Des secrets de Tiwanaku dévoilés par un drone - Janvier 2019

Cérémonie aymara à Tiwanaku (Bolivie).

"À 70 kilomètres à l'ouest de La Paz et à 15 kilomètres des rives du lac Titicaca, Tiwanaku, centre spirituel et politique de la culture tiwanaku (Bolivie), inscrit depuis l’an 2000 sur la Liste du patrimoine mondial, n'a pas fini de nous surprendre.

Des découvertes extraordinaires ont été faites récemment, dans le cadre d’un projet de l'UNESCO."

 

Lucía Iglesias Kuntz (UNESCO)

 

Qui sont ces bâtisseurs de génie qui ont édifié de gigantesques constructions , des monuments immenses ?. 

 

De ces architectes on ignore tout ou presque. Ils font partie de ces  nombreux mystères  qui font l'objet  de la recherche passionnée de nos archéologues. 

 

Le plus étrange est que ces monuments se retrouvent sur tous les continents de la planète, certains sont plus élaborés que d'autres mais ce qui frappe surtout c'est le poids, la grandeur considérable des pierres qui ont servi à les édifier et parfois le lieu géographique. 

 

J'ai trouvé un article intéressant sur le Courrier de l'Unesco

 

https://fr.unesco.org/courier/2018-3/secrets-tiwanaku-devoiles-drone

 

Par son complexe monumental d'édifices et sa localisation, à plus de 3 800 mètres au-dessus du niveau de la mer, Tiwanaku constitue l'un des sites archéologiques les plus spectaculaires de l'Amérique du sud.

 

Cité préhispanique des Andes, elle fut pendant des siècles la capitale d'un vaste et puissant empire, qui dut sa suprématie à l'emploi de matériaux et de techniques innovants grâce auxquels elle améliora sa production agricole, accroissant du même coup son pouvoir économique.

 

C'est depuis Tiwanaku que s'est développée la culture éponyme, qui, à son apogée, entre 500 et 900 de notre ère, rayonnait sur un immense territoire englobant l'ouest de la Bolivie, le sud-ouest du Pérou et le nord de l'Argentine et du Chili.

 

À la suite de l'effondrement de cette culture au XIIIe siècle, Tiwanaku a subi d'intenses déprédations.

 

Il faut toutefois bien des efforts au visiteur pour l'apprécier pleinement. Tiwanaku s'apparente plus à un exercice d'observation et de documentation que de simple contemplation.

 

Car du majestueux ensemble de temples et de palais de cette cité ne subsistent que les ruines ou les vestiges partiellement reconstruits de sept grands édifices : la pyramide d'Akapana, le temple de Kantatayita, le petit temple semi-souterrain, le temple de Kalasasaya, le palais Putuni, le palais Kheri Kala et la pyramide de Puma Punku.

 

Ces vestiges n'en portent pas moins le sceau incontestable des grandes civilisations, avec des prodiges comme Puma Punku (la Porte du puma), formée d'énormes blocs de grès pesant jusqu’à 130 tonnes, reliés par des crampons en cuivre : réalisation qui laisse pantois, s'agissant d'une civilisation qui ignorait la roue – certains chercheurs estiment qu'il a fallu, pour les soulever, mobiliser 1 300 à 2 600 personnes – alors que sa connaissance du métal lui conférait la supériorité militaire.

 

Les travaux de préservation et de conservation en cours sur le site, situé à 70km de La Paz, ont pris un tour surprenant lorsque des études utilisant l’imagerie topographique, la technologie satellite et un drone, ont découvert que le complexe archéologique était bien plus grand qu’on ne le pensait.

 

 

 

Tiahuanaco, qui apparut avant la civilisation Inca, a commencé comme village vers 1580 avant JC, mais est devenu un empire andin qui s’est étalé vers 724 après JC, avant de décliner vers 1187 après JC selon les historiens.

 

« Étant déjà engagé sur le terrain, j'ai proposé à l'UNESCO de réaliser cette étude par télédétection : grâce aux drones et aux satellites, on obtient aujourd'hui des données extrêmement

fines », explique l'archéologue José Ignacio Gallego Revilla, qui s'est attelé à ce projet pour le compte de l'Organisation.

