Un livre de James Clarkson sur June Crain, témoin-clé du dossier Roswell

 

Préface de Tom Carey au livre de James Clarkson : « June Crain, l’Air Force et les OVNIs : Secrets de la base Wright-Patterson 1942-1952 » (novembre 2021)

(Disponible sur Amazon, traduit par Jean Librero)

 

 

 

 

"Au fil des ans, chaque fois que je fais une conférence sur l’incident OVNI de Roswell en 1947, je pose les questions suivantes à mon auditoire : « Combien d’entre vous ont déjà entendu parler de la Zone 51 ? ». Immédiatement, presque toutes les mains de l’auditoire se lèvent en signe de reconnaissance. J’enchaîne avec une deuxième question : « Combien d’entre vous ont déjà entendu parler de Wright-Patterson ? ». À quoi presque aucune main ne se lève. C’est la réponse universelle que j’obtiens à chaque fois à ces deux questions ! Ils ont entendu parler de la Zone 51, “parce que c’est là que sont les extraterrestres !” Mais Wright-Patterson, qu’est-ce que c’est ?

 

Ils ont entendu parler de la Zone 51 à cause de tous les livres et documentaires télévisés qui ont été diffusés sur cette base secrète située près de Groom Lake, juste au nord de Las Vegas, dans le Nevada. Ce qu’ils ne savent pas de la Zone 51, c’est qu’elle a été construite en 1955 afin de développer des avions de haute technologie pour la C.I.A., en commençant par l’avion espion U-2 “Dragon Lady”, qui a provoqué un incident international en 1960 lorsqu’il a été abattu au-dessus de l’Union Soviétique. Cet avion a été rapidement suivi par un avion espion plus rapide et volant plus haut, le SR-71 “Blackbird”. La base a ensuite été secrètement reprise par l’armée de l’air américaine, qui a commencé à développer des avions militaires “furtifs”, comme l’avion de chasse F-117 “Night Hawk” et la bombe B-2 “Spirit”. Jusque-là, pas d’extraterrestres. En 1989, cependant, un homme du nom de Robert Lazar s’est présenté en prétendant être un scientifique qui aurait personnellement travaillé sur des vaisseaux spatiaux extraterrestres dans une partie super secrète de la Zone 51. L’histoire de Lazar est encore débattue aujourd’hui quant à sa véracité, mais la connexion extraterrestre concernant la Zone 51 a été faite et survit jusqu’à aujourd’hui.

 

Wright Field à Dayton, Ohio, a été fondé par Orville et Wilber Wright au début des années 1900 pour mettre au point leur nouvel engin volant connu aujourd’hui sous le nom d’avion. L’installation a été reprise par le gouvernement américain pendant la Première Guerre mondiale pour développer des avions de chasse ; Patterson Field a été annexé au site, et pendant la Deuxième Guerre mondiale les deux bases sont devenues les installations les plus importantes de l’inventaire des forces aériennes de l’armée américaine – Patterson Field comme centre de logistique et d’approvisionnement, et Wright Field pour le développement des derniers chasseurs et bombardiers pour l’effort de guerre. Wright Field était également l’endroit où les avions ennemis – les Messerschmitts allemands et les “Zero” japonais – étaient amenés pour être soumis à “rétro-ingénierie” (c’est-à-dire démontés pour étudier leur structure afin de les vaincre au combat). Cette fonction particulière à Wright Field était hébergée par ce qui est devenu la Division des Technologies Etrangères (Foreign Technology Department). Après la guerre, en 1948 pour être exact, les deux “Fields” ont été fusionnés pour devenir la base aérienne de Wright-Patterson. C’est en 1974 que la connexion extraterrestre a fait irruption sur la scène, lorsqu’un “professeur” de Floride, Robert Spencer Carr, a affirmé qu’il existait un hangar – le tristement célèbre “Hangar 18” – à Wright-Patterson, où toutes les épaves d’OVNI et les entités biologiques étaient entreposées. Il s’est avéré que Carr n’était pas un “professeur” au sens universitaire du terme, mais une appellation auto-proclamée, mais son histoire a touché une corde sensible chez les personnes cherchant des réponses à l’énigme des ovnis et a fourni un point de mire aux ufologues pour qu’ils l’examinent de plus près.  

 

Le premier livre sur le crash d’ovni de Roswell de 1947, The Roswell Incident, est paru en 1980, et il a fallu attendre plus de dix ans avant que le suivant ne paraisse. J’ai rejoint l’équipe d’investigation de Roswell, formée de Don Schmitt et Kevin Randle en 1991, et deux livres sur le sujet ont rapidement suivi, UFO Crash at Roswell (1991) et The Truth About the UFO Crash at Roswell (1994), tous deux écrits par Randle et Schmitt. Ces deux livres ont fermement établi le fait que la majorité des débris du crash de Roswell et des corps extraterrestres ont été expédiés à la Foreign Technology Division de Wright Field (qui allait devenir Wright-Patterson AFB) pour y être analysés, soumis à rétroingénierie et stockés. Depuis 1998, je fais équipe exclusivement avec Don Schmitt pour poursuivre une enquête proactive sur l’affaire Roswell. Nous avons co-écrit douze livres sur Roswell, dont deux sont consacrés au rôle de Wright-Patterson dans l’affaire Roswell et au phénomène OVNI en général.

