« Cette expérience inouïe qui a bouleversé ma vie » - Mars 2019

 

Geneviève Delpech est la veuve de l’artiste Michel Delpech.

 

Depuis son enfance, Geneviève est médium/voyante.

 

Elle n’en a jamais fait commerce, vivant de sa peinture où des romans sous pseudonyme qu’elle a pu écrire, dans l’ombre de son mari.

 

C’est au début des années 2000 que, sans attente aucune, elle fait l’expérience du tout. Une épiphanie qui va transformer sa vie et la mettre en quête de qui elle est réellement. C’est suite à la rencontre avec le père Brune et le Dr. Jean-Jacques Charbonnier qu’elle décide d’écrire pour témoigner de ses différentes expériences qui jalonnent son quotidien depuis toutes ces années.

 

« Le don d’ailleurs », « Te retrouver » et aujourd’hui ce livre que nous vous proposons de découvrir.

 

 

Un mot sur le regretté Michel DELPECH

 

Jean-Michel Delpech, dit Michel Delpech, né le 26 janvier 1946 à Courbevoie, est un auteur-compositeur-interprète et acteur français.

Michel Delpech a ses débuts rencontre Roland Vincent, qui sera son compositeur, en 1964, et la même année, sort chez Vogue son premier 45 tours, Anatole.

En 1965, il participe à la comédie musicale Copains Clopant qui reste six mois à l'affiche et qui rend Michel Delpech populaire, notamment pour la chanson Chez Laurette.

Il y rencontre Chantal Simon, qu'il épouse en 1966. Il fait ensuite la première partie de Jacques Brel qui fait ses adieux à l'Olympia.

 

Les succès de Michel Delpech

 

En 1967, Johnny Stark, l'impresario de Mireille Mathieu, le prend en main.

En 1968, il obtient le Grand Prix du Disque pour Il y a des jours où on ferait mieux de rester au lit. Il passe chez Barclay. C'est l'époque des succès pour Michel Delpech, y compris à l'international 1 : Wight is Wight (en hommage au festival de rock de l'île de Wight), Paul chantait Yesterday (hommage aux Beatles), Pour un flirt.

En 1970, il quitte Johnny Stark, et deux ans plus tard, cesse sa collaboration exclusive avec Roland Vincent.

Sortent Les Divorcés et Que Marianne était jolie (1973), Le Chasseur (1974), Quand j'étais chanteur (1975), qui sont des succès considérables.

En 1977, il chante Le Loir-et-Cher qui parle des habitants du département éponyme de manière tendre et ironique.

 

La maladie

 

Début mars 2013, il doit annuler plusieurs de ses concerts pour des raisons de santé à la suite d'un cancer de la langue et de la gorge.

En octobre 2014, il évoque la mort, alors qu'il est en rémission, et à nouveau apte à chanter, dans la chanson La  fin du chemin : « Voici la fin de mon chemin sur terre / Je suis à toi, accueille-moi, mon père / Voici mon âme, séchez vos larmes, mes frères / Je m’en vais là où brille la lumière… »

En mars 2015, sort son nouveau livre Vivre !, où il évoque son cancer et ce que cette maladie a changé en lui.

Tandis qu'il est toujours hospitalisé en juin 2015, Michel Drucker révèle que « son ami Michel Delpech s'éteint doucement ».

 

Magnifique artiste.

 

 

Le chanteur meurt le 2 janvier 2016, vers 21 h 30, à l'hôpital de Puteaux, des suites du cancer de la gorge et de la langue qu'il combattait depuis trois ans.

 

La Foi Chrétienne 

 

Le chanteur se battait contre un cancer qui le privait de sa voix. Il est décédé samedi 2 janvier 2016, à l'âge de 69 ans. Dans l'épreuve, il confiait ce qui le consolait :

l'amitié, les « petites choses de la vie », la foi chrétienne dont il témoignait à coeur ouvert.

