Wikipédia et les « parasciences » : désinformation et parti pris (par Alain Moreau)

 

Les fanatiques anti-psi (mais aussi anti-OVNIs, etc.) ont trouvé, avec Wikipédia, le moyen idéal d’imposer leurs « analyses » (en choisissant soigneusement leurs références au détriment de bien d’autres n’allant pas dans leur sens) aux gens qui lisent leurs textes, à propos des sujets abordés dans le domaine des « parasciences » (phénomènes psi, etc.).

 

 

Voici, à cet égard, les déclarations de deux scientifiques déplorant les méthodes utilisées dans Wikipédia par ces « rationalistes » sectaires, citations que l’on trouve dans chaque numéro (rubrique : « Wikipédia veut me tuer ») de la revue Nexus (exemple : page 29 du numéro 126, de janvier-février 2020) : 

 

La première citation (je souligne en caractères gras deux passages) est du chercheur en neurosciences Mario Beauregard, extraite de : Un Saut quantique de la conscience – Pour se libérer enfin de l’idéologie matérialiste (éditions Guy Trédaniel, janvier 2018) :

 

« Les pseudo-sceptiques, qui essaient de se faire passer auprès du grand public pour de véritables sceptiques, diront que les évidences empiriques présentées dans ce livre peuvent être expliquées par des mécanismes physiques, et qu’elles ne remettent donc pas en question la vision du monde matérialiste. Ce qu’il est essentiel de dire ici est que ces pseudo-sceptiques n’ont absolument rien en commun avec les véritables sceptiques. Sans préjugés, ces derniers mènent des enquêtes et conduisent des recherches avec un esprit ouvert et objectif car ils sont motivés par un désir de compréhension et de connaissance, ainsi que la recherche de la vérité. Les vrais sceptiques tiennent aussi compte de toutes les évidences. Faisant preuve de pensée critique et d’analyse rationnelle, ils questionnent les faits et leurs interprétations. Cognitivement souples, ils ne sautent pas à des conclusions hâtives et sont prêts à remettre en question leurs propres croyances, ainsi qu’à ajuster leurs hypothèses en fonction des découvertes nouvelles.

 

Quant à eux, les pseudo-sceptiques sont des fondamentalistes engagés dans une croisade pour défendre à tout prix la doctrine matérialiste. Ainsi, ces ‘’fondamatérialistes’’ se sont regroupés afin de mener une guérilla sur Wikipédia ; ils se sont organisés pour infiltrer cette encyclopédie en ligne. Travaillant en équipe et utilisant des pseudonymes, ils s’assurent que cette encyclopédie en ligne présente la recherche sur les phénomènes psi, de même que certains aspects des recherches sur les médecines alternatives et complémentaires, comme étant de la pseudoscience. Ces fondamatérialistes manipulent également les pages biographiques des chercheurs impliqués dans ces recherches.

 

Les pseudo-sceptiques se présentent comme les défenseurs de la pensée critique, de la logique et de la raison. Ayant l’esprit fermé, ils ne s’intéressent pas aux faits et à la vérité. Aussi ne cherchent-ils pas à examiner les preuves ou à conduire des expérimentations. De plus, ils nient toutes les évidences qui ne sont pas compatibles avec la doctrine matérialiste ou ils essayent de convaincre que, tôt ou tard, des explications physiques permettront de démystifier toutes les données empiriques. Malhonnêtes intellectuellement, ils n’hésitent pas à mentir et à faire de la désinformation, ainsi qu’à s’attaquer aux scientifiques dont les travaux démontrent le caractère erroné de leur sacro-sainte doctrine. Ces pseudo-sceptiques souffrent d’un syndrome que j’appelle le ‘’rétrécissement du champ d’expérience consciente’’ (ou RCEC).

 

Le plus pathétique, c’est qu’en dépit de ce syndrome dont ils sont affligés, les pseudo-sceptiques prétendent savoir ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Ultimement, ceux-ci cherchent le contrôle mental de la population. »     

 

La seconde citation est d’Eben Alexander (je la mets en caractères gras), et elle est extraite de son livre intitulé : Voyage d’un neurochirurgien au cœur de la conscience (éditions Guy Trédaniel, septembre 2018) : 

 

« J’ai eu des échanges frustrants également avec Wikipédia dans son traitement des détails de mon histoire et de ses retombées. Bien que Wikipédia affirme être une source d’information objective, ses éditeurs ont un biais manifeste à l’encontre (et bien souvent suppriment) des contributions de ceux qui croient en la réalité des expériences spirituelles. Entre-temps, les cyniques qui attaquent de telles expériences ont la main libre pour alimenter le site, faisant de Wikipédia rien d’autre qu’une source généralisée de désinformation sur certains sujets. » 

 

Ainsi, si Wikipédia est une source d’information correcte sur les sujets non polémiques, il en va tout autrement dans le domaine des « parasciences » en général.

 

On trouve à cet égard un intéressant article de Mallory Clément dans le numéro 118, paru en septembre 2020, de la revue Parasciences.

L’auteur évoque le livre paru en décembre 2013 (et réédité en mai 2020) de Craig Weiler (un journaliste spécialisé en parapsychologie) : Psi Wars : TED, Wikipedia and the Battle for the Internet. La réédition du livre a été soutenue par le psychologue et parapsychologue Callum Cooper.

 

« Dans son ouvrage, Weiler affirme que les études et les chercheurs favorables à l’existence des phénomènes dits paranormaux, notamment ceux sensibilisés au sujet de la réalité du psi, sont boudés, rejetés ou humiliés, non pas par la science, mais par la plupart des courants ‘’sceptiques’’ qui prétendent faire autorité en la matière. L’auteur s’est entre autres attaché à démontrer la non-objectivité de Wikipédia quand il s‘agit d’aborder le paranormal. » (M. Clément)

 

On relève, dans les articles de Wikipédia relatifs aux « parasciences », un biais connu sous le nom de « Cherry-Picking », qui consiste à mettre en avant des données qui donnent du crédit à une opinion, en occultant les travaux qui la contredisent. La majorité des sources concernent des sites ou des personnalités bien connues du « scepticisme », en réalité du fondamentalisme scientifique.