 

June Crain savait que les corps étaient arrivés à Wright-Patterson. Employée à la base à un poste sensible de secrétaire, elle a pu fournir divers documents qui confirment ses habilitations de sécurité ainsi que sa présence comme employée sur la base pendant trois périodes distinctes, entre 1942 et 1952.

Selon elle, un sergent qu’elle connaissait et qui avait l’autorité nécessaire pour entrer dans le bureau où elle travaillait lui a dit qu’il venait d’arriver sur un vol spécial. Il lui a dit, ainsi qu’aux autres personnes présentes dans le bureau, qu’ils avaient ramené des corps provenant du crash d’une soucoupe volante. Il leur a affirmé sans ambages que les soucoupes volantes dont tout le monde parlait dans le pays étaient bien réelles. Ayant lui-même vu ces étranges petits corps, il n’y avait aucun doute là-dessus. Peu de temps après le départ du sergent, le commandant de la base s’est présenté, porteur d’une déclaration qu’ils devaient signer. Il les a informés, y compris Crain, qu’il n’y avait aucune vérité dans l’histoire que le sergent avait répandue, mais qu’ils devaient néanmoins ne jamais en parler, ni même la mentionner, sous peine de s’exposer à vingt ans de prison et à une amende de vingt mille dollars ! Si l’histoire du sergent était si fausse, pourquoi faire signer une déclaration de non-divulgation ? Cela n’a aucun sens, à moins que…

 

Des années plus tard, lorsque des enquêteurs civils sur les OVNIs sont venus lui rendre visite, Crain voulait savoir si elle était toujours obligée de se conformer au serment sécuritaire qu’elle avait signé quatre décennies auparavant, craignant que l’armée et le gouvernement ne la poursuivent pour avoir parlé. Kevin Randle et Don Schmitt l’avaient interviewée pour la première fois en 1990, lorsqu’elle avait demandé l’anonymat. Sous le pseudonyme de “Sara Holcomb”, une version atténuée de son histoire est parue dans The Truth About The UFO Crash At Roswell, dans le but d’établir le lien entre la récupération du crash de Roswell et Wright Field. Estimant qu’ils ne pouvaient aller plus loin dans l’histoire d’un témoin essentiellement anonyme, Randle et Schmitt ont refermé leur dossier “June M. Crain”.

 

Trois ans plus tard, en 1993, intervient un policier d’Aberdeen, Etat de Washington, du nom de James Clarkson, qui se trouvait être également un enquêteur privé sur les OVNIs. A la fin d’un exposé qu’il avait donné un soir sur le sujet des OVNIs dans une bibliothèque locale, Clarkson fut abordé par June Crain. Elle lui dit qu’elle savait qu’il avait raison de dire que notre gouvernement en savait beaucoup plus sur les OVNIs que ce qu’il en déclarait à la population. Lorsque Clarkson lui demande comment elle le sait, Crain répond simplement mais avec force : “Parce que j’y ai travaillé !”. Se comportant maintenant comme l’enquêteur qualifié qu’il était et qu’il est toujours, Clarkson a demandé des détails pour appuyer une telle déclaration. « Je ne peux pas vous le dire, ils vont venir m’arrêter », répondit Crain. En discutant de cette affaire avec moi des années plus tard, Clarkson a révélé qu’il pensait à l’époque que ce témoin craignait que lui-même, en tant qu’officier de police, ne l’arrête, et que c’était la raison pour laquelle elle n’était pas disposée à communiquer des détails. Clarkson lui a alors donné sa carte de visite et a espéré que tout irait bien. Clarkson m’a révélé qu’il avait senti qu’il y avait quelque chose de spécial chez June Crain, et qu’elle apparaissait comme une personne sérieuse et non comme une simple passionnée d’OVNI qui chercherait à impressionner un orateur de passage.

 

Quatre ans plus tard, en 1997, année du 50ème anniversaire du crash de Roswell, l’armée de l’Air américaine publiait sa quatrième et dernière “explication” officielle de l’incident de Roswell, et un journaliste de CNN (Cable News Network) demandait avec désinvolture à son public de ne plus penser aux OVNIs. Pour June Crain, ce fut le “point de bascule”. Elle en avait assez entendu. Elle a donc contacté James Clarkson et a rejeté avec défi les explications de l’armée de l’Air américaine sur Roswell, les qualifiant de “mensonges éhontés”. Comment le savait-elle ? Précisément parce qu’elle avait travaillé sur la base aérienne de Wright-Patterson à l’époque où les épaves et les corps des ovnis étaient arrivés. June ajoutait d’ailleurs : « J’ai 72 ans. J’ai survécu à deux maris et à deux cancers. Que vont-ils me faire maintenant – me tirer dessus ou me mettre en prison ? ». Heureusement pour l’histoire, June Crain avait conservé la carte de visite de James Clarkson et était furieuse au point d’agir et de rappeler Clarkson. Elle était prête à rendre public tous les détails pour raconter son histoire sous sa véritable identité, une histoire qui inclut la manipulation physique du “Saint Graal” de Roswell, une pièce que notre enquête recherche encore à l’heure où nous écrivons ces lignes !

