REPORTAGE. « C’était un cas très étrange » : ces enquêteurs étudient les signalements d’ovnis

 

La France possède le seul service public au monde chargé de vérifier les signalements de phénomènes aérospatiaux non identifiés : le Geipan. Basé à Toulouse (Haute-Garonne), il repose sur l’expertise d’une vingtaine d’enquêteurs dans toute la France. « Ouest-France » est allé à la rencontre de deux d’entre eux, passionnés de la vérification. Dans ce troisième épisode de notre série sur la vie extraterrestre, ils racontent leur dernière enquête, menée à Crozon dans le Finistère.

La scène se déroule le 13 janvier 2020. À Crozon, dans le Finistère, un homme se déplace en voiture dans la nuit noire. Il est 7 h 45 du matin, il se rend à son travail, sous une pluie battante. Le temps est si mauvais qu’il sent sa voiture se déporter sous les rafales de vent. Soudain, au niveau de la cime des arbres, il voit deux grands rectangles rouges et lumineux, un peu comme la signalisation réfléchissante que l’on voit à l’arrière des camions.

 

Intrigué, dans cette zone où il n’y a pas d’immeuble d’habitation, il ralentit et finit par s’arrêter au niveau d’une intersection. Il découvre un troisième rectangle identique aux deux premiers, auparavant caché par les arbres. Ils sont immenses, ils prennent toute la place de son pare-brise. Il dira plus tard qu’ils mesuraient 50 cm à bout de bras. Il ne pense pas à prendre son téléphone pour photographier le phénomène. Et vu le temps qu’il fait, ça n’aurait peut-être servi à rien. Il poursuit sa route et les trois rectangles finissent par s’éloigner puis disparaître.

 

Ébranlé par cette observation, l’homme n’en parle à personne, pas même à son épouse. C’est en voyant, six mois plus tard, un reportage sur l’existence d’un service dédié à ces signalements, le Geipan (Groupe d’études et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés), qu’il décide de parler.

 

20 bénévoles dans toute la France

 

Le Geipan, fondé en 1977 par le directeur du Centre national d’études spatiales (Cnes), est un service public non militaire, le seul au monde, destiné à traiter les signalements de phénomènes aérospatiaux non identifiés (Pan). En 2021, la série Ovni(s) a mis en lumière l’action de ce service constitué de cinq employés et de 20 bénévoles à travers toute la France, qui réalisent des enquêtes depuis leur domicile, ou, plus rarement, directement sur le terrain quand c’est nécessaire.

 

Ces enquêteurs sont la « force vive du Geipan », estime son directeur Vincent Costes, arrivé à la tête de ce service si particulier en novembre 2021. Trois sont en cours de recrutement. « Certains enquêtent depuis plus longtemps que n’existe le Geipan », note le directeur. « C’est une fierté de travailler avec des bénévoles de tous les métiers, avec des profils si variés. »

 

Parmi ces enquêteurs, ce sont Antoine et Alice* (le prénom a été modifié à sa demande) qui sont missionnés pour se pencher sur le cas de Crozon. Tous les deux ont l’habitude de travailler ensemble. C’est donc à deux qu’ils sont allés à la rencontre du témoin. « C’était un cas très étrange, sur lequel on a mené une enquête très poussée », raconte Antoine, 52 ans, qui nous reçoit dans sa maison de Pont-Aven, un peu à l’écart de l’agitation du centre. Chez lui, difficile d’ignorer ses deux passions : la photographie et l’astronomie. Depuis le canapé, on admire le système solaire affiché sur le mur, dans l’escalier, on passe devant la Voie lactée. À l’étage est accrochée la photo d’une fusée Falcon qui vient de décoller.

 

De « l’étrangeté » à la passion de la vérification

 

Dans son bureau installé à l’étage, de part et d’autre de son poste de travail trônent trois gros télescopes ainsi qu’une belle collection d’appareils photos. Deux de ces pièces sont très anciennes. Il ne les a pas choisies au hasard, nous explique-t-il. Ce sont les répliques exactes des appareils qui ont servi à prendre des photographies de phénomènes non expliqués en 1952 et en 1975. Pour le cas de 1952, les photos du lac Chauvet, Antoine a même refait toute l’enquête depuis le début, s’est rendu sur place, et en a tiré un compte rendu d’enquête publié en format livre.

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