 

Le site Skeptical about Skeptic compte des dizaines d’articles qui dénoncent la désinformation de Wikipédia au sujet du paranormal : 

 

« La plus grande farce de l’histoire moderne de la technologie est peut-être la perception de Wikipédia comme une encyclopédie légitime. Elle n’a aucune des qualifications en tant que telle, mais a toutes les caractéristiques d’une machine de propagande compromise, déguisée en encyclopédie. »

 

« La situation est particulièrement mauvaise dans tous les domaines liés à la parapsychologie, à la médecine alternative et complémentaire, et dans les pages biographiques des scientifiques impliqués dans l’étude de ces domaines. (…) Bien que la politique officielle de Wikipédia soit que les articles doivent représenter un point de vue neutre, les sceptiques ont infiltré l’administration de Wikipédia et ont réussi à faire définir la parapsychologie comme une pseudoscience, ainsi que de nombreux aspects de la médecine alternative et complémentaire. Les équipes sceptiques affirment alors que tout éditeur qui s’y oppose contrevient à la politique du point de vue neutre, car ces sujets sont définis comme de la pseudoscience.

 

Ces équipes sont engagées dans une sorte de fondamentalisme scientifique et ont une vision extrêmement étroite de la science, encore plus étroite que celle d’organisations sceptiques plus traditionnelles. » (Skeptical about Skeptic – Les sceptiques du scepticisme)

 

On lit, dans le « dictionnaire sceptique », que certains prix Nobel en faveur du paranormal étaient ou sont des malades mentaux. Les travaux en parapsychologie dont l’objet de critiques irrationnelles et de propos fallacieux, alors que la recherche actuelle dans cette discipline correspond aux meilleurs travaux académiques, « ce que concèdent certains sceptiques bien connus, comme Chris French ou encore Jean-Michel Abrassart ».

 

« Le sérieux des travaux académiques en parapsychologie égale, voire surpasse, d’autres disciplines académiques en raison de la pression constante que cette discipline connaît à cause des attaques continues des sceptiques qui en demandent toujours plus. » (M. Clément)

 

Le psychologue clinicien Renaud Evrard a cité Bruno Lussato :

 

« La plus vaste désinformation de l’histoire des sciences : la mise au ban de la parapsychologie. »

 

On voit, sur Wikipédia, que certains liens relatifs au « scepticisme rationnel » renvoient à des mouvements sceptiques extrêmement durs comme « Guérilla scepticisme » dont l’ambition est d’avoir la mainmise sur Wikipédia à propos des sujets concernant le paranormal.

 

« Les guérilleros sceptiques sont bien formés, très motivés, ont un agenda idéologique et opèrent en équipe, contrairement aux règles de Wikipédia. Le cerveau derrière cette organisation est Susan Gerbik. Elle explique comment ses équipes travaillent, dans une vidéo de formation. Elle compte maintenant plus de 90 guérilleros opérant dans 17 langues différentes. Les équipes sont coordonnées via des pages Facebook secrètes. Ils vérifient les informations d’identification des nouvelles recrues pour éviter les infiltrations. Leur objectif est de ‘’contrôler l’information’’, et Mme Gerbik se glorifie du pouvoir qu’elle et ses guerriers exercent. Ils ont déjà pris le contrôle de nombreuses pages de Wikipédia, supprimé des entrées sur des sujets qu’ils désapprouvent et dynamisé les biographies des athées. » (C. Cooper)

 

Etzel Cardena, professeur de psychologie et auteur de plus de 250 articles académiques, a publié en mai 2018 un article (au sein de l’American Psychological Association) dans lequel il a fait une rétrospective des recherches en parapsychologie :

 

« Les preuves fournissent un soutien cumulatif de la réalité du psi, qui ne peut pas être facilement expliquée par la qualité des études, la fraude, les rapports sélectifs, l’incompétence expérimentale ou analytique, ou d’autres critiques fréquentes. Les preuves du psi sont comparables à celles des phénomènes établis en psychologie et dans d’autres disciplines, bien qu’il n’y ait pas de compréhension consensuelle de ceux-ci. » (E. Cardena)

 

Quelques mois plus tard, le psychologue James Alcock, un négateur bien connu de la parapsychologie, a publié un article dans le même magazine en affirmant que la parapsychologie n’est pas digne d’intérêt et que ses résultats sont nécessairement faux car ils remettraient en question le savoir académique, mais il n’amène, dans son article, aucun argument valable.

 

« Hélas, Wikipédia retient le plus souvent les critiques des négateurs du ‘’Skeptical Inquirer’’ au détriment de tous les résultats qui les contredisent. » (M. Clément)

 

D’autres « sceptiques » ont critiqué Alcock.

Ainsi, le « Comité Para » (le mouvement zététique belge)  a critiqué, dans un article, a critiqué les biais d’Alcock, bien que ses membres restent convaincus de la non-existence de la majorité des phénomènes paranormaux. En outre, Richard Wiseman (qui fait partie, avec Ray Hyman, Susan Blackmore, James Alcock et Chris French, des critiques les plus connus du paranormal) a dit en 2008, dans une interview pour le Daily Mail, qu’il était d’accord pour dire que, compte tenu des standards de tous les autres domaines de la science, l’existence du remote viewing (la vision à distance) est scientifiquement prouvée, mais qu’on a besoin de standards différents pour le paranormal. Son raisonnement (mis par ailleurs en exergue par les zététiciens) est qu’une affirmation extraordinaire nécessite des preuves écrasantes avant de tirer la moindre conclusion.

Mallory Clément donne aussi cette citation de Bryan J. Williams :

 

« Tous les points soulevés jusqu’à présent devraient montrer clairement que, en fin de compte, la réfutation de Reber et Alcock n’est pas particulièrement valable, contenant de nombreux arguments non fondés (et finalement erronés), que les sceptiques ont continué à faire écho à propos de la parapsychologie au fil des ans. Plutôt que de la parapsychologie (comme le soutiennent Reber et Alcock), c’est peut-être un scepticisme résolument fermé d’esprit  qui ‘’montre peu de preuves de progrès’’, comme le psychologue (et chercheur psi) Chris Roe l’a fait remarquer récemment. »   

 

Le Canadien Christian Page critique aussi les biais de Wikipédia relatifs au paranormal. Il a échangé avec Pascale Catala dans le cadre de son émission « Radio X-Files » au sujet des fantômes et maisons hantées, et avec Mallory Clément dans le cadre d’une émission sur le

« pseudo-scepticisme ».

 

Mallory Clément note que faire un état des lieux de tous les biais et inexactitudes de Wikipédia au sujet du paranormal est un travail colossal qui demanderait des ouvrages académiques pour en identifier avec clarté les multiples raisons.