 

Voici son témoignage émouvant  :

 

«J’ai cru guérir de ce cancer de la langue qui m’a touché en février 2013. Je me suis trompé. Il est revenu. Il y a une guerre au fond de ma gorge. Je me bats, je travaille à guérir. Pour un chanteur, perdre sa voix, c’est la pire épreuve. Depuis l’âge de 18 ans, la chanson est toute ma vie. Deux cents chansons en cinquante ans de carrière, dont trente “tubes”.

 

Curieusement, alors que je vis pour ma voix et par ma voix, je n’ai pas interpellé Dieu, je ne me suis jamais dit que ce qui m’arrivait était injuste.

Peut-être parce que je commence à vivre non plus par ma voix, mais par la foi ?

Pour parodier le titre d’une mes chansons – “Le Loir et Cher” –, je dis aujourd’hui :

“La foi m’est chère”.

 

Mon premier cancer avait mis ma vie spirituelle en veilleuse.

Je ne pouvais plus lire, ni me nourrir intellectuellement, moi qui suis féru de théologie.

 

Cette rechute me révèle que la vie spirituelle ne se loge pas dans l’intellect, mais qu’elle est la VIE même – la vie de Dieu qui irradie tout l’être, et pas seulement la tête.

 

Je suis profondément croyant.

 

J’ai vécu un jour un “choc religieux” à Jérusalem, où j’ai rencontré le Christ.

 

Je visitai le Saint-Sépulcre avec ma femme, et là, pressé pourtant par de nombreux pèlerins, soudain, devant le Tombeau, je m’agenouille et me voilà chrétien. Un peu comme Frossard, Claudel, Clavel – d’un coup. En l’espace d’un instant, Jésus est entré dans ma vie, dans mon cœur. C’était très doux. J’ai immédiatement eu la sensation que j’étais sauvé. Tout ce qui m’était arrivé auparavant devenait caduc. La seule chose que je ne remette jamais en doute, c’est l’existence de Dieu.

 

Je suis d’un naturel plutôt ténébreux, un hypersensible qui s’en fait pour un rien. Je crois savoir où est la sagesse à force de lectures et de rencontres, mais je ne l’ai pas encore trouvée. Or, dans cette chambre d’hôpital, depuis des mois, curieusement, je n’ai jamais été aussi apaisé. Ce “re-cancer” ne m’a pas brisé : je crois qu’il me grandit.

 

Dans l’épreuve, quelles sont mes consolations ?

 

D’une part, l’amitié. Je n’avais pas réalisé que j’avais autant d’amis. Dans le tourbillon de la vie “du dehors”, la vie quotidienne, nous ne trouvons jamais le temps de nous arrêter pour voir ceux qui nous sont chers, et les années passent, les liens se distendent… Trop bête !

 

C’est quand ça ne va pas que l’essentiel ressurgit. Et l’amitié fait partie de l’essentiel.

 

J’ai été soutenu physiquement et psychologiquement par la bienveillance qui m’entoure. L’amour de ma femme, de mes enfants, la tendresse et la compétence du personnel médical et infirmier. On guérit plus vite quand on aime et qu’on est aimé, j’essaierai de ne pas l’oublier.

 

Curieusement, moi qui suis un gourmand invétéré, je n’ai plus de consolation culinaire. Je n’ai même plus le désir d’une bonne entrecôte avec un verre de Saint-Émilion !

 

On me nourrit avec des sondes et des pipettes. Pourtant, l’autre jour, le goût m’est un peu revenu en absorbant une cuillerée de glace au café. Elle m’a irrésistiblement évoqué La Première Gorgée de bière de Philippe Delerm !

 

Depuis, je suis plus ouvert aux toutes petites choses de la vie, ces surprises discrètes qui émaillent l’existence et peuvent nous passer sous le nez sans même qu’on les remarque.

 

Je goûte aussi des consolations plus spirituelles.

 

Ainsi, celle de la patience.

 

Le cancer est l’une de ces épreuves qui vous enseignent cette vertu. Vous pouvez fulminer, vous morfondre, crier, pleurer, cela ne changera rien. N’allez pas croire que je suis un saint homme !

