Un grand scientifique raconte les recherches de la vie extraterrestre

 

L’exobiologiste André Brack, invité par la faculté de santé d’Angers, donnait jeudi 5 avril une conférence intitulée

« Sommes-nous vraiment seuls dans l’Univers ? ».

 

« Sommes-nous vraiment seuls dans l’Univers ? »

 

C’est la question à laquelle a tenté de répondre André Brack, directeur de recherche émérite au Centre de biophysique moléculaire du CNRS à Orléans et membre honoraire de l’Institut d’astrobiologie de la NASA.

 

Le scientifique était invité par l’Université d’Angers et le laboratoire MINT pour une conférence jeudi 5 avril.

 

Pourquoi la recherche d’une vie extraterrestre fascine-t-elle tant les scientifiques ?

 

Nous sommes curieux par nature.

Notre besoin de comprendre est permanent.

Mais la vie extraterrestre est un très vieux questionnement qui hante l’esprit humain de manière générale.

 

En 300 avant JC, Epicure écrivait à Hérodote :

« Les mondes sont en nombre infini et on ne saurait démontrer qu’ils ne sont pas habités ».

 

À la Renaissance, Giordano Bruno, un prêtre défroqué italien, affirmait haut et fort que la vie extraterrestre existait. Il a été brûlé vif sur la place publique de Rome.

 

En tant que scientifiques, notre travail est de passer de l’intuition des intellectuels à la réalité en apportant des preuves.

Pour l’instant nous n’en avons pas, mais nous sommes optimistes. Il nous suffirait d’un cas pour affirmer que la vie terrestre n’est pas un accident exceptionnel.

 

S’il existe des civilisations extraterrestres, pourquoi n’avons-nous eu aucun contact avec elles ?

 

Nous recherchons d’abord une forme de vie extraterrestre qui serait restée au niveau bactérien.

 

Mais si des civilisations existent, elles n’ont peut-être pas développé une technologie qui leur permette de venir nous voir. Ou ne sont pas curieuses !

 

Pour l’instant, nous n’avons pas capté de signaux intelligents.

 

Nous, en revanche, sommes immanquables pour tout extraterrestre qui passerait près du système solaire grâce aux radars et aux signaux que nous envoyons.

 

Mais nous n’émettons que depuis la fin du XIXe siècle alors que la vie est présente sur terre depuis 4 milliards d’années.

 

Que pensez-vous des récits de visites extraterrestres ?

 

Il faudrait que les extraterrestres soient beaucoup plus avancés que nous pour nous rendre visite.

 

Ça pose d’ailleurs un problème pour l’ego de certains scientifiques qui considèrent que les humains ont atteint le summum de l’intelligence.

 

Cela leur paraît impensable que d’autres soient plus intelligents que nous. Pour ma part, je serais ravi d’avoir des preuves de visites extraterrestres. Mais nous n’en avons pas. On ne peut pas attribuer les 10 % de phénomènes lumineux inexpliqués à des visiteurs.

 

Quelles sont les conditions pour que la vie se développe sur une planète ?

 

On se base sur la présence d’eau et de chimie du carbone. On a démontré en laboratoire que ce couple était le meilleur candidat pour démarrer la vie quelque part.

 

Pour permettre la présence d’eau liquide, il faut une température ne dépassant pas 80-100 degrés.

 

La planète doit donc être à une bonne distance de l’étoile.

Si elle est trop près, comme Vénus, l’eau s’évapore.

Si elle est trop loin, comme Mars, l’eau finit par geler et passer dans le sol. Il faut aussi qu’elle ait la bonne taille.

Si elle est trop grosse, comme Jupiter et Saturne, elle est gazeuse.

Si elle est trop petite, la gravité n’est pas suffisante pour retenir une atmosphère et donc l’eau s’évapore.

 

Où en sont les découvertes ?

 

Dans le système solaire, on a de bonnes nouvelles sur la présence possible de poches d’eau liquide à l’intérieur de corps glacés, sur Encelade et Titan, des satellites de Saturne, et sur Pluton.

 

On sait qu’il y a de l’eau liquide sous la glace d’Europe, une lune de Jupiter, mais on ne sait pas s’il y a de la chimie du carbone.

 

Mais les découvertes les plus importantes se font au niveau des exoplanètes (planètes gravitant autour d’une étoile autre que le Soleil).

Les astronomes ont en découvert 3758 à ce jour.

Les plus grosses sont gazeuses et donc non propices à la présence d’océans.

Mais 44 sont dites habitables.

La plus proche de nous est Proxima b, à 40 000 milliards de kilomètres. Un projet de sonde pour aller l’explorer est en cours.

 

Qu’en est-il de Mars ?

 

Curiosity, la mission américaine, a confirmé la présence d’eau.

 

Elle a trouvé tous les éléments nécessaires à la formation de la vie, mais seulement au niveau des atomes.

 

Nous n’avons pas encore trouvé de molécules, c’est-à-dire de groupement d’atomes.

 

La surface est brûlée par la radioactivité du soleil qui provoque une oxydation du sol et qui détruit probablement ces molécules.

 

Donc il faut creuser, mais Curiosity creuse seulement sur quelques centimètres.

 

En 2022, les Européens vont envoyer ExoMars avec une foreuse qui pourra descendre à deux mètres.

 

La mission aura aussi un microscope pour faire des gros plans sur des roches et voir des constructions qui auraient pu être faites par des bactéries.

 

Angers

Écrire commentaire

Commentaires: 0