 

S’agissant des fantômes, hantises et poltergeists, Mallory Clément note notamment que les recherches des parapsychologues et chercheurs indépendants sont, sur Wikipédia, peu citées et à jour, et que les infrasons, les champs magnétiques, la suggestion et les moisissures, ne s’avèrent pas suffisantes pour expliquer la totalité des cas de hantises et d’apparitions. Un travail rétrospectif universitaire est revenu sur nombre de propos « scientifiques » complètement exagérés et inexacts pour expliquer ces phénomènes :

 

« Nous concluons donc qu’un modèle exclusivement ou principalement environnemental – c’est-à-dire reposant sur des signaux intégrés discrets, la qualité de l’air, la température, les infrasons, les niveaux d’éclairage ou les champs électromagnétiques – est actuellement insuffisant comme explication générale de ce qui imprime certains endroits ou paramètres avec un personnage hanté. (…) » (Neil Dagnall)

 

Sous l’influence de scientistes (je préfère de loin « scientistes » à « sceptiques », car nous avons affaire, en réalité, à des spécialistes du dénigrement systématique en matière de « parasciences ») bien connus, comme Joe Nickell, il est écrit, sur le Wikipédia américain, que la science a mis un point final à la question, tout étant censé s’expliquer par des champs magnétiques, des infrasons et la paralysie du sommeil.

 

« Ce sont là des arguments inexacts. Pire, Wikipédia présente pour vrais des arguments qui sont réfutés par la recherche scientifique actuelle, lesquels sont relayés par la plupart des magazines scientifiques mainstream qui véhiculent à leur tour, sans vérification, ces affirmations erronées. » (M. Clément)

 

Les scientistes font référence, comme causes du phénomène, à la maladie d’Alzheimer, aux troubles mentaux et aux erreurs d’interprétations, en occultant, « bien évidemment, tous les travaux des parapsychologues et les recherches académiques disponibles sur Academia, la SPR et Google Scholar qui vont à l’encontre des arguments réductionnistes classiques ». 

 

J’ajoute pour ma part que ce caractère plus que largement insuffisant des explications environnementales (et psychologiques) est bien mis en évidence par les visites de « maisons hantées » mises en scène dans des émissions – qui ont été diffusées sur CStar – telles que, notamment, « Ghost Adventures » (avec Zak Bagans) et « S.O.S. La maison est hantée ! » (avec Sandy Lakdar et le médium Chris Fleming) ! Les ratio-scientistes sont prompts à critiquer et à théoriser de façon réductrice et matérialiste, mais heureusement que d’autres (les « chasseurs de fantômes ») font, à leur place, le travail sur le terrain, le seul qui compte. Le fait qu’il ne s’agisse pas de scientifiques ne fait rien à l’affaire car on peut faire du bon travail sans pour autant exhiber des titres universitaires.

 

Henri Broch et le Prix Nobel Georges Charpak sont présentés comme des « références sceptiques », la caution de « Prix Nobel » sceptiques étant présentée comme étant un « gage de sérieux ».

Par contre, Renaud Evrard a identifié (dans Enquête sur 150 ans de parapsychologie, éditions Trajectoire) une vingtaine de Prix Nobel favorables au paranormal :

 

« Lorsqu’on applique ici cette distinction conceptuelle, on constate que les Prix Nobel favorables à la parapsychologie peuvent se targuer d’avoir une expertise contributive, puisqu’ils ont participé activement aux recherches qu’ils défendent. Alors que ce n’est pas le cas des Prix Nobel défavorables à la parapsychologie. Ces derniers sont uniquement des Prix Nobel scientifiques, qui sont sollicités après l’obtention de leur prix pour donner un avis sur des domaines extérieurs à leur discipline. Ils n’ont en fait aucune expertise scientifique, mais bénéficient de l’expertise construite par le cadre social. »  

 

Je précise, pour ma part, que le cas typique de Prix Nobel qui a été (à la fin de sa vie) défavorable à la parapsychologie, tout en n’ayant aucune compétence en la matière, est Georges Charpak (décédé en 2010).

 

En 2002, les éditions Odile Jacob ont publié un livre qui a obtenu un grand succès de

librairie : Devenez sorciers, devenez savants. Les auteurs sont Henri Broch, physicien et

« zététicien » enseignant à l’Université de Nice (et qui a maintenant pris sa retraite), et Georges Charpak, Prix Nobel de physique (décédé en 2010).

 

L’objectif des co-auteurs était de lutter contre les « parasciences », des disciplines qui, pour ces rationalistes, riment avec « fausses sciences ». Ils ont voulu, par ce pamphlet, lutter contre ce qu’ils assimilent à de l’obscurantisme.

Ce livre, qui a bénéficié d’une grande couverture médiatique, a été encensé par

l’« intelligentsia ». Il a en fait été essentiellement rédigé par Henri Broch (dont la prose est aisément reconnaissable pour celui qui connaît ses livres antérieurs), Georges Charpak s’étant contenté de « miettes » et notamment d’un passage sur la radioactivité, sujet dont le coefficient de corrélation avec le « paranormal » est égal à O.

En fait, Georges Charpak n’a fait que prêter son nom à une entreprise considérée par lui comme étant de salubrité publique. Néanmoins, pour qui connaît le vaste dossier des

« parasciences », le contenu de ce livre ne présente pas un grand intérêt.

 

Le succès du livre n’est dû, en réalité, qu’au titre de Prix Nobel de Georges Charpak (et donc au battage médiatique associé), et aussi peut-être un peu au titre racoleur : « Devenez sorciers, devenez savants ». (Le titre aurait dû être, Jean-Michel Grandsire l’a écrit avant moi, « Devenez bornés, devenez pédants ».)

 

Renaud Evrard note que s’il a été reproché à Yves Lignon d’avoir trop souvent laissé courir la confusion entre son statut d’enseignant (assistant de mathématiques) et celui de professeur, la même confusion « a pu courir pour des sceptiques, à commencer par son dénonciateur Henri Broch », son « laboratoire de zététique » à l’université de Nice n’ayant pas non plus été un laboratoire au sens universitaire, « faisant l’objet d’évaluations quadriennales, etc. ».

 

Mallory Clément note que les attaques ad hominem de Renaud Marhic, adversaire farouche (j’ajoute : « rationaliste » à l’esprit sectaire) des parasciences (qualifiées de « pseudo-sciences ») qualifiant de « fous littéraires » les partisans de la parapsychologie, « semblent avoir été retirées ».