 

Au quotidien, face aux mini-tracas, je peux être sanguin, colérique, râleur. J’ai tous les défauts de la terre pour les petits soucis. Mais là, c’est autre chose : il y a un “vrai” combat à mener.

Ai-je reçu une grâce de Dieu pour cela ? Je le crois. Je sais qu’Il est à mes côtés.

 

Patience quand j’articule mal, que je suis inaudible. Patience quand la douleur se réveille et me contraint au silence. Patience face aux régressions inévitables, aux déceptions inhérentes, parce que les traitements semblent inefficaces. Patience quand je me fatigue très vite. Patience devant la mélancolie qui m’est familière…

 

J’étais jeune, j’avais du succès, la vie me souriait,  lorsqu’une profonde dépression m’a mis à terre. J’ai plongé très bas. La maladie m’a tenu éloigné de la scène pendant dix ans. J’ai fait une rechute dépressive après mon premier cancer. J’ai survécu au jour le jour, les petites victoires se sont accumulées ; finalement, je me suis retrouvé à quai, quand patatras, le cancer est revenu.

 

Durant cette plongée dans les ténèbres de la dépression, j’ai connu le chaos.

 

J’ai cherché à en sortir par le “haut”, en tâtant du bouddhisme, de l’hindouisme, en essayant la méditation transcendantale… Mais je me suis rendu compte, progressivement, que tout cela n’était pas un chemin fécond pour moi. J’étais en train de me perdre. J’ai commencé simultanément à m’intéresser à cette part de mon identité que je refusais jusqu’alors de regarder : la religion chrétienne.

 

Et j’ai osé… le christianisme !

 

Je ne sais si j’aurais eu cette hardiesse sans la dépression, je ne sais pas si je serais allé aussi loin dans cette voie. Une chose est sûre : depuis, Dieu reste l’objet incessant de ma quête.

 

Je me suis formé tout seul. J’ai beaucoup lu. Des livres qui ne sont pas tous “modernes” : Isaac le Syrien et Thomas Merton, saint Jean de la Croix et les Pères du désert, saint Augustin et l’Introduction à la vie dévote de François de Sales ; Urs von Balthasar et Thérèse d’Avila dont je retiens cette phrase : “Seigneur, si Tu n’existes pas, ça n’a pas d’importance. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour Toi”.

 

Je suis un homme de peu de foi. Telle est ma tragédie. Ma foi n’est pas un long fleuve tranquille : elle est dans la torture, dans la complexité. J’en suis parfois épuisé. Pourtant, je plains ceux qui n’ont pas la chance de connaître ce tumulte-là.

 

Il fait vivre jusque dans l’Au-delà !

 

Je ne pense pas que le Ciel se soit mêlé de mon cancer, mais je lui demande de m’aider à avoir la force de le surmonter, de me plier à la discipline indispensable, de faire ce qu’il m’est exigé de faire. Je n’ai jamais prié pour guérir, j’ai plus souvent pensé : “Que ta volonté soit faite”. 

 

Autre consolation que permet le repos qu’impose la maladie, c’est une relecture apaisée de l’existence, même si je n’aime pas trop regarder en arrière.

J’en ai fait des bêtises !

La fiesta, les filles, quelques drogues, étaient intimement liées à l’univers de la chanson, surtout dans les années 1960 et 1970. J’ai été un oiseau de nuit. Mais je crois en la miséricorde et au pardon – qui sont les plus grandes consolations qui soient.

 

Mais il n’y a pas que le pardon de Dieu qui console, il y a aussi… le foot.

 

Je passe du coq à l’âne. J’ai une passion pour le foot. Quand j’ai fini de regarder KTO, que j’apprécie beaucoup, voir un bon match à la télé me fait oublier mes tracas.

Après le foot – revenons au spirituel, quand même ! – il y a l’oraison.

C’est une forme de prière méditative, une prière du cœur, plus proche de la contemplation que de l’imploration. Sainte Thérèse d’Avila, pour qui j’ai une tendresse particulière, en donne une jolie définition : “L’oraison est un échange d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec Dieu dont on se sent aimé”. Si je ne prie pas, si je ne me livre pas à l’oraison, en quoi consistent ces plages de silence qui me font tellement de bien, au corps et au cœur ?

