DRONES Volants Non Identifiés (DVNI)

 

D'étranges objets ont furtivement survolé la plupart de nos 19 centrales nucléaires françaises, de même que certains autres sites, civils mais aussi militaires, liés au nucléaire.

 

Ces objets ne sont pas étranges pour tout le monde, puisqu'ils sont quasi unanimement qualifiés de drones dans la presse.

 

On pourrait logiquement penser que cette certitude est née de la récupération de tout ou partie de ces engins. Sauf qu'en réalité, aucun d'entre eux n'a été intercepté à ce jour, déjouant de façon incroyable les dispositifs de défense déployés autour de ces sites plus que sensibles. Et posant, une fois de plus, la question de la sécurité de ceux-ci.

 

Le phénomène a débuté sérieusement en octobre 2014, pour s'intensifier entre mi-octobre et mi-novembre, avec un point culminant les 19 - 20 octobre 2014. Les observations s'estompent brutalement, avant de revenir depuis le début d'année 2015, avec un nouveau pic dans les derniers jours de janvier 2015. Elles ne touchent alors plus seulement les centrales nucléaires, mais aussi des sites, y compris militaires, liés au nucléaire, et notamment le site stratégique de l'Ile Longue dans le Finistère, qui n'est autre que la base sous-marine de la Marine nationale française abritant les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins.

 

 

A ce jour, ce sont plus de 40 survols qui ont ainsi été signalés, dont voici d'abord un récapitulatif : 

 

 - centrale de Belleville (Cher, 18) : 1 survol : 06 nov 2014

 

- centrale du Blayais (Gironde, 33) : 4 survols : 13 oct 2014, 19 ou 20 oct 2014*, 27 oct 2014*, 28 oct 2014*

 

- centrale de Bugey (Ain, 01) : 4 survols : dont 19 oct 2014, 20 oct 2014, 6 nov 2014

 

- centrale de Cattenom (Moselle, 57) : 2 survols : 14 oct 2014, 11 nov 2014

 

- centrale de Chinon (Indre et Loire, 37) : aucun survol

 

- centrale de Chooz (Ardennes, 08) : 2 survols : 19 oct 2014, 20 oct 2014

 

- centrale de Civaux (Vienne, 86) : 1 survol : 21 oct 2014

 

- centrale de Cruas (Ardèche, 07) : 1 survol : 02 nov 2014

 

- centrale de Dampierre (Loiret, 45) : 2 survols : 31 oct 2014, 02 nov 2014

 

- centrale de Fessenheim (Haut-Rhin, 68) : 1 survol : 01 nov 2014

 

- centrale de Flamanville (Manche, 50) : 1 survol : 31 oct 2014

 

- centrale de Golfech (Tarn et Garonne, 82) : 2 survols : 30 oct 2014, 12 nov 2014

 

- centrale de Gravelines (Nord, 59) : 1 survol : 19 oct 2014

 

- centrale de Nogent (Aube, 10) : 4 survols : 14 oct 2014*, 19 oct 2014, 03 jan 2015, 11 jan 2015*

 

- centrale de Paluel (Seine Maritime, 76) : aucun survol

 

- centrale de Penly (Seine Maritime, 76) : 1 survol : 30 oct 2014

 

- centrale de Saint-Alban (Isère, 38) : 2 survols : 05 nov 2014, 05 jan 2015*

 

- centrale de St. Laurent (Loir et Cher, 41) : 1 survol : 31 oct 2014

 

- centrale de Tricastin (Drome, 26) : 1 survol ? :  ? oct 2014

 

 

 

A ces centrales s'ajoutent les survols signalés des sites suivants :

 

- Centre CEA de Saclay (1) (Essonne, 91) : au moins 2 survols : 14 sept 2014,  ? oct 2014 ?, 29 jan 2015*

 

- Centre CEA de Bruyères-Le-Chatel (2) (Essonne, 91) : 1 survol : 11 jan 2015*

 

- Centre CTM de Rosnay (3) (Indre, 36) : 3 survols : 10 nov 2014*, 2 survols entre le 19 et le 25 jan 2015*

 

- Usine de retraitement de La Hague (4) (Manche, 50) : 2 survols : 14 nov 2014, 19 jan 2015*

 

- Base sous-marine de l'ile Longue (Finistère, 29) : 2 survols : 26 jan 2015, 27 jan 2015

