LA TERRE A-T-ELLE ABRITÉ UNE AUTRE CIVILISATION AVANT LA NÔTRE ?

 

La Terre est vraiment une planète formidable. Non content de se trouver dans la zone d’habitabilité de son étoile, elle abrite également de vastes étendues d’eau et un nombre considérable de plantes et d’animaux. Mieux, elle est même devenue le berceau d’une espèce intelligente capable d’envoyer des sondes et des rovers sur d’autres mondes. Mais notre civilisation est-elle réellement la seule à avoir émergé sur ce monde ?

 

Cette question n’a pas été posée par une chaîne complotiste ou par une autre figure éminente de l’ufologie, mais par deux éminents scientifiques.

 

 

 

Adam Frank, un astrophysicien de l’Université de Rochester, menait des recherches sur le réchauffement climatique en abordant cette délicate problématique d’un point de vue astrobiologique.

 

 

Adam Frank

 

 

Adam Frank , né le 1er août 1962 au New Jersey, est un astrophysicien, professeur et écrivain américain. Depuis 1996, il est professeur d'astrophysique à l'université de Rochester. Ses recherches se concentrent sur l'astrophysique numérique appliquée à la formation des étoiles et l'évolution de ces dernières.

 

Il a également écrit des ouvrages de vulgarisation scientifique ainsi que des textes analysant la culture scientifique par rapport à d'autres cultures. Il est cofondateur du blogue Cosmos and Culture de National Public Radio. Il écrit pour diverses publications telles le magazine DISCOVER.

 

 

Frank fait des recherches dans le domaine de dynamique des fluides en astrophysique . Son équipe de recherche a développé le code AstroBEAR, une méthode basées sur le raffinement de maillage adaptatif et utilisé pour simuler la dynamique des fluides magnétiques dans un contexte astrophysique.

 

 

Tout a commencé par une simple question

 

 

L’homme se demandait en effet si une civilisation industrielle comme la nôtre débarquant un beau matin sur une autre planète serait en mesure de déclencher une forme de réchauffement climatique.

 

Pour tenter de répondre à cette question, Adam Frank a eu l’idée de se rendre à l’Institut Goddard de la NASA pour rencontrer les climatologues de l’agence spatiale américaine. Il s’est alors retrouvé dans le bureau d’un certain Gavin A. Schmidt.

 

Si ce nom évoque vaguement quelque chose en vous, c’est tout à fait normal, car il occupe actuellement le poste de directeur à l’institut pour les études spatiales et il se focalise notamment sur tous les changements naturels et anthropiques susceptibles d’affecter l’habitabilité d’une planète en se basant sur les données collectées sur Terre.

 

En arrivant dans son bureau, Adam Frank a brièvement exposé le sujet de ses recherches et il lui a donc directement posé la question.

 

Après avoir marqué une courte pause, Gavin Schmidt lui a tout simplement demandé comment il pouvait être certain que notre civilisation est la seule à avoir émergé sur notre planète.

 

Pendant plusieurs mois, les deux chercheurs ont mené l’enquête et ils ont rassemblé leurs conclusions dans un article paru en début de semaine dans l’International Journal of Astrobiology.

 

 

L’humanité, la seule civilisation évoluée à avoir vu le jour sur Terre ?

 

 

Pour tenter de répondre à l’épineuse question posée par Gavin Schmidt, les deux chercheurs ont tout simplement choisi d’extrapoler à partir de nos connaissances, de notre vécu, en dirigeant leur attention vers le passé.

 

Ensemble, ils ont donc tenté de déterminer si nous serions actuellement en mesure de détecter les traces d’une ancienne civilisation disparue depuis plusieurs dizaines de millions d’années.

 

D’après eux, si la Terre est âgée de 4,5 milliards d’années, les conditions climatiques étaient peu favorables à l’émergence d’une civilisation similaire à la nôtre durant les jeunes années de la planète.

 

En conséquence, les deux experts ont choisi de restreindre leur champ de réflexion à ces dernières 55 millions d’années.

 

Compte tenu de la période retenue, Adam Frank et Gavin A. Schmidt ont rapidement déterminé qu’il était impossible de retrouver les traces matérielles d’une civilisation disparue depuis aussi longtemps. La moindre sculpture, le moindre édifice, aurait en effet eu le temps de disparaître totalement de la surface de notre planète.

 

Dans ce contexte, chercher des artefacts anciens n’a pas de sens.

 

 

De l’importance de l’équation de Drake

 

 

Pour poursuivre leur réflexion, les deux chercheurs ont donc choisi de se focaliser sur notre propre espèce en se demandant quelles traces l’humanité pourrait laisser derrière elle après sa disparition.

 

Ils ont donc porté leur attention sur l’empreinte de l’Anthropocène et donc de l’ère actuelle, une ère durant laquelle notre espèce a fortement influencé le climat de la planète.

 

Or justement, la période actuelle présente des signaux similaires à ceux relevés dans le lointain passé de la Terre.

 

Il y a environ 55 millions d’années, les températures à la surface de notre planète ont en effet augmenté subitement de 8 °C et personne n’a encore été en mesure de déterminer les causes de ce réchauffement.

 

Dans ce contexte, les chercheurs ont imaginé focaliser leurs efforts sur l’étude de la composition des sols, mais ils se sont alors retrouvés confrontés à un second problème, mis en lumière dans l’équation de Drake.

 

Cette équation s’appuie sur de nombreuses variables afin de tenter de déterminer si l’Univers abrite une autre espèce intelligente. L’une d’elles a trait à la durée durant laquelle une civilisation est capable d’émettre des signaux pouvant potentiellement trahir son existence.

 

L’humanité, comme chacun le sait, a eu besoin de plusieurs millénaires pour être en mesure d’émettre de tels signaux.

 

Désormais, elle se retrouve dans une situation compliquée.

 

Elle est en effet menacée par les changements climatiques, la surpopulation et – surtout – la surconsommation.

 

 

La temporalité, un problème de taille

 

 

Dans ce contexte, notre civilisation pourrait parfaitement disparaître au cours de ce prochain millénaire.

 

Si tel est le cas, alors notre existence aura finalement été très courte à l’échelle de la planète, et encore plus à celle de l’Univers.

 

Or si l’humanité doit connaître un destin aussi tragique, il pourrait aussi en aller de même pour  toute autre espèce intelligente, extraterrestre ou terrienne.

 

La temporalité est donc un vrai problème et ce point a d’ailleurs été évoqué récemment dans une autre étude menée par Claudio Grimaldi et plusieurs chercheurs de Lausanne.

 

En conséquence et compte tenu de cette temporalité, Adam Frank et Gavin Schmidt pensent que si notre planète a réellement abrité une autre civilisation évoluée, alors nous n’aurions aucun moyen de le savoir, car le temps aurait de toute façon balayé toutes ses traces.

 

L’étude complète peut être consultée à cette adresse :

https://arxiv.org/abs/1804.03748

 

Les fans de Dr Who apprécieront d’ailleurs le clin d’œil puisque leur article fait allusion à une hypothèse « silorienne », un nom donné en l’honneur de la civilisation reptilienne présente dans la série.

 

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