1953 - Qui vole dans les soucoupes ?

 

Bien que sceptique sur l'apparition d'ovnis aux Etats-Unis, L'Express retranscrit des extraits du livre du major Donald E. Keyhoe, Flying Saucers from Outer Space, qui inventorie les preuves de l'existence des soucoupes volantes.

 

Dans L'Express du 14 novembre 1953 

 

Les soucoupes volantes provoquent de nouveau l'intérêt général parce qu'elles sont apparues dans le ciel européen à des pilotes de la R. A. F. Les services de renseignements britanniques ont pris l'événement au sérieux et enquêtent, en liaison avec les services américains, pour tenter de déceler l'origine des mystérieux engins. 

 

L'armée de l'air américaine entretient à Dayton (Ohio) un Centre de renseignements spécialisé (Air Technical Intelligence Center). Depuis le 1er janvier 1952, le centre a envoyé environ 2.000 rapports concernant les soucoupes volantes. Des explications plausibles ont été trouvées dans 62,1% des cas. 

 

Restent les cas non explicables.  

 

Obnubilé par le problème, un ancien commandant du corps des marines, le major Donald E. Keyhoe, lui a consacré, en 1950, un premier livre. Il en publie maintenant un second Flying Saucers from Outer Space dont nous exposons ici la thèse essentielle : selon l'auteur, les soucoupes sont les envoyées d'un monde inconnu. L'Armée de l'air le sait, mais tente de dissimuler les faits au public. Voici la théorie du major Keyhoe :  

 

L'Armée de l'Air américaine est aux prises avec un problème explosif : dans quelles limites l'opinion publique doit-elle être informée sur les soucoupes volantes ? Depuis 1951, de hauts fonctionnaires civils sont tenus au courant des dernières informations relatives à ce problème : plus d'un sceptique est sorti profondément ébranlé des séances ultra-secrètes où les officiers de renseignements dévoilaient leurs rapports.  

 

L'auteur a vu la plupart de ces rapports. Il a lu les déclarations de pilotes milliaires ou civils, et les conclusions du Centre de Renseignements. Petit à petit, le mystère s'est dissipé, révélant une réalité dramatique. Jusqu'à présent, les soucoupes volantes n'ont manifesté aucune tendance à l'hostilité. Mais ces machines étranges se sont approchées bien dangereusement des avions américains ou autres.  

 

Depuis 1949, les aviateurs répètent que les soucoupes volantes sont des plaisanteries, des hallucinations ou des erreurs. Jusqu'en août 1952, il était impossible d'obtenir d'eux le moindre renseignement. Soudain, à cette date, leur politique a changé, et ils ont ouvert leurs dossiers. 

 

Trois rapports

 

Dans la nuit du 4 décembre 1952, un pilote terrorisé atterrissait à Laredo (Texas) : à une quinzaine de kilomètres du terrain, un engin vaguement éclairé par une lumière bleue avait failli entrer en collision avec son appareil ; la dernière seconde, l'objet avait évité le "P. 51", dans un piqué à mort avant de disparaître dans la nuit.  

 

Trois ans plus tôt, les officiers de renseignements de la base auraient ri au nez du pilote. En cette nuit de décembre, ils l'interrogèrent pendant deux heures. Conclusion officielle de l'enquête : il est possible que le pilote du "P. 51" ait eu affaire à un avion inconnu.  

 

Dans la soirée du 9 janvier 1953, un bombardier "B. 29", piloté par le capitaine George Madden et le second pilote Briggs accomplissait une mission normale d'entraînement au-dessus de la Californie. La nuit était claire et le ciel paraissait vide lorsque le lieutenant Briggs aperçut soudain, sur sa droite, une sorte d'éclair bleuté. Se dirigeant vers le "B. 29", à une vitesse fantastique, une formation d'objets vaguement bleus traversait le ciel en V. Briggs se mit à crier et Madden, qui vérifiait ses instruments de bord, leva la tête. Pendant une fraction de seconde, la formation poursuivit son chemin à toute vitesse, puis, brusquement, ralentit. Puis elle se mit à grimper et disparut.  

 

Aucun appareil supersonique, aucun avion d'essai n'avait pris l'air cette nuit-là aux Etats-Unis. 

 

Mais l'événement le plus troublant se place à l'aube du 6 décembre 1952, au-dessus du golfe du Mexique. Un autre "B. 29" regagnait sa base au Texas. Il volait à 18.000 pieds, par un brillant clair de lune, et se trouvait à environ 150 km des côtes de Louisiane lorsque, à 5h25, l'observateur-radar, le lieutenant Coleman, aperçut sur son écran le "blip" d'un engin inconnu. Une seconde plus tard, un autre "blip", apparaissait et franchissait en un rien de temps tout l'écran, se déplaçant manifestement à une vitesse prodigieuse. Le lieutenant Coleman vérifia ses appareils ; le "B. 29" possède trois écrans de radar : la vitesse enregistrée (5.420 miles à l'heure) lui donnait à penser que le calibrage des radars était défectueux. 

 

On procéda à un nouveau calibrage. A peine était-il terminé que quatre nouvelles traces traversaient à nouveau les écrans. L'un des membres de l'équipage se précipita au hublot : il vit un objet bleuté qui passait à toute vitesse sous Je bombardier. Puis le radar enregistra trois nouveaux "blip" : les objets inconnus convergeaient tous sur le bombardier et, à la dernière fraction de seconde, modifiaient leur course pour éviter la collision.  

