique », assure-t-elle. Le lendemain matin, elle explique à son frère et à sa mère ce qu'elle a observé, et dès le vendredi, elle contacte un journal local pour faire part publiquement de son étrange observation, dans l'espoir de rencontrer quelqu'un qui aurait vu la même chose qu'elle cette nuit-là. « Cela me rassurerait de savoir que je n'ai pas été la seule », avait-elle confié au journaliste. « J'ai été témoin de phénomènes d'observation dans le ciel et d'autre nature que je ne souhaite pas préciser. Ces observations ont été effectuées au cours de ces dix dernières années dans la région. Concernant ces autres observations, j'en avais fait part à mon entourage, mais je n'avais encore jamais contacté les médias ou signalé cela à la gendarmerie »

Aucune explication n'a pu être donnée par le Geipan, le cas a donc été classé D. Et 16 ans après, l'énigme reste entière ...


*le prénom a été modifié

Anne-Charlotte Mariette

Rencontre du troisième type dans l'Hérault 

Dans la nuit du 27 au 28 juin 1998, Romain*, 20 ans, a vécu une bien étrange expérience. Vers 1 heure du matin, alors qu'il rentrait chez lui en voiture, son véhicule tombe en panne sèche. Il tente de repérer d'où vient le problème mais s'interrompt lorsqu'il aperçoit une lumière verte pâle, non loin de lui. Le jeune homme arrive face à l'objet. Il ne peut ni avancer ni faire demi-tour. « J'étais comme paralysé des jambes », expliquera-t-il aux gendarmes. Il a alors le temps d'observer attentivement ce qui se trouve face à lui : un objet en forme de cône, de dix mètres de long et deux de haut, qui flotte dans les airs à quelques centimètres du sol. « Je ne pensais à rien, je regardais juste cet objet », se souvient Romain. 

« Devant moi, un être d'à peu près un mètre cinquante de haut se dirigeait vers l'intérieur de l'objet qui était ouvert. Une sorte de passerelle était sortie ». A l'intérieur de cet objet, il voit trois sièges, dont deux occupés. Celui qui s'apprête à s'engager sur la passerelle lui fait un signe de la main. Romain a le temps de noter qu'il ne possède que quatre doigts, dont un plus long que les autres. « Il avait deux bras, deux jambes, une tête un peu ovale. Tout son corps était blanc. La tête aussi, sans cheveux. Il mesurait un mètre cinquante à peu près. On aurait dit qu'il portait un vêtement mais il n'avait pas d'encolure, pas de poignet ».


Lorsque l'être est monté dans l'objet conique, la porte s'est refermée, les lumières se sont éteintes et « il est parti en 5 secondes ».  Quand Romain arrive enfin à bouger et à remonter dans sa voiture (qui n'est plus en panne), il prend conscience de la rencontre du troisième type qu'il vient de faire. « Je tremblais tellement que je ne suis pas parti de suite. Une fois mon calme revenu, je suis reparti à bord de mon véhicule ». Le dimanche matin, lendemain de sa rencontre extraordinaire, Romain se rend compte qu'il a un trou de mémoire, il ne se souvenait plus de ce qu'il avait fait entre 21 heures et 1 heure du matin. Mais sa rencontre avec les extraterrestres, il s'en souvient parfaitement. Après avoir étudié son cas, le Geipan ne parviendra pas à donner une explication rationnelle à cette rencontre, et le classera D, parmi les cas inexplicables. 

*le prénom a été modifié 

Anne-Charlotte Mariette 

Colomiers : Des lumières dans la nuit


Samedi 25 mai 2013. Dans un quartier pavillonnaire de Colomiers, en banlieue toulousaine, Gérard, 53 ans, salarié dans une société d'aéronautique, profite de la douceur de la soirée pour préparer un barbecue sur sa terrasse. Les saucisses grillent tranquillement quand sa femme l'interpelle en ramassant le linge dans le jardin : « Tiens, y'a tes copains là-haut ! ». Aucun invité n'est attendu ce soir-là, et pour cause, les invités surprises viennent d'ailleurs.