 

- Site nucléaire de Creys-Malville (5) (Isère, 38) : 2 survols : 05 oct 2014, 07 nov 2014

 

- Site nucléaire de Marcoule (6) (Gard, 30) : 2 survols : 06 nov 2014, 18 nov 2014

 

* occurences non trouvées, de sources diverses

 

 

 

Nous avons par conséquent à ce jour 17 des 19 centrales nucléaires françaises qui ont été survolées par des objets non identifiés avec précision, puisque non interceptés, de même

que 7 autres sites en rapport avec le nucléaire, dont certains sites militaires (Ile-Longue, CTM Rosnay), pour un total de 45 survols.

 

Enfin si, il semble qu'il y ait eu UNE interception, presque par hasard, concernant le fait de la centrale de Belleville (18), pendant un exercice de gendarmerie où l'on a découvert trois personnes faisant voler un drone "à proximité" de la centrale (et non au dessus).

 

On a cru là tenir nos plaisantins, mais à l'issue de leurs gardes à vues (!), il a fallu se rendre à l'évidence : aucun lien n'aurait été fait avec les autres survols.

 

Un autre cas semble également à mettre de côté, celui de la centrale de Civaux (86) ; il se murmure qu'il s'agirait d'une méprise avec un avion de ligne... Enfin le survol de la centrale du Tricastin (26) n'a pas été confirmé. Il reste donc quand même, au minimum, une bonne quarantaine de survols à déplorer.

 

 

Confirmation des survols mais aucune menace

 

Du côté des autorités, on confirmait dès l'automne, un peu embarassé, ces survols. Le Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) communiquait laconiquement sur son site le 30 octobre 2014 et admettait que " certains de ses centres ont effectivement été survolés ponctuellement par des drones." Ségolène Royal assurait à l'époque que cela ne posait "aucun problème de sécurité".

Un rapport remis pourtant au Premier ministre Manuel Valls semblait indiquer qu'au contraire la menace était sérieuse. Quant-à Bernard Cazeneuve, il entendait bien, lui, "neutraliser les drones".

 

On a alors déployé des hélicoptères autour des centrales, des radars susceptibles de détecter de petites structures, et même autorisé les gendarmes à faire feu sur les intrus. Las, 3 mois plus tard, et alors que les survols ont repris de façon active en janvier, on n'a toujours abattu aucun drone, et on ne sait donc toujours pas qui se cache derrière ces manifestations, ni quelles sont les intentions de l'intelligence qui les commande.

 

Des lumières dans la nuit, le plus souvent sans bruit...

 

Mais intéressons-nous aux faits proprement dits, enfin aux quelques éléments qui ont filtré. Les survols constatés l'ont été à une très large majorité de nuit, avec une petite préférence pour le coucher du soleil ou le début de soirée.

 

Les engins repérés de nuit l'ont tous été de par les lumières qu'ils émettaient : blanches (en majorité), rouges, vertes, bleues, jaunes ; fixe ou clignotantes ; "projecteurs" allumés puis éteints.

 

Dans la plupart des cas, aucun bruit n'a été entendu. De rares cas, cependant, mentionnent un bruit de "moteur".

 

La forme et la taille ne sont pour la plupart du temps pas retranscrites, compte tenu sans doute des observations nocturnes et des lumières décrites, susceptibles de fausser l'apparence réelle des appareils.

Certains objets semblent de petite taille.

Mais ceux vus au dessus de Golfech (82) et Penly (76) le 30 octobre 2014 sont décrits comme "de grande taille", peut-être "6 ou 7 mètres de diamètre" pour celui de Golfech selon un témoin. Celui de Bruyères-le-Chatel aurait été estimé à plusieurs mètres de diamètre également.

 

Il existe des modèles de drones susceptibles de ressembler aux quelques éléments lumineux décrits. Ceci dit, nous sommes déjà là dans des drones d'un certain budget, et malgré ça aucun de ces modèles n'atteint une taille de 6 à 7 mètres.

 

Les objets sont souvent vus en vol stationnaire ou en déplacement lent. Leur altitude varie de quelques mètres à plusieurs centaines. Dans certains rares cas on ne semble pas certain, d'ailleurs, que l'objet se soit trouvé à moins de 1000 mètres au dessus du site (altitude minimale de survol autorisé).