 

Six minutes après la première apparition tout se calme - et l'équipage du "B. 29", se mit à respirer. Pas pour longtemps. Un quatrième groupe d'UFOs (unknown flying objects : objets volants inconnus) intervint. Un autre membre de l'équipage regarda par un hublot et aperçu deux objets bleus et leur trace dans le ciel. Pendant ce temps, sur le radar, une scène étonnante avait lieu : cinq soucoupes se précipitaient vers le bombardier - vers le centre de l'écran -, ralentissaient leur allure et, pendant dix secondes, se maintenaient à la vitesse du "B. 29". Au même moment, un "blip", énorme apparaissait sur l'écran, et la chose fantastique se produisait : à 5.000 miles à l'heure, les soucoupes se ruaient sur l'engin plus gros, et se fondaient en lui. Instantanément, le gros "blip" accéléra, traversa l'écran et disparut.  

 

Le sens de cette scène était clair : les soucoupes avaient été lâchées d'un appareil-mère pour une mission de reconnaissance et, celle-ci accomplie, avaient regagné leur nid volant.  

 

C'était peut-être incroyable, mais réel : les radars fonctionnaient parfaitement, et deux membres de l'équipage avaient vu de leurs yeux les engins à l'endroit précis où l'écran les plaçait.  

 

Le rapport du Centre de Renseignements qui accompagnait le rapport du pilote du "B. 29", commentait sèchement : "Toutes les possibilités d'un phénomène naturel quelconque ont été étudiées. Conclusion : origine inconnue". 

 

Voici donc les faits, répétés, avec des variantes, à des dizaines d'exemplaires dans d'autres rapports. Une fois qu'on est persuadé que ces engins existent réellement, trois possibilités se présentent à l'esprit : ce sont des appareils américains secrets, des appareils soviétiques ou des appareils venant d'une autre planète. Les deux premières hypothèses ne résistent pas à l'examen ; donc les soucoupes volantes viennent d'un monde extérieur au nôtre. Quelle force motrice utilisent-elles ? Peut-être l'énergie atomique, ou quelque source inconnue, comme les rayons cosmiques ; plus probablement, l'énergie des champs magnétiques.  

 

Les Canadiens se sont penchés avec beaucoup de persévérance sur le problème. Un rapport officiel qui est passé par l'ambassade canadienne à Washington déclare : "Un groupe de savants canadiens travaille depuis un certain temps sur les problèmes relatifs à la force magnétique terrestre. Ces études semblent ouvrir la voie à une nouvelle science des phénomènes magnétiques. Si leurs conclusions préliminaires sont correctes, elles offrent une explication toute trouvée de certains phénomènes relatés en corrélation avec des soucoupes volantes.  

Couverture de L'Express n° 26 du 14 novembre 1953.L'Express

 

Des conclusions secrètes

 

Le rapport précise comment la force magnétique terrestre pourrait être productrice d'énergie, et remarque que la plupart des descriptions données par ceux qui ont aperçu des soucoupes volantes correspondent à celle d'un engin qui transformerait la force magnétique en énergie utilisable. 

 

Il existe d'ailleurs, des photographies de soucoupes volantes prises en juillet dernier par un officier marinier. C'est un film qui, en outre, montre plusieurs de ces soucoupes en train d'évoluer. Les laboratoires de l'Armée et de la Marine l'analysent depuis ce temps : aucun truquage n'a pu être décelé. Ce film constitue-t-il la preuve que les soucoupes volantes viennent d'une autre planète ?  

 

En tout cas, l'Armée de l'Air garde, pour l'instant, ses conclusions secrètes. Un rapport concluant, effectivement, qu'aucune autre explication n'est possible, existe quelque part. Mais on ne veut pas le publier. La théorie des "soucoupes volantes interplanétaires" a provoqué toutefois, la mise au point suivant : "L'Armée de l'air et son Centre de renseignements connaissent les conclusions auxquelles le major Keyhoe est parvenu, à savoir que les soucoupes volantes viennent d'une autre planète. L'Armée de l'Air n'a jamais nié cette possibilité. Certains de ses membres croient qu'il s'agit d'un phénomène naturel étrange et complètement inconnu : mais si les manoeuvres apparemment contrôlées signalées par de nombreux observateurs compétents, sont exactes, alors la seule explication plausible est : la soucoupe volante est un engin interplanétaire". (Des porte-paroles de l'Armée de l'Air ont, depuis, déclaré que cette affirmation constituait l'opinion personnelle d'un employé civil, M. Albert Chop, qui était chargé, au début des affaires de soucoupes volantes). 

 

Nous sommes espionnés. Nous sommes espionnés par des êtres venant d'une autre planète. Peut-être ces gens-là n'ont aucune intention hostile - mais l'opinion publique devrait être prévenue, et tous les savants devraient être invités à travailler sur ce problème. Nous devons accepter la possibilité que les habitants des soucoupes volantes soient différents de nous. Même s'ils ne sont absolument pas menaçants, leur seule apparence pourrait provoquer des paniques. Peut-être n'attendent-ils qu'une certitude : qu'ils ne courront aucun danger en atterrissant. Quelle que soit leur apparence, nous devons être prêts à les accueillir amicalement. Ces premières rencontres avec des êtres d'un autre monde pourraient être la plus grande aventure de tous les temps. Mais nous devons nous garder de toute crainte, de toute panique, de toute violence : il ne faudrait pas qu'une tragique erreur transforme des visiteurs pacifiques en ennemis mortels. De ces premiers moments dépend le sort du monde.  

 

Flying Saucers from Outer Space. Ed. Henry Holl and Co, New-York.  

 

(Nous supposons que les théories du major Keyhoe se heurteront, en France, à un scepticisme qui nous paraîtrait amplement justifié. Nous signalons néanmoins cet ouvrage en raison de l'audience que l'auteur rencontre).  

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