« J'y suis allé et j'ai vu trois boules orangées alignées plus grosses que des étoiles », se souvient Gilles. « L'une était au-dessus de la cheminée et les deux autres au-dessus des arbres. Il n'y avait aucun bruit ». Tout en gardant un œil sur ses saucisses, Gérard observe le phénomène lumineux pendant une dizaine de minutes avant que les boules ne descendent une par une sous la ligne d'horizon. « Ma femme n'était pas plus impressionnée que ça, et mon fils a regardé un peu avant de partir ».

Le lendemain, Gilles a déjà tout oublié quand sa femme vient lui dire que le phénomène a réapparu à la même heure, au même endroit. Le surlendemain, rebelote. Cette fois, certaines des boules se déplacent à une vitesse fulgurante avant de disparaître. Mais surtout, le Columérin pense à aller chercher sa paire de jumelles pour observer le phénomène de plus près. Avec son fils, il voit devant la sphère lumineuse une barre horizontale parcourue de flashs colorés qui se déclenchent les uns après les autres. « C'était comme dans Rencontres du troisième type », décrit-il. Là où d'autres auraient commencé à s'inquiéter, Gilles reste très calme, mais à aucun moment il ne pense à prendre de photos.

Depuis trois ans, les boules lumineuses n'ont plus réapparu. « Je m'intéresse un peu aux ovnis depuis que je suis enfant. J'ai tout de suite su que c'en était un », assure Gilles. Signalé au Geipan, le cas n'a toujours pas été expliqué malgré plusieurs visites d'enquêteurs. « Vu la vitesse, ça ne peut pas être de chez nous. À moins que ce soit un projet de la CIA, mais je vois mal ce qu'ils viendraient faire là... », s'interroge Gilles. Celui qui n'aime pas être décrit comme un fanatique d'ovnis formule une autre hypothèse : « Ça pourrait aussi venir de la Terre. Vu la vitesse à laquelle la technologie évolue, pourquoi cela ne pourrait pas être des Terriens qui ont trouvé un moyen de revenir dans le passé ? ».

Julie Guérineau

Lanternes cosmiques

Des lanternes thaïlandaises./SIPA

C'est une belle nuit d'été. Dans le ciel, la Voie Lactée scintille et quelques étoiles filantes traversent l'horizon. Au loin, la musique d'un mariage résonne dans les rues du village. Quand soudain, venues de nulle part, des boules orangées scintillantes apparaissent sur la voûte étoilée. Pendant une dizaine de minutes, les objets se déplacent lentement en escadron avant de disparaître au loin dans une accélération fulgurante. Pour certains, ces boules lumineuses font partie d'un seul et même vaisseau amiral extraterrestre dont les signaux lumineux marquent les contours.

Depuis 2007, le Geipan reçoit très régulièrement des signalements de ce type, à tel point qu'il a mis en ligne sur son site Internet un guide pour apprendre à identifier ce phénomène pas si étrange. Malheureusement pour les ufologues, dans une grande majorité de cas, ces boules lumineuses n'annoncent pas un contact prochain avec une population extraterrestre, mais plutôt un lâcher de lanternes thaïlandaises. 

Depuis quelques années, ces lampions de papier qui s'envolent grâce à la chaleur d'un petit brûleur sont de toutes les fêtes. Tous les ans, le principal fournisseur en vend près de 60 000 en France. Ces lanternes sont aujourd'hui parmi les méprises les plus fréquentes signalées au Geipan et représentent plus de 300 signalements traités par le service du Cnes, sans compter les innombrable cas qui ne leurs sont pas déclarés, comme à Albi l'an dernier.

Généralement lâchés par dizaines, les lampions s'envolent ensemble puis se déplacent dans le ciel, poussés par des vents d'altitude que l'on ne perçoit pas au sol. L'extinction progressive de la flamme donne l'impression que la lumière s'éloigne à une vitesse supersonique. Quant à ceux qui ont l'impression de percevoir un gigantesque vaisseau, il ne s'agit que d'une manipulation de leur cerveau. « Comme pour les constellations, le cerveau relie naturellement les points lumineux entre eux et imagine une forme pleine. C'est une illusion très courante », explique Jean-Paul Aguttes, responsable du Geipan.

