"Ovnis : les oubliés de la science" - Robert Roussel - 31 janvier 2017

 

Article paru sur le site du GEEPI le 31 janvier 2017 

 

Robert Roussel est journaliste caméraman aéronautique.

 

Spécialiste des dossiers militaires, ayant couvert les principaux conflits de ces quarante dernières années, Robert Roussel dénonce aussi aujourd’hui la torpeur des institutions confrontées à ces phénomènes qui pourraient être une des principale interrogation que notre humanité ait portée.

 

Sous forme d’enquête, son dernier ouvrage "OVNIS, les oubliés de la science", décrypte la dérobade de la science face à ce dossier, grâce à, entre autres, des avis et commentaires d’experts du CNES passés à la tête du GEIPAN et des descriptions de débats au sein de la commission SIGMA.

 

Une rencontre avec Robert Roussel ne s’oublie pas. Et ne se rate pas. L’homme, par son parcours, force le respect. Il est d’ailleurs significatif de voir à quel point les pseudo-zététiciens sont particulièrement silencieux à son sujet.

Il aurait été dommage pour le GEEPI de rater le repas ufologique du 14 janvier au restaurant Chez Cyrille (aux plats de bonne qualité, au passage), dans le 18ième arrondissement de Paris.

 

Il y avait une bonne vingtaine de convives – j’ai compté 23.

 

Les repas ufologiques sont rarement traités par la presse parisienne, contrairement à la presse provinciale qui non seulement couvre ces repas mais avec une ouverture d’esprit à faire ressusciter un sceptique radical mort depuis des siècles.

 

En 2017, ce type de repas attire toutes les couches de la société civile. Et force est de constater que la plupart des convives ont les pieds sur terre.

Il y avait bien une personne qui en début de repas essayait de me parler des ummites, des grands frères bienveillants de l’espace : elle me soutenait qu’il y avait 180 extraterrestres déguisés en humains à Bruxelles en ce moment même dont le but était de nous sauver – de quoi, vaste programme. En même temps, la Belgique…enfin je m’égare…cette personne au demeurant tout à fait charmante était complètement isolée, à l’autre bout de la longue tablée.

 

Et pendant la conférence de Robert Roussel, je l’observais parfois. Elle était complètement ailleurs, noyée dans d’étranges pensées, le regard absent.

 

Notre journaliste devait être trop sérieux, trop terre à terre pour elle, perdue dans les confins de la planète Zorgba avec ce cruel dilemme : quand ils viendront sur terre, faudra t-il les accueillir avec un pudding ou une tarte tatin ?

 

La voir si loin de nous, quel symbole. La plupart des convives entre eux discutaient du CNES, Du Geipan, de l’armée chilienne, des supposés drones au-dessus des centrales nucléaires, bref de choses assez concrètes.

 

Ils ne sont pas du tout déconnectés de la vie de tous les jours, suivent l’actualité, ont des opinions politiques, des emplois du temps chargés, ils sont dans le ‘réel’ immédiat, quotidien.

 

Ils s’intéressent à l’ufologie comme ils iraient à une conférence sur les risques du communautarisme ou sur la décroissance.

Il y a, et nous ne sommes pas tout seuls au Geepi à l’avoir constaté, une vraie appétence de la société civile, pour le sujet OVNI, une curiosité croissante, presque…un sens du devoir, celui de savoir le maximum que l’on doit savoir sur le sujet, parce que sait-on jamais, ce savoir peut s’avérer fort utile en certaines circonstances.

 

Dans le fond, peut-on dire que le déni des autorités françaises dans leur ensemble sur le phénomène OVNI est similaire au déni des mêmes autorités durant trente ans sur le terrorisme dû à l’Islam radical, en dépit de tous les signaux visibles ? 

 

Lorsque je lui pose cette question, Monsieur Roussel est étonné, agréablement étonné :

 

"C’est le genre de question qu’on ne me pose jamais, hélas et vous avez tout à fait raison de la poser. Tout au long de mon parcours, j’ai rencontré des hommes politiques de gauche, de droite, tout à fait aimables, respectueux vis-à-vis de ma personne, de mon travail, qui avaient bien compris que je n’étais pas un plaisantin. Mais qui me faisaient comprendre que le sujet n’était pas une priorité. Difficile de les blâmer. Les politiques s’occupent des problèmes une fois qu’ils sont là, actés.