 

« Il nous a fallu un an pour le monter, et comme je collaborais avec l'université Complutense de Madrid, j'ai eu l'idée de m'adresser à son Campus d'excellence, en fait un groupe de laboratoires réunissant plusieurs facultés, avec d'excellents professionnels et pratiquant des prix très compétitifs.

 

Mais il nous fallait un drone capable de voler à plus de 4 000 mètres d'altitude et nous ne pouvions pas emporter en Bolivie celui de l'université madrilène.

 

Nous avons donc fait appel à une entreprise suisse qui distribue ses aéronefs au Chili et en Bolivie. Ils ont fait les relevés, que nous avons ensuite exploités à Madrid, en laboratoire ».

 

Les prises de vue ont été réalisées entre octobre et décembre 2016 et les premiers résultats sont tombés en mai 2017. Le drone a fourni des données d'une grande précision, avec une marge d'erreur inférieure à quatre centimètres, sur l'ensemble du site archéologique.

 

La carte ainsi obtenue révèle une série de structures insoupçonnées, réparties sur l'ensemble de la zone explorée et occupant une superficie de 411 hectares.

 

Au total, la zone patrimoniale s'étend sur plus de 600 hectares, soit six fois plus qu'on ne l'estimait.

 

Après analyse, les images du drone ont permis de repérer les traces d'un temple de pierre enfoui à proximité d'une centaine de structures circulaires et rectangulaires de vastes dimensions (possiblement des unités domestiques), en plus de fossés, de canaux, de voies de circulation et autres constructions dans divers secteurs.

 

Mais les nouvelles données ont aussi permis de redéfinir des monuments connus, comme Puma Punku, complexe de temples dont on connaissait deux hectares, et dont on sait maintenant qu'il contient deux autres plateformes enfouies :

« Suite aux révélations du drone, nous nous trouvons désormais devant un complexe religieux de 17 hectares, soit trois fois la superficie de la pyramide de Khéops en

Égypte », explique l’archéologue.

 

« Nous avions aussitôt dressé la carte du site et de tout ce qui s'y trouve encore enterré », ajoute-t-il.

 

« Pour moi, c'est la découverte de toute une vie : Tiwanaku est depuis 500 ans l'une des références historiques de l'archéologie mondiale… Une chose pareille ne survient qu'une seule fois dans la carrière d'un chercheur », s'épanche-t-il,

tout en faisant défiler sur son ordinateur les cartes et les images étayant ses affirmations.

 

La Porte du Soleil à Tiwanaku

 

Il est inévitable de s'interroger sur ces bâtisseurs qui ont disparu sans laisser de souvenir  chez leurs descendants à part des légendes extraordinaires et des semblants de "portrait" .

 

Ils ont édifié la  pyramide à sept degrés d'Akapana  et en contrebas de celle-ci, un temple semi-souterrain (semisubterraneo) où ils ont organisé  un  ingénieux système de canalisations traversant la pyramide pour faire jaillir de l'eau en haut de l'Akapana, qui se déversait ensuite d'un étage à l'autre, le spectacle devait se situer entre celui que dégage une rizière et celui d'une et celui d'une fontaine… Cette magnifique cascade artificielle symbolise certainement les sources du Nevado Illimani

 

 

 

Enfin des monolithes, comme ceux de Benett et de Ponce, que certains archéologues rapprochent des Moaïs de l'île de Pâques, sont orientés à l'intérieur du site.

 

Selon une légende aymara, les ancêtres auraient dissimulé dans la Porte du Soleil, le monument le plus emblématique de Tiwanaku, un secret destiné à sauver l'humanité lorsqu'elle se trouvera au bord du gouffre.

Ce moment n’est pas arrivé, fort heureusement.

En revanche, le moment est arrivé où, grâce aux efforts des chercheurs et à la technologie de pointe, une nouvelle ère commence pour cette culture qui, depuis les rives du lac sacré Titicaca, a fondé la société la plus avancée de son temps et a su donner naissance à une forme d'État jusqu'alors inconnue dans cette portion du continent américain.

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0