L’Express : 3 questions autour de la planète potentiellement habitable découverte par la Nasa - Août 2019

 

“Vivre sur une de ces planètes ? De la science-fiction ! L’astrophysicien précise que ce terme “habitable” est “un peu trompeur”. “Cela se réfère juste à la température de la planète pour la présence d’eau. Il faut beaucoup d’autres critères pour héberger la vie, ce qui est encore différent de pouvoir y habiter.”

 

L’Express

 

Une image virtuelle de la planète GJ 357. Vidéo de la Nasa (Capture d'écran)

Jeudi, la Nasa a annoncé avoir découvert GJ 357d, une exoplanète sur laquelle la vie serait possible.

Trois nouvelles planètes ont été découvertes en orbite autour de GJ 357, une petite étoile en phase de refroidissement également appelée une naine rouge. Elles forment ainsi un système solaire situé à 31 années-lumière de la Terre. L'une de ces trois planètes a été présentée, lors de l'annonce de la Nasa jeudi, comme "potentiellement habitable". Elle a été baptisée GJ 357d.  

 

Pour comprendre les enjeux d'une telle découverte, L'Express a interrogé l'astrophysicien Xavier Bonfils, chargé de recherches au CNRS oeuvrant à l'Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble. 

 

Qu'est-ce que c'est, une planète "habitable" ?

 

Une planète potentiellement habitable est une planète située dans la "zone habitable".

C'est-à-dire, explique l'astrophysicien, qu'elle doit se situer à une distance intermédiaire - ni trop près ni trop loin - de son étoile, afin d'avoir une température moyenne qui permettrait d'abriter de l'eau sous forme liquide. 

 

C'est ici le cas avec la GJ 357d par rapport à la naine rouge. Les chercheurs qui ont découvert GJ 357d estiment que les températures tournent autour de -53 degrés. "Cela semble un peu froid à première vue. Mais si l'atmosphère était dense (contrairement à Mars), l'effet de serre réchaufferait la surface et l'eau pourrait être liquide", espère également le chercheur Rafael Luque, astrophysicien espagnol qui a dirigé les recherches. 

 

Parmi les autres critères utilisés pour mesurer l'habitabilité d'une planète figurent aussi un sol rocheux et une taille similaire à la Terre. La GJ 357d fait cependant deux fois la taille de la Terre. Aujourd'hui, selon le site du Planetary Habitability Laboratory, 18 exoplanètes (planètes qui se situent hors de notre système solaire) potentiellement habitables, de la taille de la Terre, ont été découvertes. 

 

Comment les trouve-t-on ?

 

Pour détecter ce genre de planètes, on met en place un système qui s'appelle "la méthode de transit", explique Xavier Bonfils. La technique consiste à "mesurer la lumière d'une étoile en continu et, quand il y a une baisse de luminosité, comme une éclipse, c'est qu'une planète passe devant. La profondeur de l'éclipse sera proportionnelle à la surface de la planète".  

 

"Plus la planète est proche de son étoile, plus elle sera facile à détecter, poursuit-il.

Avec une année plus courte que celle de la terre, 56 jours par exemple (comme pour la planète GJ 357d), on va la voir passer devant l'étoile plus souvent". 

 

L'instrument qui a été utilisé dans ce cas est le satellite TESS de la Nasa qui "cherche dans tout le ciel des planètes en transit".  

 

Peut-on vraiment y habiter ?

 

Vivre sur une de ces planètes ? De la science-fiction !

L'astrophysicien précise que ce terme "habitable" est "un peu trompeur". "Cela se réfère juste à la température de la planète pour la présence d'eau. Il faut beaucoup d'autres critères pour héberger la vie, ce qui est encore différent de pouvoir y habiter. Par 'vie' on entend des micro-organismes", explique-t-il ainsi.  

 

Il précise alors qu'en dehors de la température, il faut la même masse et la même taille que la Terre. De plus, "on ne sait pas encore si ces planètes ont une atmosphère et, sans atmosphère, il n'y a pas de vie".  

 

 

"Mais on ne les cherche pas dans le but d'y habiter, on recherche des planètes pour comprendre comment elles se forment, pour savoir de quoi est fait l'espace qui nous entoure", poursuit le scientifique.

 

Savoir si la vie existe ailleurs dans l'espace, trouver les traces d'une vie extraterrestre, présente ou passée, c'est "le moteur important de la recherche". Mais Xavier Bonfils prévient : "On n'y habitera jamais parce que c'est extrêmement loin"... 

 

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