 

June a décrit à Clarkson comment elle avait essayé d’entailler le petit morceau de métal de couleur aluminium avec une paire de ciseaux, mais les ciseaux glissaient sans la moindre égratignure, et comment elle l’avait plié dans tous les sens pour essayer de le déchirer, mais l’artefact ne faisait que reprendre sa forme initiale. « J’ai tout essayé pour le déchirer, mais je n’ai pas réussi. Je n’ai pas pu faire une marque dessus. Il avait une drôle de sensation, quelque chose de très lisse. Ça ne ressemblait à aucun métal que j’ai déjà touché. Je n’ai encore rien vu qui puisse avoir ces propriétés. Et, si léger ! ».

 

Crain décrira également avoir vécu l’expérience rare de prendre la dictée de l’éminent spécialiste allemand des fusées et futur “père du programme spatial américain”, Werner Von Braun. Au cours de cette dictée, Von Braun lui avait dit qu’il était au courant de trois crashs d’origine extraterrestre, parmi lesquels celui de Roswell. Von Braun était alors sous escorte militaire depuis Fort Bliss jusqu’à El Paso, au Texas (où étaient hébergés quelque deux cents scientifiques allemands spécialistes des fusées qui avaient été amenés aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale sous les auspices d’un programme secret connu sous le nom “Opération Paperclip”), ce qui suggère l’importance de l’affaire et de son voyage à Wright-Patterson.

 

Au cours des années, nous avons rencontré un certain nombre de présumés témoins des événements de Roswell de 1947 qui étaient localisés de manière propice quant au temps et au lieu pour leur permettre de se “brancher” faussement dans le récit de Roswell en tant que participants alors que ce n’était pas le cas (par exemple, Frank Kaufmann, Gerald Anderson, etc.). Ces témoins présumés sont les plus difficiles à démasquer car, “connaissant le paysage”, ils donnent l’impression de savoir de quoi ils parlent. Dans certains cas, il a fallu des années pour les démasquer. Dans ces cas, l’expérience, les compétences et la détermination de l’enquêteur sont essentielles pour découvrir la vérité, et nous devons compter sur lui pour obtenir la vérité afin de tirer les bonnes conclusions.

 

James Clarkson est un agent de police retraité du service de police d’Aberdeen, dans l’État de Washington, où il a servi au moins la moitié de sa carrière en tant que sergent-détective. Avant cela, Clarkson avait été enquêteur de la police militaire en civil de l’armée américaine, et après cela, il a été employé comme enquêteur sur les fraudes au sein du département des licences de l’État de Washington. Clarkson a également exercé la fonction de directeur du MUFON pour l’Etat de Washington. Dans le cadre de ces fonctions, Clarkson a passé plus de 35 ans à enquêter, à interviewer et à porter des jugements sur les gens concernant la vérité, la culpabilité et l’innocence. Ses jugements sur June Crain sont donc d’une clarté et d’un poids exceptionnels et on peut s’y fier, à mon avis.

 

June Crain est morte d’un cancer à l’âge de 73 ans en 1998, un peu plus d’un an après avoir contacté James Clarkson pour la deuxième fois et lui avoir donné la permission de rendre son histoire publique. Contrairement aux affabulateurs et aux fabricants d’histoires à dormir debout, le témoignage de June est resté constant depuis son premier contact avec Randle et Schmitt en 1990 jusqu’à sa mort. Selon James Clarkson, “elle prenait soin de me dire quand elle ne pouvait pas se souvenir d’un détail. Elle voulait me dire ce dont elle se souvenait comme étant vrai, cela et seulement cela. Je pense que June savait qu’elle était en train de régler ses derniers comptes. Elle a décidé de mettre fin à son silence. Il n’y a pas un seul tribunal au monde qui n’accorde pas un crédit considérable à ceux qui pensent qu’ils n’ont plus beaucoup de temps à vivre”. Nous avons fait référence à ces situations ailleurs sous le nom de “Confessions sur le lit de mort”. Utilisant une définition plus légaliste, James Clarkson y fait référence comme une “Déclaration de mourant”, notant particulièrement son exception à la “règle du ouï-dire” qui exclut normalement les témoignages de seconde main dans les procédures judiciaires. Cette doctrine s’appliquerait, dans le cas de June, aux témoignages indirects qu’elle avait entendus de collègues parlant sur son lieu de travail d’ovnis écrasés et de petits corps. En fin de compte, June était une “femme directe” qui, selon James Clarkson, “… était déchirée entre son patriotisme et son engagement à ne jamais tolérer les menteurs, les fous et les hypocrites”.

 

Rétrospectivement, June Crain n’était pas un témoin “fumant”, mais elle est un important “insider” qui corrobore l’histoire inconnue et secrète de Wright-Patterson. Repose en paix, June. Bon travail, James."

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