 

« Mais pour le reste, comme pour la page américaine, nous avons droit à un véritable réquisitoire en règle au sujet des fraudes (alors qu’il y a des fraudes dans toutes les autres disciplines académiques), du manque de résultats, et, je passe, d’innombrables biais de confirmation. Les références sceptiques demeurent majoritaires sur une soixantaine de références. Nous avons le droit, comme à l’habitude, au défi zététique et au million de dollars challenge de James Randi qui argue qu’aucune personne qui a prétendu avoir des pouvoirs paranormaux n’a jamais remporté son défi. Et pour cause, en quoi le défi de Randi ou le défi zététique sont-ils scientifiques ? Et, bien évidemment, Wikipédia passe sous silence les nombreuses incohérences et critiques relatives à de tels prix défis alors qu’ils ne remplissent nullement les critères scientifiques auxquels ils devraient se plier.

 

Pour finir, la page francophone se termine par la ‘’croyance’’ en des phénomènes paranormaux et la ‘’paranormal belief scale’’… ce qui ne rend pas du tout justice à cette discipline. Nous constatons néanmoins de timides modifications et des tournures de phrases un peu moins négatives, mais d’une sécheresse intellectuelle affligeante. » (M. Clément) 

 

Le biais et les partis pris sur Wikipédia concernent bien sûr aussi les OVNIs (avec la majorité des cas expliqués par des méprises classiques, et l’affirmation fantaisiste – sur la page francophone – que l’hypothèse psychosociologique répond pratiquement à tous les cas et qu’elle est retenue par « le consensus scientifique actuel »), les NDE, etc.

 

En conclusion, Mallory Clément fait le commentaire suivant :

 

« Je sais pertinemment que cet article est incomplet car j’ai dû faire des choix afin d’illustrer l’incapacité totale de Wikipédia à traiter la question du paranormal avec justesse et avec un esprit critique éclairé.

 

Biais de confirmation, inégalité entre les affirmations sceptiques et tenantes, cherry-picking, raisonnement circulaire, propos fallacieux…

 

La fameuse ‘’encyclopédie du Web’’ semble avoir oublié de traiter le paranormal au profit de la sacralisation de l’ignorance.

 

Toutefois, en prenant du recul, qui peut se targuer d’être neutre au sujet du paranormal ? Personne.

 

Toutefois, que l’on soit ‘’tenant’’ ou ‘’sceptique’’, je pense qu’il faut être à la hauteur de ses prétentions. Comme tous les sujets qui clivent, Wikipédia est une arène où chacun veut avoir raison. Elle n’est absolument pas une encyclopédie dédiée à la connaissance sur ces phénomènes où tout le monde peut s’improviser ‘’experts’’ et ‘’compétents’’.

 

Si vous voulez des informations fiables sur les principales avancées en parapsychologie, je ne peux que conseiller Psi-encyclopedia qui fait un excellent travail sur l’étude scientifique du paranormal. » (1)

 

 

 

* A propos de la psychokinèse :

 

J’évoque, dans le livre (en deux tomes) sur lequel je travaille, le thème de la psychokinèse, dont le cas d’Uri Geller. On ne se débarrasse pas aisément, a noté Guy L. Playfair dans son livre coécrit (Pygmalion, 1987) avec Uri Geller, d’une mauvaise réputation :

 

« Après quinze ans de calomnies, l’idée a fini par s’imposer à l’immense majorité des esprits que la supercherie d’Uri avait été définitivement démasquée. Bien des gens me l’ont assuré, mais aucun ne se souvenait de ses sources d’information. Tous pensaient l’avoir lu quelque part… » (2) 

 

En fait, les principaux responsables de ces calomnies sont certains illusionnistes qui ont fait croire aux gens que les démonstrations d’Uri Geller  ne relèvent que de leur art.

 

Parmi ceux-ci, il y a bien sûr l’Américain James Randi (1928-2020) et, en France, Gérard Majax (né en 1943), tous les deux s’étant faussement targué d’avoir « démystifié » le psychic. Il suffit de voir comment divers médias et sites Internet, dont Wikipédia, présentent le personnage. Internet est une caisse de résonance amplifiée de l’incompétence, des partis pris, des préjugés, des jugements à l’emporte-pièce, de la bêtise, etc., de beaucoup trop de gens. On peut ainsi trouver sur le Web (sur YouTube, etc.), ad nauseam, une foultitude de commentaires injurieux, désobligeants, émanant d’individus incompétents, ignorants et hargneux, concernant Uri Geller (et bien d’autres individus ou thèmes relevant de « l’extraordinaire »).

 

Sur la page anglaise  de Wikipédia consacrée à Uri Geller, celui-ci est incorrectement présenté comme étant un « illusionniste, magicien, (…) et un psychic autoproclamé ». La réalité est différente : c’est un sujet psi (l’équivalent, en anglais, de psychic) ! De même, il existe sur Wikipedia un article intitulé « Spoon bending », la version française (« Torsion de cuillère ») étant la reproduction, partiellement ou en totalité, de l’article en anglais. On voit – outre une photo montrant Guy Bavli – une photo du psychologue anti-psi Ray Hyman faisant « une démonstration des astuces de torsion de cuiller d’Uri Geller » (sic) lors d’un cours magistral en Californie le 17 juin 2012, ainsi qu’une fourchette pliée par James Randi. Les notes et références sont éloquentes et démontrent le parti-pris flagrant de l’auteur anonyme : James Randi, Martin Gardner, Richard Wiseman… Bref, il n’y a que des adversaires de Geller (et de la PK en général, entre autres) ! Bien sûr, le commentaire est « à la hauteur » de ce parti-pris : c’est, lit-on, « une forme répandue d’illusionnisme » (sic), bon nombre de méthodes pour produire cette « illusion » étant utilisées. C’est « un tour de magie connu » (sic) utilisant « beaucoup de variantes différentes ». Les méthodes évoquées sont les suivantes : 

 

« Dans beaucoup de cas, le tour de magie requiert une distraction. Le magicien distrait son public pendant le court instant où il plie la cuillère. La torsion typique, où le creux de la fourchette s’approche de son manche, ne requiert que peu de force. Le magicien dévoile ensuite graduellement la torsion. »

 

Cette façon de procéder ne peut cependant pas être utilisée lors de conditions contrôlées, la distraction nécessaire étant alors absente.

 

Après avoir évoqué une émission de la BBC en 1996 où l’on voit Geller « attrapant fermement la cuiller avec les deux mains alors qu’il se lève pour montrer la torsion », un autre truc est « révélé » :

 

« D’autres méthodes se font à l’aide d’une cuillère en métal qui a été préparée pour qu’un simple effleurement la fasse se tordre ou se briser. On peut par exemple faire ça en tordant plusieurs fois la cuillère là où on veut qu’elle cède, jusqu’à ce que le métal fatigue. Si la cuillère se casse, le magicien tient les deux parties de la cuillère comme si elle n’était pas brisée, puis la lâche doucement, donnant l’impression que la cuillère se plie avant de se briser en deux. 