 

La plupart des objets ne semblent avoir laissé aucun écho radar. Il est exact cependant que leur petite taille souvent décrite, conjuguée à leur faible altitude, ait pu facilement déjouer les radars classiques. C'est sans nul doute la raison du déploiement de certains radars plus aptes à détecter les objets de taille réduite. Pour autant, malgré ces équipements plus adaptés, les "drones" courent toujours.

 

Des dons d'ubiquité, des engins multiples

 

Ce qui interpelle dans ces survols, c'est à la fois la "contamination" à une très grande majorité de sites disséminés sur tout le territoire national, mais aussi et surtout la présence d'observations quasi-simultanées sur plusieurs sites pourtant très éloignés les uns des autres. C'est notamment le cas des 14 octobre 2014 (Cattenom et Nogent), 19 octobre 2014 (Bugey, Nogent, Chooz, Blayais), ou encore 30 octobre 2014 (Golfech, Penly) avec là des engins "de grande taille",

 

Certains survols ont également été opérés non par un, mais par plusieurs drones simultanément, jusque trois. Ces faits sont établis sur plusieurs observations, notamment quand les lumières se sont séparées les unes des autres, partant dans des direction opposées.

 

Dans l'hypothèse de plaisantins, force est de reconnaitre que non seulement ils sont doués pour déjouer la sécurité, mais qu'ils disposent en outre de nombreux drones et qu'ils sont capables d'une parfaite synchronicité.

 

Des moyens de défense mis constamment en échec

 

Autre motif d'étonnement, c'est la capacité des objets vus et parfois suivis par hélicoptère à se volatiliser au nez à la barbe de leurs poursuivants, compte tenu des moyens déployés et notamment des tirs autorisés sur les intrus.

 

Au point qu'à ce jour, nous ne savons toujours pas qui se cache derrière ces survols. Ces parades systématiques intriguent de la part d'engins décrits comme des drones, lesquels ne se déplacent somme toute pas très vite. Il doivent bien atterrir quelque part ces "drones" ? Ils doivent bien être récupérés par quelqu'un, vraisemblablement avec un véhicule ? Alors pourquoi ne trouve-t-on rien ?

 

 

Ce n'est pas un drone... c'est un OVNI qui a survolé la centrale !

 

Le directeur de la centrale du Blayais (33), survolée à 4 reprises en octobre 2014, Pascal Pezzani, déclarait quant-à lui ni plus ni moins début janvier 2015 : «  Ici, on n'a pas vu de drone. On a vu un ovni et il n'y a eu aucun impact sur la sûreté de nos sites. Notre position est claire, lorsqu'il y a survol du site nous portons plainte et on communique. »

 

Drones ou pas, nous avons la chance d'avoir en France un organisme appelé le GEIPAN , dont l'objectif est justement d'enquêter sur des cas de "phénomènes aérospatiaux non-identifiés" (PAN). Contacté notamment par un particulier, celui-ci aurait répondu : « Nous n’avons pas été saisis. C’est EDF et les gendarmes qui ont repéré ces drones et les ont identifiés comme tels. Si un seul témoin lambda les avait vus, sans les identifier comme drones, le rapport d’observation serait arrivé sur le bureau du GEIPAN. » En somme, c'est l'interprétation des phénomènes comme des drones par les premiers observateurs qui a empêché la saisine du GEIPAN sur des cas évidents, pourtant, de PAN. Dommage, mais il n'est absolument pas trop tard pour rattraper le coup.

 

On ne trouve peut-être rien car nous n'avons peut-être pas affaire à des drones. Ou pas seulement, car il pourrait s'avérer erroné de vouloir réduire tous ces survols à une seule origine. Après tout le GEIPAN lui-même admet que ces engins ont pour la plupart été arbitrairement qualifiés de "drones", raison de leur absence de saisine. Or, comment peut-on sérieusement être certain qu'il s'agisse de "drones", c'est à dire d'engins bien terre-à-terre, alors qu'aucun appareil n'a été intercepté ?

