Les images d’objets anormaux sur la planète rouge circulent depuis des années, mais aucune n’est tout à fait ce qu’elle semble être.
Les passionnés ont récemment illuminé les médias sociaux avec des images de ce qui semblait être une « porte » dans une colline sur Mars. Certains se demandaient s’il s’agissait d’une preuve que la planète rouge pourrait être, ou a été, habitée par des extraterrestres. La « porte » a été photographiée par le rover Curiosity de la Nasa le 7 mai sur les pentes du mont Sharp, le massif central du cratère Gale, où il a atterri en 2012. Décrite sur un site Web comme une « porte de tombe pharaonique », en raison de sa ressemblance avec certains vestiges de l’Égypte ancienne, elle ne mesure en fait qu’un mètre de haut.
Elle est difficile à repérer sur la mosaïque d’images panoramiques du versant de la colline ci-dessus, mais elle saute aux yeux si vous regardez le cadre individuel où elle se trouve, vu ci-dessous. Cela ressemble à une porte jusqu’à ce que vous réalisiez à quel point elle est petite. Et si vous augmentez le contraste dans les parties sombres de l’image, celle-ci révèle tout juste une solide paroi rocheuse à l’arrière de l’intérieur ombragé. Donc, en tant que porte vers les collines creuses de Mars, elle ne mène pas très loin.
Ce qu’est réellement cette « porte »
Personne, même avec un peu d’expérience en géologie, ne pourrait confondre cet élément avec une « porte ». Un géologue remarquerait les couches répétées de grès, fines et légèrement inclinées, qui constituent l’ensemble de la paroi rocheuse, et penserait immédiatement qu’il s’agit des restes érodés de dunes de sable durcies. Celles-ci recouvraient autrefois les sédiments des cours d’eau et des lacs que Curiosity a examinés plus tôt au cours de son ascension progressive à travers les couches de roches sédimentaires constituant le mont Sharp.
Un géologue remarquerait également les fissures abruptes et assez droites qui courent le long de la paroi rocheuse, et les reconnaîtrait comme des « joints ». Il s’agit de fractures qui s’ouvrent généralement lorsque le poids des couches rocheuses sus-jacentes est éliminé par l’érosion. Il y a un joint particulièrement évident à gauche de l’image de la « porte », mais plusieurs autres peuvent être distingués – y compris celui qui forme le mur lisse qui s’aligne avec le côté gauche de la « porte » elle-même. Il y a un autre joint qui forme le côté droit de l’élément.
L’ensemble de la colline a été érodé. La « porte » est tout simplement un endroit où le vent a été capable d’éliminer un peu plus efficacement le sable et la poussière mal consolidés de la paroi rocheuse, dans une zone délimitée par les joints de chaque côté. La base d’un lit de grès sus-jacent constitue le « linteau de la porte », et le sommet incliné d’un lit de grès forme la rampe douce qui mène à la porte.
Artefacts sur Mars
Il ne faut pas chercher longtemps sur Internet pour trouver des images prises par les rovers martiens qui montrent des formations rocheuses ressemblant à d’autres objets familiers, même si elles sont toutes invraisemblablement déplacées. Il ne faut pas s’étonner que certains des innombrables rochers de Mars aient des formes bizarres, car beaucoup ont été sablés par l’érosion éolienne pendant des milliards d’années.
Outre des « portes » et des éléments de « matériel » allant de « vaisseaux spatiaux » en ruine à des « couverts » individuels en passant par un « moteur à réaction », des images ont également capturé des « pyramides », de nombreuses « têtes humanoïdes », des « dinosaures », divers « os » et même un « écureuil ». Seuls quelques-uns de ces objets étranges sont réels, et ce sont tous des déchets que les humains ont placés là. Les autres perdent leur caractère distinctif si on les regarde de plus près ou d’un point de vue différent.
L’étrangeté au-delà de Mars
« Voir le familier même quand il n’est pas là est un phénomène appelé paréidolie. Il s’agit de ce qui se produit lorsque vous voyez des visages dans le motif aléatoire de votre papier peint, dans le grain d’un parquet ou dans les nuages. C’est ce dernier phénomène, par exemple, qui donne à Jupiter un air furieux dans l’image ci-dessous.
Les objets apparemment mystérieux ne se produisent pas uniquement sur Mars. En décembre 2021, le rover chinois Chang’e 4 – qui continue à faire des merveilles sur la face cachée de la Lune plus de trois ans après son atterrissage – a repéré un objet en forme de hutte à 80 mètres de distance. Il s’en est approché et a découvert qu’il s’agissait d’un simple rocher, vraisemblablement éjecté d’un cratère d’impact voisin. Certains disent qu’il ressemble à un lapin accroupi, mais je doute que quiconque prétende qu’il a été sculpté par des extraterrestres.
L’un des exemples les plus célèbres et les plus grands de paréidolie est la nébuleuse de la Tête de cheval. Il s’agit d’un vaste nuage cosmique de gaz et de poussière, au sein duquel se forment des systèmes stellaires entiers. Une image recueillie dans la bonne partie du spectre et avec un temps d’exposition approprié montre une forme que la plupart des gens reconnaîtraient comme une tête de cheval. Changez de longueur d’onde (ce que nous pouvons faire) ou regardez l’image depuis une autre direction (ce que nous ne pouvons pas faire) et la forme reconnaissable disparaîtra.
Sur Terre, les grimpeurs du Great Gable, une montagne située dans le comté de Cumbria, au Royaume-Uni, recherchent souvent le rocher du chat, également appelé rocher du Sphinx. Vu de dessous, il ressemble à un chat assis, et vu de côté, il ressemble au profil de la tête du Sphinx. Pour autant que je sache, tout le monde accepte qu’il s’agit d’un hasard et personne ne prétend que c’est une preuve que les extraterrestres ont laissé des indices paysagers de leurs visites sur Terre. Je ne comprends pas pourquoi les gens s’obstinent à faire de telles affirmations sur les formations rocheuses de Mars.
En fin de compte, bien que l’on puisse généralement croire ses yeux, il faut se méfier de l’interprétation que fait le cerveau de ce que voient les yeux.
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