 

Si un magicien contrôle l’angle de vue, le tour peut être fait avec une cuillère déjà tordue avant le tour. La cuillère est tenue de façon à cacher la pliure, puis le magicien tourne lentement la cuillère pour la révéler. Le magicien Ben Harris, auteur du livre Gellerism Revealed : The Psychology and Methodology Behind the Geller Effect (1985), révèle des photos étape par étape, accompagnées de texte expliquant comment plier des clés et des couverts avec des astuces du genre. 

 

Certains magasins spécialisés vendent des cuillères auto-pliantes (utilisant les propriétés physiques du nitinol). Ces cuillères se plieront toutes seules quand on les utilise pour le thé, le café, ou toute autre boisson chaude, voire avec la simple chaleur humaine. » 

 

Ces autres trucs ne sont pas davantage utilisables dans des conditions contrôlées car il est impossible, dans ce cas-là, de tordre au préalable, manuellement, un ustensile, et on vérifie bien sûr, au préalable, que la cuiller (par exemple) n’a pas déjà été tordue.

Et, évidemment, les cuillères auto-pliantes au nitinol n’ont jamais été utilisées lors des démonstrations de PK, qu’il s’agisse d’Uri Geller, de Jean-Pierre Girard, ou d’autres sujets PK : il s’agissait à chaque fois d’ustensiles métalliques « normaux »… Les seules expériences réalisées avec du nitinol sont : celles qui ont été effectuées dans les années 1970, sous le contrôle d’Eldon Byrd, avec Uri Geller ; l’expérience faite en 1988 avec Jean-Pierre Girard dans le cadre d’un documentaire hollandais ; et celle faite en 1994 sous contrôle illusionniste par François Ranky avec Jean-Pierre Girard. Dans ces cas-là, la mémoire de forme du matériau a été affectée, ce qui n’est évidemment pas le cas des « cuillères-gadgets » en nitinol utilisées par certains illusionnistes pour faussement démystifier l’effet Geller !

 

Sur son site Web (www.girard.fr), J.-P. Girard  mentionne le zététicien Henri Broch qui, lors d’une émission télévisée, a présenté une fourchette (pliée) en nitinol fabriquée pour les illusionnistes, et a suggéré, écrit-il, « sans vraiment le dire, que ce serait ce matériau que j’utiliserais ! ». (C’était à la suite d’une démonstration PK de J.-P. Girard sur une barre métallique et d’une séquence montrant Uri Geller dans les années 1970.)

 

« (…) On est bien loin de l’explication donnée par le physicien ‘’zététicien’’ qui prétend que le secret des prétendus sujets Psi est l’utilisation d’un simple fil de Nitinol™ d’un Ø 2 mm qu’ils mettent à chauffer sous une ampoule électrique ! Les scientifiques et ou les illusionnistes sont beaucoup plus exigeants et rationnels dans leur démarche d’expérimentateurs. Ils ne se contentent pas d’élucubrations critiques abstraites. Seuls les faits concrets les autorisent à exprimer une opinion crédible. En résumé : J’ai reproduit une austénite > à 90°C par psi sur le ressort en modifiant sa forme initiale. Replongé dans l’eau quasi bouillante puis dans l’eau froide, l’état martensitique a figé sa nouvelle forme. Au delà de la preuve de l’absence de tout trucage, cette expérience ne peut être reproduite dans les conditions décrites par tout moyen physique connu, mais uniquement par… psychokinèse. »

 

Le « wikipédien » évoque une étude de Richard Wiseman et Emma Greening (2005) au cours de laquelle deux groupes de participants ont vu une vidéo dans laquelle un faux sujet psi pose une clé tordue sur une table. L’illusionniste a dit au premier groupe que la clé continuait à se tordre une fois le mouvement arrêté, mais pas au second groupe. Les participants du premier groupe ont affirmé avoir vu la clé bien plus tordue que chez le second groupe, une autre étude ayant, dit-on, confirmé ce résultat. On nous dit ainsi que « le témoignage d’actions paranormales peut être créé par suggestion verbale », et on en déduit que les témoignages d’individus qui auraient vu des « vraies » démonstrations paranormales « ne peuvent pas être considérés comme des preuves solides de l’existence du paranormal ». Extrapoler de la sorte, sur la base de ce qui ne relève que d’une forme de suggestion de la part de l’illusionniste visant à convaincre que la cuiller s’est pliée davantage toute seule, pour discréditer les témoignages circonstanciés des personnes qui ont vu ou vécu des phénomènes PK, cela est une absurdité, sachant que par ailleurs nombreuses sont les attestations relatives à des ustensiles métalliques qui ont été vus en train de continuer à se courber après le contact digital avec les objets, divers cas de ce type étant évoqués dans ce livre à propos d’Uri Geller, de Jean-Pierre Girard (avec des barres chez ce dernier), etc.

 

Après l’émergence d’Uri Geller, les illusionnistes ont vite cherché à reproduire ce qu’il faisait par les moyens de leur « art », parmi lesquels il y a ceux qui viennent d’être évoqués. On pourrait ajouter quelques autres « trucs », comme l’utilisation d’un outil dissimulé dans la manche pour tordre subrepticement une cuillère par exemple, ou encontre l’utilisation d’un fil résistant (et « invisible ») pour plier une ou plusieurs dents d’une fourchette. Bien sûr, dans une expérience contrôlée, on vérifie l’absence de fils et cela se fait sans manches « dissimulatrices » (donc avec des manches courtes ou relevées)… 

 

Dans l’article de Wikipédia sur la psychokinèse, l’auteur anonyme écrit, à propos du Projet Alpha (mentionné plus haut) que d’un point de vue épistémologique, « si ce canular ne permet pas de conclure que les phénomènes psi sont inexistants, il remet en cause l’ensemble des résultats supposés prouver l’existence de tels phénomènes et affecte profondément la crédibilité des études ‘’sérieuses’’ de la parapsychologie ». Et bien sûr, on nous dit bêtement que James Randi a démystifié Uri Geller. S’agissant du Projet Alpha, les précisions suivantes sont nécessaires :

 

Ce cas, détaillé par Henri Broch (Le paranormal, 1985, éditions Le Seuil), a également été évoqué dans un numéro de Science et Vie. Les deux comparses de James Randi, Steven Shaw et Michael Edwards, se sont portés volontaires, pour une démonstration de « pouvoirs psi », au Laboratoire McDonnell pour la Recherche Psychique qui venait d’être créé à l’Université Washington de Saint-Louis (Missouri), le directeur du laboratoire étant alors Peter Phillips (un professeur de physique).