Pour savoir si vous avez affaire à des lanternes thaï ou à un phénomène plus inexplicable, suivez ces quelques conseils :

- Observez le phénomène aux jumelles pour voir si vous distinguez la structure du lampion.
- Renseignez-vous pour savoir si un lâcher de lanternes n'a pas été organisé dans le cadre d'un mariage ou d'une fête locale.
- Vérifiez le sens du vent dans votre commune sur un site de météo pour le comparer au sens de déplacement des objets que vous observez. Attention, certains vents soufflent en altitude mais sont imperceptibles au sol.
Enfin, sachez que les lâchers sont plus fréquents dans la nuit du vendredi au samedi et du samedi au dimanche. Si vous avez toujours un doute, contactez le Geipan ou la gendarmerie pour leur faire part de votre observation.

Les méprises les plus fréquentes

Rentrées atmosphériques, ballons sondes, reflets dans une vitre, chute d'éléments de fusées... Si les lanternes thaïlandaises sont actuellement les méprises les plus fréquentes, d'autres erreurs d'interprétation sont régulièrement recensées par le Geipan.

Selon Jean-Paul Aguttes, responsable de ce groupe d'études, les phénomènes aéronautiques (avions, ballons, lanternes, drones, etc.) expliquent de 40 à 50 % des cas étudiés. D'autres cas sont fréquemment expliqués par des phénomènes astronomiques (étoiles, planètes) ou météorologiques.

Dans son bureau, Mary-Pierre Desvignes, documentaliste pour le Geipan, a confectionné un « mur des émotions » sur lequel elle a affiché les photos et croquis fournis par les témoins de phénomènes étranges. Ses souvenirs les plus amusants ? « Un jour, une famille affolée a vu voler au fond de son jardin une gigantesque araignée. Le lendemain, les gendarmes ont retrouvé un gigantesque ballon en forme de coccinelle dans les buissons », sourit-elle. « Une autre fois, c'est une habitante de Marseille qui découvre une étrange soucoupe volante sur une photo de sa ville sous la neige. Il s'est avéré que l'ovni en question n'était que le reflet de l'abat-jour de sa cuisine dans la baie vitrée... »


Julie Guérineau 

Rencontres du 3ème type 
aux repas ufologiques

Les repas ufologiques./DDM, Michel Viala

« J'ai subi quatre abductions depuis mon enfance. Mais je ne m’en suis rendue compte qu’en 2007. Je ne savais pas que ça existait ». À l’étage du Flunch de Jean-Jaurès en partie privatisé pour l’occasion, une soixantaine de passionnés d’ovnis écoute attentivement le témoignage troublant de l’intervenante du jour : Myriame Belmyr, présidente de l’association tarnaise Cero-France qui vient en aide aux victimes d’enlèvements extraterrestres.

Dans la salle tout juste débarrassée des plateaux-repas, des hauts-parleurs diffusent les derniers tubes à la mode, ce qui ne semble pas troubler la concentration des ufologues. Tous les deuxièmes mercredis du mois depuis près de 12 ans, les passionnés d’ovnis du département participent en nombre à ce repas ufologique mis en place par la mystérieuse Isaure. « Les gens viennent parce qu’ils ont un réel intérêt pour le phénomène extraterrestre ou parce qu’ils ont vu ou vécu des choses et que ça les rassure d’être dans un groupe qui ne les juge pas », explique-t-elle.

Convaincue de l’existence des ovnis depuis sa plus tendre enfance, Isaure a créé ces repas ufologiques par curiosité après avoir découvert leur existence dans d’autres départements. « Je suis passionnée par ça depuis toute petite. Ma mère et ma marraine ont vu des ovnis au Maroc avant ma naissance et pour moi ça a toujours été quelque chose de naturel », raconte l'artiste. Isaure regrette de ne jamais avoir vu d'ovnis elle-même, mais se souvient d'avoir « vu des lumières roses dans la nuit. Je n'en fais pas toute une affaire, c'est un phénomène qui m'amuse et qui joue avec moi régulièrement ».

Aujourd’hui, un petit noyau dur d’une quarantaine de personne ne raterait les repas ufologiques mensuels pour rien au monde. « Je ne parle pas d’ovnis à mon entourage. Ici, je peux avoir des discussions profondes sans crainte d’être pris pour un fou », explique Marc*, un habitué depuis plus de dix ans.

Ouvriers, étudiants, scientifiques...