 

Un philosophe me console aussi, c’est Gustave Thibon. Je suis fasciné par la vérité et la force spirituelle du verbe de ce génie autodidacte qui a révélé Simone Weil. Je l’ai convié à une émission de télévision à laquelle j’étais invité. Il est venu et a subjugué l’auditoire. Nous sommes devenus amis. Je suis allé le voir plusieurs fois chez lui, en Ardèche. Je fais mienne cette phrase de lui : “Je croyais en Dieu, et maintenant je ne crois plus qu’en Dieu”.

Et cette autre : “Dieu ne te délivrera pas de toi-même ; Il te délivrera de la lassitude et du dégoût de toi-même”.

 

La maladie vous dépossède. Elle vous dénude. Elle vous contraint à vous interroger sur les vraies valeurs. Nous voulons une plus grande maison, une plus puissante voiture, plus d’argent, mais en serons-nous plus heureux ? Je constate souvent chez ceux qui possèdent moins un sourire plus radieux que chez ceux qui ont tout.

 

“Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu‘il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive”, dit Jésus (Mt 16, 24). Alors je porte ma croix et je découvre que c’est le secret de la joie. Je réalise aussi que Dieu est là afin de m’aider à la porter. Pour la première fois de ma vie, je n’envisage pas une solution à une épreuve que j’affronte. Je sais aujourd’hui que je risque fort de ne plus pouvoir chanter. Ma confiance la plus totale, c’est en Dieu que je la place : “Que ta volonté soit faite Seigneur ! Sans Toi, je suis perdu”. »

 

 

 

Mes 10 conseils pour se laisser consoler

 

1 Se mettre en présence de la Présence. Prier, c’est aider le Ciel à nous aider, à nous consoler.

 

 2 Décider de prendre les choses comme elles viennent. Une prière copte que j’aime beaucoup dit ceci : « Merci de nous avoir menés à cette heure ». Autrement dit, merci pour la vie qui est là, malgré tout.

 

 3 Se consacrer à ce qui se passe autour de soi. Ouvrir ses « antennes » sur l’insolite, le singulier, l’aimable.

 

 4 Accepter de se laisser faire. Obéir. Faire confiance. Et ma confiance la plus totale, c’est en Dieu que je la place. J’ai en ce moment la grâce de tout déposer aux pieds du Seigneur, de lâcher mon fardeau et de Lui dire : « Débrouille- Toi avec ça, moi je dors ».

 

 5 Regarder les choses de plus haut.

 

L’oraison, la lecture des saints et des maîtres spirituels y aident. Par exemple, les écrits de Thérèse de Lisieux, une âme extraordinaire qui me console : l’endurance joyeuse dans la souffrance.

 

 6 S’appuyer sur ses points faibles pour continuer à avancer. Par exemple, je ne me bats plus contre l’angoisse qui m’est inhérente : dans cette lutte, elle finit toujours par triompher.

 

 7 Arrêter de se projeter en permanence dans demain. Appliquer la recommandation du

Christ : « Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. À chaque jour suffit sa peine » (Mt 6, 34).

 

 8 Éviter les complications. La sérénité passe par la simplicité.

 

 9 Privilégier les rencontres qui font du bien. C’est un moine de l’abbaye de Saint-Wandrille – un ex-junkie qui irradiait de joie – qui m’a rendu Dieu familier. Grâce à lui, Dieu a cessé d’être une simple idée ; Il est devenu une expérience, la douceur que j’ai toujours recherchée.

 

 10 Goûter la consolation de l’humilité. L’orgueil est le pire ennemi de l’amour de Dieu. Il conduit à la mort. Depuis ma conversion, je peux éprouver une grande émotion, une énorme satisfaction après une réussite, un bon disque, un bon spectacle, mais je ne m’enorgueillis plus. J’en suis incapable, car je sais désormais que je ne suis qu’un serviteur inutile... mais infiniment précieux aux yeux de Dieu.

 

 

 

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