 

Les deux individus imposèrent leurs conditions « par de petits accès de colère », la table du laboratoire fut habituellement couverte de très nombreux objets (au lieu de la présence d’un seul objet de test), les spécimens n’étaient pas marqués de manière permanente mais portaient seulement des étiquettes de papier attachées avec des bouts de ficelle… Les deux compères purent réinsérer plusieurs fois le même fusible grillé, l’un d’eux fit varier l’image d’une caméra vidéo simplement en touchant le bouton de contrôle sur le côté de la caméra, etc.

 

Des objets furent placés à l’intérieur d’un aquarium retourné, boulonné et cadenassé sur une solide table. Il était laissé toute la nuit dans une pièce fermée à clef. Steven Shaw et Michael Edwards laissèrent une fenêtre non verrouillée pour pouvoir pénétrer la nuit dans la pièce, et ils découvrirent plusieurs manières d’ouvrir l’aquarium « scellé ». Le matin, on découvrit les objets tordus, cassés, déplacés, des « signes cabalistiques » étant tracés par le déplacement de petits objets dans une couche de café ! Ce ne sont là que quelques exemples parmi d’autres.

 

Les conditions de contrôle étaient donc quasi inexistantes et les deux compères purent ainsi donner libre cours à leur « créativité ». D’autres chercheurs (Berthold Schwarz, Otto H. Schmitt et Walter Uphoff) furent aussi trompés par les jeunes illusionnistes.

 

Le 28 janvier 1983, une conférence de presse organisée à New York par le magazine Discover révéla l’existence du Projet Alpha, lequel, selon Henri Broch, a permis au public informé de celui-ci « de mieux se rendre compte du vide complet » du dossier paranormal. Cette conclusion est inadéquate, l’histoire de la parapsychologie étant pleine de récits d’expériences réalisées par des chercheurs autrement plus critiques que ceux qui se sont fait « avoir » dans le cadre du Projet Alpha. Il suffit, pour s’en convaincre, de prendre connaissance des précautions drastiques (allant jusqu’à la fouille corporelle) prises par certains expérimentateurs lorsqu’ils étudièrent des médiums comme Eusapia Palladino, Franek Kluski, etc.

 

Voici comment Richard Broughton a, quant à lui, présenté le Projet Alpha :

 

« Plusieurs fois au cours d’une période de dix-huit mois, les deux jeunes gens participèrent à des séances de recherche au laboratoire. Ce travail qualifié d’exploratoire s’effectua dans des conditions relativement détendues. Lors du congrès de 1981 de l’Association de parapsychologie, les chercheurs de McDonnell présentèrent une vidéo de certaines séances où, selon eux, s’étaient déroulés des phénomènes intéressants. Les chercheurs précisèrent qu’ils ne revendiquaient rien et venaient simplement demander l’avis de leurs collègues. La vidéo fut littéralement décortiquée par les autres parapsychologues qui y découvrirent de très nombreux points faibles. Les chercheurs revinrent donc à Saint-Louis et restructurèrent leurs expériences conformément aux conseils de Randi (qui s’était proposé pour les aider) et d’autres parapsychologues. Sous ces conditions plus rigoureuses, les deux jeunes gens ne produisirent plus d’effets apparemment psychiques, et les chercheurs signalèrent leur absence de résultats lors du congrès de l’année suivante. Puis ils cessèrent de collaborer avec les deux jeunes gens.

 

L’affaire aurait pu se terminer ainsi, mais, quand Randi comprit qu’on ne travaillerait plus avec ses deux comparses, il organisa une conférence de presse (soutenu en cela par le magazine ‘’Discover’’) et annonça qu’il avait mené une ‘’expérience sociologique’’ pour voir si les parapsychologues étaient à même de détecter des fraudeurs. En privé, Randi avait dit aux chercheurs de McDonnell qu’ils avaient ‘’réussi l’épreuve’’ et que ses deux magiciens étaient incapables de tricher une fois que des conditions plus rigoureuses leur étaient imposées, mais, lors de la conférence de presse et pendant tout le battage publicitaire qui s’ensuivit, Randi tourna en ridicule les travaux des parapsychologues. On se garda bien de mentionner que les chercheurs de McDonnell n’avaient en aucun cas prétendu que leurs deux sujets avaient réussi à produire des phénomènes psy.

 

Peu après, certains commentateurs scientifiques, dont William Broad du ‘’New York Times’’, firent remarquer que si Randi avait été un psychologue, son imposture lui eût valu pas mal d’ennuis auprès de la commission d’éthique de l’American Psychological Association. Lors de la convention de 1983 de la Parapsychological Association, le ‘’Projet Alpha’’ fut vivement condamné par les collègues de Randi venus discuter de la manière dont les magiciens pouvaient collaborer avec les parapsychologues. Malgré son aspect éthique peu reluisant, le ‘’Projet Alpha’’ avait été chaleureusement soutenu par les membres du CSICOP qui y voyaient l’une de leurs plus audacieuses démystifications. » (3)

 

Richard Broughton donne comme références le témoignage d’un des chercheurs de McDonnell qui a détaillé la correspondance et les interactions avec James Randi au cours de cette période (Michael A. Thalbourne, février 1984), ainsi qu’un article de Lloyd M. Auerbach (ASPR Newsletter, numéro 9, avril 1983).

 

Le 10 mars 2015, j’ai vu, sur RMC Découverte, deux émissions intitulées La science de l’étrange. La deuxième émission, diffusée à la suite de la première, a été consacrée

aux « pouvoirs du cerveau », en fait aux facultés psi.

Une séquence a été consacrée à Uri Geller, laquelle a été suivie d’une séquence consacrée à l’un des deux illusionnistes du « Projet Alpha », qui, depuis, s’est spécialisé dans la démonstration de faux effets psi, son but étant de « démontrer » que les vrais facultés psychiques (télékinésie, etc.) n’existent pas, ce qui, à vrai dire, est stupide… Nous avons là un autre prétendu « démystificateur » illusionniste qui ne fait que s’illusionner lui-même (et aussi, hélas, tous ceux qui suivent ses pseudo-démonstrations).