Pour Pascal, Florence, Florian et Audrey, oncle, tante et cousins, c'est une grande première. A l'été 2015 d'abord puis l'été dernier, les membres de cette famille ont observé en pleine nuit des phénomènes lumineux sur les coteaux de Muret. « On est très ouverts dans la famille, donc ça ne nous a pas plus choqués que ça. Alors on vient ici par curiosité, pour en savoir plus, écouter ce que les autres ont à dire », explique Audrey, une jeune psychologue.

Seuls, en couple, entre amis, en famille, hommes et femmes de tous âges : à l'étage du Flunch ce soir-là, le public est très varié. « Ce qui est formidable, c’est que les participants représentent un échantillon très représentatif de la société : étudiants, retraités, cadres, enseignants, scientifiques, ouvriers... », explique Isaure, regardant avec fierté l’assistance qui écoute la suite du témoignage de Myriame Belmyr. La conférencière évoque comment, depuis sa plus tendre enfance, des Visiteurs ont régulièrement mené sur elle des examens médicaux poussés et des prélèvements.

« La déontologie des repas veut qu'on laisse parler sans interrompre, même si on n'est pas d'accord », précise Isaure. Les conférences des intervenants sont immanquablement suivies d'un échange avec les participants. Ce jour-là, l'intervention de Myriame Belmyr suscitera de nombreuses questions, toutes très documentées et très précises.

« Evidemment, parfois, on rencontre des farfelus qui disent être des élus après avoir vécu une expérience bouleversante avec des ovnis », reconnaît Isaure. « C'est vrai que ce genre d'expérience peut les faire se sentir spéciaux, mais je les oriente vers des gens qui ont vécu les mêmes choses pour les inciter à relativiser et revenir sur Terre».

*le prénom a été modifié

Julie Guérineau

Lesrepasufologiques.com

Ils aident les personnes enlevées par les extraterrestres

Une soucoupe volante./SIPA

Vous est-il déjà arrivé de vous lever avec des traces d'incisions sur le corps absentes la veille au soir ou avec un savoir scientifique encyclopédique dont vous n'aviez aucune idée ? Vous avez des visions ou des pertes de mémoire ? Alors vous avez peut-être, sans même le savoir, été victime d'un enlèvement extraterrestre, ou « abduction » en langage ufologique. C'est en tout cas ce que suggère l'association Cero-France, créée dans le Tarn en 2014 par Myriame Belmyr, et qui accompagne les personnes traumatisées par une abduction.

« Nous sommes un certain nombre à avoir vécu des expériences avec des visiteurs humanoïdes ou non, qui disent venir d'ailleurs : les Visiteurs », explique Myriame Belmyr, présidente de l'association. « Ces personnes ne sont pas forcément demandeuses de cette expérience, qui implique souvent des prélèvements et des examens médicaux très approfondis. Ça crée des angoisses, des peurs, et nous sommes là pour les accompagner ».

Pour distinguer les véritables victimes d'enlèvements des mythomanes ou des patients atteints de pathologies psychologiques, des psychologues et hypnothérapeutes font subir un interrogatoire très précis aux personnes qui les contactent. « Je voulais monter cette association de manière très sérieuse, nous ne nous basons que sur des faits. Les mythomanes sont assez rares », assure Myriame Belmyr. Son association revendique aujourd'hui une quarantaine de membres, « mais bien plus de personnes nous ont contactés », précise-t-elle.

Pour faire remonter les souvenirs des victimes à la surface, l'association a recours à l'hypnose. « Nous menons des régressions qui font remonter les informations que nous enfouissons dans notre subconscient pour nous protéger des traumatismes. Mais le souvenir reste ancré dans la chair », explique la présidente de Cero-France. Dans les faits, cette méthode est contestée par de nombreux scientifiques qui assurent que les régressions peuvent créer de faux souvenirs basés sur des fantasmes et non sur de vraies expériences vécues.

Humanoïdes en combinaisons métalliques

Myriame Belmyr elle-même a régulièrement été victime d'abductions depuis sa plus tendre enfance. « Je ne le savais pas jusqu'en 2007. Je ne savais même pas que ça existait », explique l'ancienne informaticienne passionnée d'espace.

Petite fille, Myriame Belmyr voit bien des petits lutins tourner autour de son lit, mais croit à des rêves récurrents. Et puis en 2007, elle fait une régression sous hypnose, et tous ses souvenirs remontent à la surface : les enlèvements par des humanoïdes androgynes et imberbes vêtus de combinaisons métalliques, les examens médicaux intrusifs, les visites tard le soir...