 

 

 

OVNI et installations nucléaires : une histoire ancienne

 

Faute d'identification, nous sommes bien obligés de considérer que les sites nucléaires survolés récemment en France l'ont été par des OVNI, au sens strict et rationnel : Objet Volant Non Identifié. Or, depuis les manifestations flagrantes du phénomène OVNi, dans les années 40, on constate leur attirance manifeste pour les sites nucléaires, civils mais aussi et surtout militaires. C'est particulièrement vrai aux Etats-Unis, où il y aurait parfois eu "action" de l'objet aperçu. Ainsi, le survol devenu célèbre de la base aérienne de Malmstrom, Montana, en mars 1967, par un "objet rayonnant rouge de 10 mètres de diamètre" aurait mis hors service successivement plusieurs missiles à tête nucléaire.

 

Jean-Jacques VELASCO, responsable du GEIPAN  entre 1983 et 2004, pour qui, après toutes ces années d'étude, l'existence des OVNI en tant qu' "objets matériels [...], artificiels et contrôlés [...] qui se distinguent de phénomènes ordinaires [...] ne fait aucun doute", en arrive d'ailleurs à la conclusion suivante : "Je crois qu'il existe une relation entre la force nucléaire stratégique, la bombe atomique, et la présence dans le ciel d'objets artificiels non identifiés." 

 

L'hypothèse de survols de nos sites nucléaires par des OVNI en tant qu' "objets matériels, artificiels et contrôlés qui se distinguent de phénomènes ordinaires ", et donc par des objets exotiques inconnus, reste bien sûr hypothétique. Mais ça n'est raisonnablement pas plus invraisemblable que l'hypothèse des drones en tant qu'objets volants parfaitement identifiés mais non interceptés, laquelle n'est pas davantage prouvée pour le moment faute de récupération.

 

 

 

Une volonté manifeste de se montrer

 

Quoi que puissent être ces engins, on doit reconnaitre qu'ils ont au moins la volonté de se montrer au dessus des centrales et autres sites nucléarisés, comme pour attirer l'attention. Cela semble exclure à priori la préparation d'actes de malveillance ou de repérage, car dans ce cas pourquoi ne pas survoler ces sites sans aucun éclairage, minimisant ainsi le risque d'être vu ? Et pourquoi pas davantage de jour, histoire de pouvoir repérer quelque chose dans de bonnes conditions, d'ailleurs ? (Rappelons cependant qu'un bon quart des survols l'a été de jour, curieusement sans davantage de résultat dans les interceptions). Excluant cette hypothèse malveillante, il peut alors s'agir, finalement, pour les auteurs de ces survols, uniquement de se montrer. Mais alors dans quels buts ? Pour suggérer un problème de sécurité ou dénoncer l'usage de ces technologies ? Si c'est le cas, ça ne vient manifestement pas de Greenpeace, qui dément toute implication dans ces survols. Il est vrai que l'habitude de la maison est de revendiquer haut et fort ses actions. L'assocation, en revanche, s'alerte régulièrement quant-à la sécurité de nos centrales et a remis fin novembre 2014 un rapport plutôt alarmant à différentes autorités.

 

 

 

Alors qui se cache derrière ces manifestations ostensibles ? Le saura-t-on un jour ?

 

Greenpeace ne croit d'ores et déjà pas beaucoup à l'hypothèse des "petits drones civils" avancée par Patrick Oswald, directeur commercial France "air et sécurité" chez Airbus Defence & Space.

En effet, selon l'ONG, "Les témoignages de gendarmes recueillis sur le site de Creys-Malville parlent de survols dans des conditions météo de vents de 70 km/h et avec de la pluie. On a des hélicoptères à Golfech qui suivent pendant 9 km ces drones. On a un drone qui circule entre Flamanville et La Hague sur 18 km", énumère Yannick Rousselet. "On voit que la thèse des petits drones que l’on pilote le nez sur la clôture ne tient pas" conclut-il. 

 

On ne peut que donner raison à l'ONG. Car lorsque l'on additionne les éléments concernant ces intrusions (simultanéité des survols, objets lumineux parfois multiples et de "grande taille", objets qui arrivent systématiquement à déjouer les mécanismes de défense et d'interception,...), on ne peut que mettre de côté tout amateurisme dans ces manifestations. 

 

Il ne nous reste plus qu'à attendre une éventuelle interception, à partir de laquelle certains s'empresseront sans doute de tirer une conclusion simpliste et généraliste expliquant tous les survols survenus jusque là. Et de rebondir peut-être, c'est de saison, sur la sempiternelle menace "terroriste", qui sait ?

 

 

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