 

Dans l’article Wikipedia sur Gérard Majax (dont le vrai nom est Maurice Faier), on lit que ce dernier a démystifié (la même ritournelle que pour James Randi) Uri Geller. L’auteur anonyme cite, à ce propos, l’émission de Michel Polac en 1987, que j’évoque au chapitre : , avec une grosse inexactitude : il écrit qu’à cette occasion Majax a reproduit les effets produits auparavant dans l’émission par Geller, effets dans lesquels il met – outre l’action sur un club de golf, sur l’aiguille d’une boussole et sur une petite cuiller – le fait de casser un verre sans le toucher et d’éteindre une bougie à distance. Or, Geller n’a aucunement, durant cette émission (je l’ai vue à l’époque), cassé un verre et éteint une bougie ! De plus, il existe des différences entre la prestation de Geller et celle, en fin d’émission, de Majax : Geller n’avait réussi à faire bouger l’aiguille de la boussole (en « s’aidant » d’enfants autour de lui) qu’après un certain délai, le déplacement ayant été en outre de faible amplitude, alors que Majax a provoqué immédiatement un rapide déplacement de l’aiguille et de grande ampleur, preuve qu’il avait dissimulé (contrairement à Geller) un aimant sur lui (ce que Geller lui a alors dit). En outre, je me rappelle avoir vu, à la toute fin de l’émission, un enfant qui tenait un ustensile métallique plié…

 

On lit, sur la page du « zététicien wikipédien » (dissimulé derrière son anonymat) s’exprimant sur la page consacrée à Majax, qu’Uri Geller a, en 2008, reconnu (interview pour Magische Welt) qu’il était un simple prestidigitateur ! Pourquoi, alors, Uri Geller continue-t-il (voir son site Web et sa page Facebook) à se présenter comme un psychic et non comme un prestidigitateur ? C’est une question qui n’a pas effleuré l’esprit de cet individu. En réalité, voici ce qu’Uri Geller avait dit (sur le lien donné – skepticsplay.blogspot.it – par l’auteur anonyme de Wikipedia) : 

 

« I’ll no longer say that I have supernatural powers. I am en entertainer. I want to do a good show. My entire character has changed. »

 

Ceux qui comprennent l’anglais comprennent qu’il n’a pas dit qu’il était un prestidigitateur, mais qu’il a dit qu’il ne dit plus qu’il a des « pouvoirs surnaturels », que c’est un artiste, qu’il veut faire un bon « show », que sa personnalité a changé. C’était, je le précise, à l’époque (dans les années 2000) où il présentait des shows télévisés mettant en scène des personnes faisant du mentalisme, etc. Je note pour ma part que « capacités psychiques » et « pouvoirs surnaturels », c’est différent… De plus, à la fin (Update) du texte référencé par le « wikipédien » on lit que l’interview avec Magische Welt date de novembre 2007 et que Geller a encore affirmé, le 13 janvier 2008, avoir des facultés télépathiques. Ce qui est pathétique et inadmissible, c’est que le lien, sur Google, relatif à « Gérard Majax – Wikipédia », met en exergue cette allégation erronée : « En 2008, Uri Geller a admis lors d’une interview pour Magische Welt être un simple prestidigitateur ». Non seulement c’est faux, comme je viens de le montrer, mais une question se pose : pourquoi mettre en exergue cette petite phrase dans un article consacré à Majax ? On se serait plutôt attendu à une référence à un aspect de la vie de ce dernier… 

 

A noter qu’on lit, sur la page française de Wikipedia à propos d’Uri Geller, la même chose que sur celle consacrée à Gérard Majax : la mention de l’émission de Polac, le prétendu aveu de prestidigitation de Geller ! Preuve que c’est le même individu anonyme (ou un copieur !) qui a rédigé le petit texte inepte concernant les deux personnes ! On lit qu’en 2007, dans l’émission télévisée Phenomenon, Uri Geller a été mis au défi par l’illusionniste Criss Angel de deviner le contenu d’une lettre, ce qu’il a été incapable de faire. Mais l’auteur anonyme énonce aussi plusieurs inexactitudes (lues en août 2020) :

 

– D’abord, il donne la date d’août 1977 pour les 8 jours de sessions expérimentales réalisées avec Geller par le SRI (non cité), alors qu’il s’agit en réalité d’août 1973. 

 

– On lit aussi que Geller a toujours refusé de se plier à un protocole scientifique rigoureux « visant à établir la réalité de ses prétendus pouvoirs ». Il s’est pourtant prêté à ce genre de protocole lors des expériences évoquées au SRI (avec publication dans Nature) et lors d’autres tests.

 

– On lit qu’il a acheté (avec deux associés) une maison dans le Tennessee où a vécu Elvis Presley. Or, j’avais lu à l’époque qu’il n’avait finalement pas acheté la maison…

 

Le « wikipédien » anonyme mentionne aussi Yasha Katz, l’ex-manager de Geller, qui, écrit-il, a expliqué en 1978 les « trucs » utilisés par ce dernier. Or, voici ce que précise à ce propos Uri Geller dans L’Effet Geller (éditions Pygmalion/Gérard Watelet, 1987) :

 

Dans le New Scientist du 6 avril 1978, on annonçait la désintégration « définitive » du mythe Geller, la preuve étant censée être apportée par Yasha Katz, un ancien agent de Geller dont ce dernier s’était séparé après un différend sur le pourcentage de recettes de cet agent, « le genre de problème auquel sont confrontés bien des artistes ». L’article citait un certains nombre d’allégations de Yasha Katz, dont certaines furent reproduites dans le numéro du printemps-été 1978 de la revue Skeptical Inquirer.

 

« Parmi les affirmations de Yasha, on trouvait notamment que Shipi et moi nous étions ‘’réfugiés’’ au Mexique, qui n’avait aucun accord d’extradition avec Israël où nous étions ‘’recherchés pour être interrogés’’ au sujet du service militaire de Shipi. » (U. Geller)

 

Peu après l’arrivée d’Uri Geller en Israël en novembre 1984, celui-ci eut la surprise de lire dans le Ma’ariv du 9 novembre 1984 que Yasha Katz déclarait à présent, en parlant de Geller : « Je n’ai jamais dit que ses pouvoirs étaient bidons. » L’étonnement de Geller s’accrut quand il apprit que Katz souhaitait participer à la promotion de la tournée et voir son nom sur les affiches à côté de celui de Danny Shalem. Uri Geller entra donc en contact avec Yasha Katz… Voici un extrait de la déclaration écrite que Yasha Katz signa le 10 décembre 1984 en présence du juriste Moshe Ben-Haim :

 

« Je connais Uri Geller depuis 1971. Je confirme que toutes les informations que j’ai pu divulguer (en 1977) sur lui et ses proches sont fausses et dénuées de fondement. Je confirme que la raison de ces propos était un désaccord personnel entre moi-même et M. Geller, que j’estimais me devoir certaines sommes.

