Chasseurs d’ovnis, les pieds sur Terre

En France, les phénomènes aérospatiaux non identifiés (PAN) sont pris au sérieux par des bénévoles qui enquêtent, parfois en lien avec le Centre national d’études spatiales (Cnes). Rencontre du troisième type avec ces hommes et femmes qui décortiquent les témoignages et scrutent le ciel pour en percer ses mystères.

 

Elle a mis trois ans avant d’oser raconter ce qu’elle avait vu un soir d’été 2016. Sonia, 40 ans, infirmière dans le Gard, avait peur qu’on se moque d’elle. « Je ne savais pas à qui déposer ce témoignage et ce qui pourrait en être fait, si on allait me tourner en dérision, comme je n’avais pas de preuves de mon observation… » En 2019, Sonia lit des articles sur la création du commandement de l’espace par l’armée française et se demande si son observation aérienne ne pourrait pas être en lien avec ce service. Elle finit par prendre contact avec l’association Ovni Languedoc. Cette structure, créée en 2003, fait partie de la quarantaine d’autres en France qui réunissent des « ufologues ». Un terme dérivé de l’abréviation anglaise UFO, pour Unidentified Flying Object… Autrement dit, celles et ceux qui étudient les objets volants non identifiés, les fameux ovnis.

 

Sonia, qui préfère ne donner que son prénom pour que sa fille de 13 ans « n’ait pas de soucis à l’école », a accepté de nous rencontrer et de raconter l’enquête menée par l’association auprès d’elle. La jeune femme brune, visage angulaire et regard ourlé d’une ombre à paupières dorée, a tenu à ce que l’enquêteur et l’enquêtrice d’Ovni Languedoc qui ont suivi son dossier soient présents, pour apporter leurs précisions : Martine P., bibliothécaire de 61 ans, et Thierry Gaulin, 52 ans, professeur d’histoire et géographie en collège et président de l’association. « Si je n’avais pas vu cet objet cylindrique dans le ciel d’Alès, je ne me serais jamais intéressée au sujet et je les aurais pris pour des illuminés », s’amuse la jeune femme.

 

Dans le salon de sa maison, les murs affichent fièrement des dessins de sa fille. L’adolescente la questionne parfois sur les ovnis. Sonia raconte lui répondre avec son pragmatisme naturel, ce côté « tête sur les épaules » qui semble la caractériser : « J’essaie de la rassurer, je lui dis que ce sont sûrement des drones, qu’il y a des enquêtes pour comprendre. Elle me demande aussi : “Tu penses que les extraterrestres existent ?” Je lui réponds : “Moi, je ne pense pas, mais on ne sait pas.” »

 

Fiabilité du témoignage

 

L’association est là pour recueillir sérieusement son témoignage. Les enquêtes se déroulent toujours de la même façon : il y a d’abord une fiche de pré-enquête à remplir. « Ça nous permet de savoir si le témoin est motivé et d’avoir des éléments de base pour évaluer si ça vaut le coup de se déplacer », indique Thierry, cheveux coupés à ras et lunettes de soleil sur le crâne. Les entretiens se déroulent en face-à-face et sont menés en binôme. « On commence par écouter la personne sans l’interrompre », poursuit l’enseignant.

 

Puis les enquêteurs s’appuient sur une liste de questions spécifiques pour en apprendre plus sur les croyances du témoin, sa connaissance des ovnis, son éventuelle

 

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