Les astrophysiciens de l'European Southern Observatory viennent d'annoncer une conférence où ils présenteront une mystérieuse découverte présentée comme "révolutionnaire" en lien avec la Voie lactée.
Une équipe d’astronomes reconnus vient d’attiser la communauté de tous les professionnels et amateurs d’espace en teasant l’annonce d’une découverte “révolutionnaire” sur notre voie lactée. Ces résultats seront annoncés le 12 mai prochain et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a largement de quoi être intrigué.
En effet, cette annonce mystérieuse et étonnamment tapageuse aurait presque pu relever de l’anecdote si elle provenait d’un laboratoire lambda. Mais c’est en fait tout l’inverse; le communiqué provient directement du prestigieux European Southern Observatory (ESO), une institution qui n’a évidemment pas pour habitude de verser dans le sensationnalisme.
Et, surtout, il concerne des résultats en rapport avec l’Event Horizon Telescope (EHT). Dans ce contexte, la simple évocation d’un résultat important a de quoi faire frémir les astronomes. Et pour cause : il s’agit du même engin qui a permis de produire la toute première image directe d’un trou noir au monde. Une étape majeure pour les spécialistes, mais aussi pour le grand public qui a été fasciné par ce halo rougeâtre plein d’implications.
Depuis quelque temps, la tâche principale de l’EHT est de sonder le cœur de notre galaxie. On peut donc s’attendre à ce que la découverte “révolutionnaire” annoncée par l’ESO concerne directement cette zone. Pour l’instant, le suspense reste entier; mais quoique les chercheurs y aient trouvé, ils ont estimé que cela valait la peine de l’annoncer en grande pompe à l’occasion d’une conférence dédiée, qui se tiendra le 12 mai prochain.
Un lien avec Sagittarius A* ?
D’ici là, on peut tenter de formuler quelques hypothèses. Pour cela, on peut commencer à s’intéresser aux propriétés de cette zone. Il est communément admis que la Voie lactée, comme de nombreuses autres galaxies, est centrée autour d’un trou noir supermassif baptisé Sagittarius A* (Sgr A*).
Or, comme mentionné plus haut, l’EHT est justement pointé dans cette direction depuis plusieurs mois. Si l’on ajoute cette information à son pedigree de chasseur de trou noir, on commence à discerner les contours d’un scénario viable; il semble de plus en plus plausible que l’ESO soit sur le point d’annoncer une grande découverte sur la nature et les propriétés de Sagittarius A*.
Car même s’il est communément admis qu’il s’agit d’un trou noir, cette information n’a jamais été vérifiée avec une certitude absolue. Les résultats les plus concluants ont été apportés par les travaux exceptionnels de Reinhard Genzel et Andrea Ghez; ils ont réussi à prouver que Sgr A*est un objet supermassif extrêmement compact, pour lequel un trou noir représente la seule explication plausible dans le cadre des modèles actuels.
Depuis ces travaux qui ont valu un prix Nobel de Physique à ses auteurs en 2020, la communauté scientifique travaille d’arrache-pied pour confirmer ce statut de trou noir une bonne fois pour toutes. Et surtout, ils cherchent à produire une image de l’horizon du trou noir dans le spectre visible, comme en 2019.
La chasse aux trous noirs, un exercice complexe
Il s’agissait déjà d’un exploit scientifique retentissant. En effet, les trous noirs sont par définition très peu photogéniques. Ils ont la fâcheuse manie d’absorber toutes les radiations électromagnétiques, y compris la lumière. Il est donc physiquement impossible d’observer le trou noir en lui-même.
Les astronomes doivent se contenter de chercher l’horizon, une limite matérialisée par un disque de gaz et de poussière qui s’accumule en périphérie de la singularité tout en émettant un rayonnement très intense. C’est pour cette raison que l’image du trou noir qui est depuis passée à la postérité a la forme d’un anneau.
Here's the moment when the first black hole image was processed, from the eyes of researcher Katie Bouman. #EHTBlackHole #BlackHoleDay #BlackHole (v/@dfbarajas) pic.twitter.com/n0ZnIoeG1d
— MIT CSAIL (@MIT_CSAIL) April 10, 2019
Et tirer le portrait à Sgr A* s’annonce encore plus compliqué. En effet, ce géant cosmique n’a pour l’instant été observé qu’indirectement, grâce à la masse et à l’orbite des objets avoisinants. S’il est difficile de l’observer directement, c’est qu’il est partiellement masqué par un immense nuage de poussière et de gaz; un obstacle qui complique immensément la tâche aux astronomes. S’ils ont effectivement réussi à produire une image de son horizon, le qualificatif “révolutionnaire” employé par les chercheurs serait donc parfaitement justifié.
Qu’il s’agisse ou non de l’objet de cette conférence, nous vous donnons donc rendez-vous le 12 mai prochain à 15 heures pour cette conférence qui s’annonce déjà fascinante à bien des égards; l’annonce sera diffusée en direct sur la chaîne YouTube de l’ESO.
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