 

J’affirme que certaines personnes désireuses de nuire à Uri Geller sont entrées en contact avec moi à cette époque (1977) et m’ont poussé à faire des déclarations en ce sens. J’ai accepté sous la pression de donner des informations entièrement fausses.

 

Il est inexact que M. Geller soit parti en ‘’exil’’ au Mexique pour échapper aux autorités israéliennes. A ma connaissance, il n’a jamais fait l’objet de la moindre enquête.

 

Je n’ai jamais dit qu’Uri Geller était un charlatan, ni qu’il trichait sur scène ou ailleurs, et encore moins, bien sûr, que j’étais son complice.

 

J’affirme que les personnes qui souhaitaient nuire à Uri se sont servies de moi dans ce but et d’une manière injustifiée. »  

 

Dans le passé, Geller avait aussi été surpris des déclarations à son encontre d’Iris Davidesco, son ancienne petite amie. Elle a fini par lui dire que son départ l’avait blessée et qu’elle avait répété ce que disaient les autres parce qu’elle voulait se venger. (3)

 

Ainsi, s’agissant de Yasha Katz, le « wikipédien » a évoqué ce qui se disait (et qui avait été colporté par la revue du CSICOP) en 1978, mais il ignorait la rectification qui s’imposait… Et tout est à l’avenant chez ce genre d’individus aux déclarations systématiquement à charge qui ne font que refléter leur dogmatisme, leur ignorance et leur bêtise. Et ils étalent tout cela sur une encyclopédie en ligne, avec les dégâts que cela implique…

 

Voici aussi ce que note Jean-Pierre Girard sur son site Web (www.girard.fr) :

 

«  (…) Mais contrairement à ce qui a été clamé par mes détracteurs, je n’ai jamais été un professionnel de l’illusion, bien incapable de présenter le moindre spectacle, même à une kermesse de patronage ! Et je peux mettre au défi quiconque m’apportera les preuves d’un spectacle magique que j’aurais pu donner, et ce même malgré les affirmations erronées non fondées de Wikipédia pour qui je serais illusionniste professionnel (sic). Je ne peux m’empêcher d’évoquer le rôle des contributeurs de cette encyclopédie où les modérateurs sont assez avares dans les demandes (notes numérotées qui demandent des justificatifs aux affirmations) des affirmations qui sont publiées. »

 

Cette attitude se retrouve, ajoute-t-il, pour des disciplines contestées par la communauté scientifique bien-pensante.

 

« À telle enseigne que cette très utile encyclopédie par ailleurs perd une partie de sa crédibilité pour tout ce qui n’est pas communément reconnu. »

 

J.-P. Girard précise que sur l’encyclopédie Wikipédia, il est constamment « attaqué » et obligé « de remettre ‘’les pendules à l’heure’’ à coups de références, de publications, de liens de films de labo, etc. ».

 

« Ainsi, il est prétendu qu’aucune publication scientifique ne cite des expériences de changements de structure de barreaux insérés dans des tubes de verre scellés ! (…) » (J.-P. Girard)

 

« La partie critique me concernant est ‘’anormalement développée’’ et acceptée sans exigence de références, comme il est classiquement demandé ! D’ailleurs, cette encyclopédie contributive commence à être sérieusement remise en question sur l’aspect impartial de ses contributeurs concernant la parapsychologie, mais aussi l’homéopathie, les thérapies alternatives, etc. » (J.-P. Girard)

 

On comprend pourquoi je dis que Wikipédia (la notice sur Uri Geller dans le RationalWiki est du même « niveau ») est à la solde des « rationalistes » et scientistes sectaires…

 

 

 

* Décès en octobre 2020 de James Randi :

 

James Randi est décédé le 20 octobre 2020, à l’âge avancé de 92 ans. (Il est né en 1928.) Le 22 octobre 2020, Uri Geller a évoqué cette mort sur sa page Facebook, avec une petite vidéo montrant sa rencontre inopinée avec lui (dans la rue) survenue en 1999. Voici le texte (dont j’ai amélioré la traduction car il s’agit d’un texte traduit par « Google ») qu’il a laissé à cette occasion :

 

« Mes chers amis. Mon meilleur publiciste de tous les temps est décédé, que Dieu bénisse son âme et qu’il réponde de ses actes. Il semble que Randi m’ait détesté jusqu’au dernier moment de sa vie. Je me souviens quand je l’ai rencontré, j’ai tendu ma main vers lui et j’ai dit : faisons la paix. Il ne voulait pas me serrer la main. J’ai demandé pourquoi. Il s’est tourné vers moi et m’a dit : parce que je vous déteste. Voici la dernière volonté de Randi :

 

‘’Mon meilleur ami est chargé de les jeter (les cendres) dans les yeux d’Uri Geller’’, a-t-il dit. ‘’J’aimerais qu’il ait un œil sur mes cendres. Je pense que ce serait approprié.’’  

 

Et voici la lettre que j’ai envoyée à Randi il y a quelques mois :

 

‘’Mon cher Randi,

 

Puisque vous avez arrêté de me promouvoir il y a maintenant longtemps, et que vous n’avez jamais voulu faire la paix avec moi, j’ai pensé que ce serait le bon moment pour vous envoyer un e-mail (…). Je possède encore les longues lettres d’amour que vous m’avez envoyées au début des années 1970.

 

Etant donné que c’est le moment du coronavirus, on ne connaît jamais notre propre destin – pas même moi. Donc, comme vous et moi sommes dans la zone de danger, je vous ai rendu hommage à mon récent Blackpool très réussi (joint) devant 3000 magiciens de qui j’ai reçu une standing ovation. Je crois que vous aimerez le regarder parce que pendant mon discours je vous décerne un prix adorable (fait à partir de cuillères et de fourchettes, bien sûr) pour les nombreuses années de publicité gratuite et dévouée que vous m’avez données. Vous avez stimulé ma carrière de vedette ! 

 

Que vous soyez béni, Randi, et si Dieu le veut, vous vivrez jusqu’à 111 ans.

 

Beaucoup d’énergie.’’ 

 

La vidéo ci-dessous n’a, je crois, jamais été vue auparavant.

 

C’est triste que Randi soit mort de haine dans son âme. »

 

Alain Moreau

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