« Je me suis réveillée un jour dans une chambre à Chamonix. J'étais en dehors de mon corps, je me voyais sur le lit », raconte-t-elle. « Un cordon autour duquel lévitaient des petits êtres entrait en moi. Une autre fois, je me suis vue sortir de la maison en lévitant pour entrer dans un objet non identifié ». Et puis, enfin, elle trouve l'explication à ce bouton rouge qu'arbore sa cuisse depuis son enfance : elle en est sûre, il s'agit d'un implant extraterrestre. Et la malédiction semble s'abattre sur toute la famille puisque sa mère et son frère ont eux aussi subi des abductions.

La plupart du temps, ces expérimentations seraient menées par les « petits gris », espèce la plus crainte des ufologues, ou leurs supérieurs, les insectoïdes...

Prélèvements de sperme et d'ovules

« Quand vous vieillissez, ils vous laissent tranquilles », rassure la présidente de Cero-France. « Ils prélèvent surtout des ovules et du sperme. Avec l'âge, on les intéresse moins ». Pour quoi faire ? Des hybridations ? Des recherches pour soigner leurs propres maladies ? Cero-France n'a pas la réponse, mais travaille sur la question.

Aujourd'hui, l'association cherche d'ailleurs un chirurgien qui accepterait de retirer les implants placés de force dans les corps des "abductés" pour les faire analyser et lever, peut-être, une partie du voile. Myriame Belmyr précise qu'elle a été contactée par plusieurs pays francophones dont la Belgique pour y monter des structures similaires et regrette les moqueries qu'elle subit dans son propre pays. « En France, on est très cartésiens, c'est un sujet difficile à aborder ».

Julie Guérineau

Bugarach, nid d'ovnis ?

Une soucoupe volante./SIPA

Graal, Arche de l'Alliance, Trésor des Templiers, seul abri sur Terre pour survivre à l'Apocalypse de 2012... Le Pech de Bugarach, dans l'Aude, suscite de nombreux fantasmes ésotériques et mystiques depuis des décennies et attire chaque année gourous, magnétiseurs et guérisseurs de tout poil. Le point culminant du massif des Corbières est aussi l'un des hauts-lieux de l'ufologie mondiale. Les nombreuses cavités de la "montagne inversée" abriteraient en leur sein un vaste dôme construit par une civilisation extraterrestre...

Internet fourmille de théories plus spectaculaires les unes que les autres à ce sujet. Certains forums "spécialisés" affirment que depuis les âges les plus anciens, on peut voir des lumières venues du ciel entrer puis sortir de la montagne. D'autres assurent que des équipes du CNRS auraient mené des fouilles pendant dix ans sur le pic avant de faire une découverte mystérieuse et de détaler en quelques heures sans demander leur reste. Un cadre de la Nasa aurait même fait le déplacement pour voir « une coupole ovoïde de 300 mètres de long, des salles souterraines à plus de 25 mètres sous terre et une base extraterrestre immense ».

De son côté, le très prolixe auteur, médium et ufologue Jean d'Argoun affirme dans plusieurs ouvrages avoir rencontré et communiqué par télépathie avec des extraterrestres humanoïdes dans les parages. Des rencontres au cours desquelles il aurait appris la présence, dans cette nef, d'un vaisseau vieux de 9000 ans renfermant le savoir des Atlantes, peuple de l'Atlantide désormais disparu...

Dans le village de Bugarach, au pied du pic, beaucoup des 200 habitants sont pour le moins sceptiques. Pour eux, les nombreux récits ufologiques qui entourent le Pech auraient surtout été créés et entretenus par quelques personnages comme Jean d'Argoun ou les néo-ruraux attirés par le prétendu magnétisme des lieux qui se sont installés dans le village à partir des années 1970 en pleine période hippie. Parmi eux, Elizabeth Van Buren. Cette Américaine installée à Bugarach dans les années 1980 et décédée en 2011 est l'auteur de nombreux ouvrages ésotériques dont certains prétendent qu'un « temple céleste est connecté à un temple souterrain extraterrestre proche du pic de Bugarach » ou qu'il existe une porte spatio-temporelle sous la montagne. L'expatriée est même allée jusqu'à construire au pied de sa ferme une piste d'atterrissage pour ovnis. Notons tout de même que la crédibilité de ces témoignages de personnalités parfois troubles est remise en question par de nombreux ufologues eux-mêmes.