Tant que c’est abstrait, tant que l’impact est limité, pourquoi s’en préoccuper ?

Les politiques travaillent dans l’urgence et le court terme. On peut le regretter, mais c’est ainsi."

 

Me revient alors à l’esprit au moment où je rédige ces lignes la confession d’une commerçante de mon quartier.

Un de ses clients était venu récemment la voir, le visage livide.

Il peinait à se remettre d’une observation d’ovni qu’il avait faite en région parisienne. Un objet lumineux à l’aube, alors qu’il se rendait au travail, s’était posé sur un champs de blé qu’il avait l’habitude de longer en voiture.

Il avait ressenti un sentiment de peur extrême et avait appuyé sur l’accélérateur sans demander son reste. Une personne seule, dans un petit coin isolé de la région parisienne, à l’écart des grands axes, à l’aube. Cela ressemble à un mauvais film.

 

C’est pourtant ce qui arrive à des milliers de gens chaque année. C’est ce qui fait que le sujet OVNI est comme de la mauvaise herbe.

Politiques et gros médias peuvent le taire – d’ailleurs, comme il est plus difficile de nos jours de le tourner en dérision, les journalistes en vue choisissent le silence la plupart du temps – oui mais…le phénomène est là, encore et toujours : encore et toujours.

On aimerait entendre ce que pourraient dire à ce sujet Christophe Barbier, par exemple, ou Raphaëlle Bacqué.

Ce serait légitime, pleinement, en 2017 que Laurent Ruquier invite Robert Roussel sur l’émission d »On n’est pas couché’. Lorsque je lui demande s’il n’éprouve pas une certaine frustration à être invité par Bob, ce fameux animateur radio qui prétend nous dire toute la vérité, et non France 2, ou Arte, le journaliste hausse les épaules par dépit.

 

Son dernier ouvrage est de bonne facture, sérieux, rigoureux et édité par l’Harmattan et non une maison d’édition de plus spécialisée dans l’ésotérisme.

 

Cet ouvrage mériterait sa place dans les bibliothèques municipales.

 

Ne désespérons pas, qui sait ce que l’avenir nous réserve. Après tout, Yves Calvi avait bien proposé un ‘C’est dans l’air’ spécial OVNI avec pour invité Gildas Bourdais le 30 juillet 2007.

 

A juste titre, Robert Roussel durant la conférence explique à quel point la société civile, elle, a intégré le fait OVNI.

 

C’est dire la dichotomie entre cette société civile et ceux et celles qui assument le rôle ingrat d’en être les représentants officiels : politiques, journalistes, intellectuels, scientifiques.

 

La maigre conclusion de 45 ans d’études, selon le journaliste, c’est qu’il n’y a pas de secrets en haut lieu sur le phénomène. Il n’y aurait même pas des bruits de couloir au niveau des plus hautes instances. Ce sera là notre léger désaccord.

 

Il rappelle également que le CNES évite le sujet, tant il est flou et brûlant.

Lorsqu’une convive pose la question sur le survol des centrales par des ovnis, la fameuse affaire des supposés drones, il élude le sujet en disant que Greenpeace était derrière.

Mais il a l’humilité de dire qu’il peut se tromper. D’autant plus qu’à voix basse, un collègue ayant suivi l’affaire me confirme que Greenpeace avait démenti être derrière ce genre d’opération.

 

Ne soyons pas démesurément sévère avec l’Etat Français.

 

Après tout, seuls la France et le Chili disposent d’une organisation spécialisée dans l’étude des Phénomènes Aériens Non-Identifiés reconnue par l’Etat.

Des organisations qui valent ce qu’elles valent mais enfin, elles sont là.

 

Lorsque je lui demande son avis sur le comportement très ambivalent du sociologue Pierre Lagrange qui parfois se comporte comme s’il n’assumait pas son objet d’études, les OVNI, Robert Roussel prend sa défense en rappelant à quel point l’universitaire est dans une situation assez compliquée et que l’ufologie lui doit beaucoup.