Si elle a parfois été submergée par les adeptes de ces théories, la commune sait aussi en rire. Il y a quelques années, le maire a mis en avant une carte postale photo-montage réalisée par un photographe local montrant une soucoupe survolant le Pech de Bugarach.

Site ufologique d'importance mondiale ou non, si l'on en croit certaines rumeurs, le Pech peut au moins s'enorgueillir d'avoir inspiré Steven Spielberg pour son film « Rencontres du 3e type ».

L'ovni de Bélesta, ou la blague qui dura un demi-siècle

Un Ovni ?/DDM

Sur Internet, tapez « ovni Bélesta ». Vous allez voir ce qui remonte. Vous ne serez pas déçu ! Le 16 octobre 1954, un samedi, dans le ciel nocturne de Bélesta on assista au surgissement « de boules lumineuses évoluant durant une demi-heure en une ronde magique ». C'était le titre de La Dépêche du Midi qui, quelques jours plus tard, consacrait un long article au phénomène, rédigé par le docteur Millet, alors président de l'aéro-club de Lavelanet. On était en pleine période d'apparitions d'ovnis dans le ciel de France et des dizaines de témoignages avaient été dûment recensés par les autorités.

A Bélesta, des dizaines de personnes ont pu témoigner du ballet des boules lumineuses au-dessus du « Rocher » de Millet, où se trouve une croix. Les gendarmes le vérifièrent aussi, appelés par une population que le phénomène intriguait. Depuis, ce « cas » est un des classiques de l'ufologie que l'on trouve référencé partout. Des auteurs à succès l'utilisent même pour développer leurs thèses autour des mondes inconnus qui viennent nous visiter. Et pourtant, il va falloir rayer cette splendide apparition, car ce n'était qu'un canular !

Le canular révélé 55 ans après

« J'ai pensé qu'après 55 ans, il y avait prescription, que le temps était venu de dire haut et clair la vérité ». René Lagarde est au nombre des témoins. Ce septuagénaire, ancien de la police nationale, n'est pas un rêveur. « Cette affaire, c'est un amusement de jeunes. Avec tous mes copains de Bélesta, nous étions une demi-douzaine, on s'ennuyait ferme ce samedi soir-là. Dans les journaux, à la radio, on ne parlait que d'ovnis. Alors on s'est dit : ils en veulent, on va leur en offrir ! ».

Cinquante-cinq ans après, ils sont là, les principaux protagonistes de ce canular, tous entrés dans leur soixante-dixième année, encore amusés au souvenir de ces étranges apparitions lumineuses. : Jean et André Sibra, René Lagarde, Gérard Pibouleau, Gérard Coléra. C'est comme si c'était hier. Devant eux, le massif de Millet, très raide, qu'à l'époque ils grimpèrent avec un étrange appareil entre les mains. Une fourche de vélo, un guidon, une roue et attachées un peu partout, des lampes électriques puissantes. C'est le père de l'un d'entre eux qui avait fabriqué ce curieux engin. Lui aussi était dans la confidence. Sur les lampes, des caches de couleurs faits avec des papiers de bonbons. Rouge, jaune, vert…

Ils en rient encore

« Avec ce vélo spécial, on montait et on descendait autour de la croix, il n'y avait pas d'arbres à cette époque, dans la nuit les gens voyaient mal et ils avaient l'impression que ces lumières montaient et descendaient dans le ciel », poursuit René. Ses copains, hilares, reprennent la chanson. « De là-haut, se souvient André, on a vu monter une voiture, c'étaient les gendarmes. On a décampé ! ». Manque de chance pour les jeunes qui voulaient seulement s'amuser, le ciel en a rajouté une couche, comme pour rendre plus crédible leur canular. « Alors que l'on partait, il est passé dans le ciel une énorme étoile filante ! », raconte René.

En bas, dans les rues de Belesta où se déroulait un concours de belote, tout le monde était dehors, avec les gendarmes. Une grande partie de la population a donc pu témoigner de ce qu'elle a vu. Gérard Pibouleau se souvient : « Quand nous sommes redescendus, on a essayé de dire que c'était nous. J'ai même reçu une bouffe de la part de quelqu'un qui me traitait de menteur. L'affaire a pris de l'ampleur. On n'a pas osé en reparler. Et depuis, on vit avec ce secret ! »

L'affaire était devenue un classique de l'ufologie. C'est parce que René Lagarde l'a trouvée relatée dans un livre, consacré à l'Ariège, et parce qu'il a aussi consulté Internet, qu'il a décidé de parler. Il a appelé ses copains. L'un d'entre eux était décédé. Un autre, malade, n'a pu venir au rendez-vous de ce sympathique « cinquantenaire ». Sous un soleil de printemps, ils se tenaient là, avec leur sourire espiègle, contemplant le massif de Millet, et les yeux encore perdus dans leur plus folle blague de jeunesse.

L'observation «officielle» dans «La Dépêche du Midi» de 1954

Selon les rapports de gendarmerie et les témoignages recueillis, voici le récit tel qu'il est repris dans toutes les revues ou sites concernant les ovnis :

« Vers 21 h 30, les habitants de Bélesta aperçoivent les premiers, au-dessus des rochers qui bornent l'horizon vers le sud-ouest, une curieuse luminosité qui semble provenir d'un objet très brillant caché par le bord de la montagne. Il y a bientôt de nombreux témoins dans les rues. Presque aussitôt, l'objet monte dans le ciel et apparaît sous forme d'une ellipse rayonnant d'une lueur intense. Il n'y reste pas longtemps, redescend, redevient visible, puis remonte, redescend, apparaissant et disparaissant plusieurs fois de suite. Il est très aisé de suivre ses mouvements. Il en est ainsi pendant huit à dix minutes, jusqu'à 21 h 40. À ce moment, ce n'est pas un disque qui réapparaît, mais deux, séparés par un espace très franc. Ils ne présentent ni le même éclat, ni la même coloration, l'un blanc brillant, l'autre vert pâle. Cette phase dure une minute environ.

Tout à coup on peut voir non plus deux, mais trois objets. Ils changèrent fréquemment et subitement de coloration. Avec ce troisième objet est apparue une nouvelle couleur : un rouge foncé extrêmement lumineux semblable au rouge d'un vitrail éclairé par le soleil. À 21 h 45, le phénomène disparaît subitement et définitivement. Mais les témoins principaux qui peuvent suivre la fin des événements, un docteur, le chef de la brigade, et une troisième personne, montent en voiture au-delà de la forêt par la D16, jusqu'au plateau de Sault. À 22 h 05, au sud-ouest de Bélesta, ils peuvent observer la dernière phase du phénomène : un vaste objet vert pâle file à très grande vitesse en direction de Belvis, vers l'ouest.

[…] »

Le cas Bélesta : souvent cité dans les livres, souvent remis en cause

L'observation de Bélesta est citée dans de nombreuses sources (voir ci-dessous), mais il faut bien avouer que certains auteurs avaient des doutes sur la réalité du phénomène. Comme Gérard Barthel et Jacques Brucker, qui ne sont pas loin de débusquer la supercherie lorsqu'ils écrivent que « la recette pour cette observation est d'un habitant de Bélesta qui a bien connu l'inventeur : il faut prendre une vieille roue de bicyclette ». Et de détailler le mode d'emploi, un peu différent de ce qu'il fut en réalité mais assez proche toutefois. Michel Figuet, dans son extrait du catalogue Francat, note lui aussi qu'il s'agit d'une mystification.

Il faut dire qu'à Bélesta, certains, qui n'étaient pas les auteurs du canular, avaient ensuite pris la blague à leur compte… C'est donc qu'ils se doutaient. À moins qu'ils aient voulu tirer une petite gloire en s'appropriant une part du mystère.

En revanche, le « cas Bélesta » est largement évoqué dans les sources suivantes :

- « Flying saucers uncensored », de Harold T.Wilkins (1954) page 57 ;

- « Mystérieux objets célestes », d'Aimé Michel Séghers Éditeur (1958) pages 246-249.

Notons que sur Internet, l'affaire est aussi évoquée. Ovni en Midi-Pyrénées, ovni à Bélesta, et de très nombreux blog font état des faits.

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