Il est après tout le seul sociologue français à enseigner le fait OVNI dans les universités.

 

Il doit manœuvrer entre les croyants qui font feu de tout bois au détriment des faits et les sceptiques radicaux qui ont complètement dévoyé la zététique (l’art du doute).

 

Je ne m’attarderai pas sur la petite polémique entre le conférencier et un convive sur les crop-circles.

C’est par excellence un sujet tarte à la crème dont je ne sais que penser, manifestement c’est la même chose pour Robert Roussel qui estime que c’est un non-sujet.

 

Lorsque je lui demande s’il n’a pas l’impression d’avoir perdu son temps toutes ses années à étudier le sujet, il évoque avec beaucoup d’émotion le témoignage d’un homme qui fit une rencontre rapprochée, témoignage qu’il a mis sur son lecteur MP3 et qu’il écoute lorsqu’il se ballade en forêt.

 

Tout au long de son parcours, Robert Roussel a rencontré des gens passionnants : des pilotes, des militaires etc.

 

Ma vie a été faite d’enrichissements personnels’ dit-il, et c’est rafraîchissant de voir à quel point ce désir de comprendre, de connaître, de savoir a été un moteur de vie, lui qui a tant affronté au cours de son travail de reporter de guerre, la mort, vu des charniers. Son enthousiasme ne s’est jamais démenti.

 

A titre personnel, déblayant, il faut le dire, poussé par des raisons personnelles, le terrain miné de l’ufologie depuis deux ans, je ne peux pas dire que j’ai appris quelque chose de fondamentalement nouveau.

 

Mais au fur et à mesure, l’ufologie, qui n’est pas une science, ni une pseudo-science d’ailleurs, mais qui est une discipline se situant à l’intersection de plusieurs domaines d’études (de l’anthropologie à l’écologie, en passant par l’économie, la sociologie, l’astronomie etc), acquiert ses lettres de noblesse.

Et on le doit à des personnalités telles que Robert Roussel. L’occasion de le rencontrer en chair et en os s’est présentée, nous l’avons saisie, sans regret.

 

Enfin, il faut rendre un hommage appuyé à Chantal Duverne-Eggenspieler et Jean-Daniel Fortin qui sont derrière ces repas ufologiques et permettent des rencontres d’une telle qualité, c’est tout à leur honneur.

 

A la fin de la conférence, Robert Roussel a dédicacé des exemplaires, au moment de nous quitter, sa poignée de main fut fort chaleureuse.

 

Avant le début de la conférence à proprement parler, je dois dire que nous avons parlé de façon informelle sur certains aspects dérangeants du phénomène OVNI, par exemple la triste affaire de Colares au Brésil*.

 

Mais ça, c’est une autre histoire, sur laquelle probablement nous reviendrons.

F.C, pour le Geepi

 

Commentaire 

 

Robert Roussel ne dit pas autre chose que la plupart des spécialistes chevronnés du phénomènes OVNI : ceux qui nous visitent la plupart du temps semblent être complètement indifférents à ce que nous sommes, à nos cultures, nos modes de vies, nos civilisations, nos conflits, ils ne semblent pas pressés de nous faire rentrer dans la grande confrérie intergalactique. Ils observent.

 

Faut-il s’en réjouir ?

 

Pas forcément.

 

La plupart du temps, nous sommes indifférents aux abeilles et à leurs ruches sophistiquées. Tellement indifférents que nous ne faisons rien, ou si peu, quand un crétin de notre espèce, s’amuse à détruire une ruche. Nous ne faisons rien quand deux groupes de singes de la même espèce se battent à mort pour la maîtrise d’un territoire.

 

L’indifférence, tôt ou tard, tue.

 

Il ne faudrait pas interpréter le manque d’empathie manifeste des visiteurs comme un signal positif pour notre humanité.

 

Et les mettre sur un piédestal n’est pas forcément très judicieux de notre part.

 

Rien n’indique qu’ils soient SI supérieurs à nous en tout.

 

Enfin, comme l’a montré l’affaire Colares, parmi d’autres affaires sinistres, de l’indifférence à l’agressivité, le chemin est court..

 

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