Mais comment Notre-Dame de Paris a-t-elle pu brûler ?

 

La cathédrale Notre-Dame de Paris était un monument vieux de quelque 700 ans, ayant d'abord traversé des siècles où les incendies de bâtiments étaient courants et ravageurs, puis deux guerres mondiales.

 

Il faudra attendre avril 2019, ère de la technologie et des normes de sécurité à tout va, pour qu'un incendie monstrueux ravage ce monument qui faisait toute la grandeur de la France. Mais comment cela est-il seulement possible ? 

 

Notons que la cathédrale était le cœur de la France dans le sens où, outre le fait que ce soit le monument le plus visité d'Europe et le symbole de la France, c'était le "kilomètre 0", le point à partir duquel toutes les distances à partir de Paris étaient mesurées. Et puis, des milliers de personnes avaient passé du temps à la construire et à en prendre soin. 

 

Plusieurs questions que l'on est en droit de se poser 

 

- Tout d'abord est-ce que des mesures anti-incendie suffisantes avaient été prises ? La charpente étant évidemment en bois, le risque de destruction par le feu était grand. Il ne semblait pas très compliqué d'installer, dans cette charpente, un système anti-incendie du type sprinkler comme celui que l'on trouve dans les entreprises ou les immeubles récents. Surtout que la Seine est au pied du bâtiment. Vu l'image que cet édifice représente pour le pays, les questions de coût étaient totalement dérisoires par rapport aux risques. Qui était en charge de la sécurité du bâtiment ? Qui décidait ? 

 

D'après Le Parisien :

André Finot, le responsable de la communication de la cathédrale Notre Dame ajoute :

« Il y a 4 ou 5 ans, le ministère de la Culture avait financé de gros travaux anti-incendie. »

Vraiment ? Alors soit le système était complètement inefficace, soit il a été désactivé. 

 

- L'intervention des pompiers a-t-elle été à la hauteur ? Sous quels délais les secours sont-ils arrivés ? Un plan d'intervention spécifique à ce bâtiment était-il prévu ? Les risques avaient-ils été anticipés ? Sachant qu'il y avait un échafaudage en place, l'intervention au cœur de l'incendie n'aurait-elle pas dû être rapide et efficace ? 

 

- Il y avait des travaux de rénovation. On sait que les risques augmentent (étincelles de machines, produits chimiques instables, cordons électriques défectueux...). Une surveillance particulière du chantier avait-elle été mise en place ? L'accès à l'échafaudage était-il sécurisé ? Personne n'était de garde pour constater le début de l'incendie et le circonscrire rapidement ? 

 

- Comment l'incendie a-t-il pu démarrer à 19h alors que le chantier s'arrêtait vers 17h, 17h30... si la cause provient bien de celui-ci ? 

 

- Pourquoi un hélicoptère n'a-t-il pas été utilisé ? On peut comprendre qu'un canadair soit inapproprié et susceptible de détruire les murs avec l'eau larguée, mais avec un hélicoptère, on peut larguer de petites charges de manière précise. Est-ce qu'il y en avait un équipé et prêt à décoller pas très loin de Paris ? Est-ce que cela avait été anticipé ? 

 

 

Et enfin, pourquoi tous ces départs de feux dans les églises ces derniers temps ? 

 

- Outre celui de Notre-Dame de Paris, rappelons qu'il y a eu celui de l'Église Saint-Suplice à Paris en mars 

 

- Et celui de la cathédrale de Lavaur dans le Tarn : 

Après la vente de ses biens aux étrangers, essayerait-on de brûler ce pays, la « fille ainée de l'Église », de manière symbolique ?


Une webcam du site Viewsurf a filmé, à 17h05 le 15 avril, une silhouette se déplacer sur le toit de Notre-Dame de Paris, suivie d’un flash de lumière. Les vidéos ont été remises aux autorités.

 

Viewsurf est un site français qui propose des vues de webcams dans plusieurs villes de France. Le service dispose d’une caméra qui filme la cathédrale Notre-Dame et publie une vidéo d’une minute à chaque heure.

 

Sur une vidéo de Viewsurf diffusée sur internet récemment, on distingue une forme suspecte sur le toit de la cathédrale près de la flèche à 17h05, suivie d’un flash lumineux, avant le début de l’incendie de Notre-Dame à 18h50. Est-ce l’éclat d’un briquet, d’une allumette, d’un chalumeau, un reflet du soleil, un engin pyrotechnique, les théories vont bon train sur le web.

Si les vidéos complètes du 15 avril ne sont pas en ligne, le site CheckNews a pu accéder à celles filmées à 14h05, 15h05, 16h05, 17h05, 18h05 et 19h05 le jour de l’incendie. 1er constat, la vidéo n’est pas une fausse information, à 17h05, il y avait effectivement quelqu’un sur le toit et on voit effectivement un flash lumineux.

D’après Marc Eskenazi, chargé par la compagnie d’assurances AXA de la communication de l’entreprise Europe Echafaudage, les ouvriers étaient encore présents sur le chantier à ce moment-là. Ils ont commencé à quitter les lieux à 17h20 et à 17h50 ils étaient tous partis. La silhouette qui apparaît sur la vidéo peut donc bien être celle d’un ouvrier. D’autre part aucun outil de soudage, aucun chalumeau, aucun « point chaud » n’était présent sur le site.

 

Concernant le flash lumineux, un autre flash a également été aperçu à 16h05, signe qu’il peut s’agir d’un reflet du soleil sur l’un des outils que les ouvriers portaient- même s’il est impossible de le vérifier à 100%. Cependant une chose est sûre les photos et les vidéos de Viewsurf vont servir en savoir plus sur les origines du feu – l’entreprise précisant avoir conservé les différentes vidéos d’une minute, qu’elle tient «à disposition des autorités».

 

Selon Marc Eskenazi, « des photos ont été prises toutes les dix minutes à partir de lundi 14 heures et l’appareil photo a été confié à la brigade criminelle ». Ces différents éléments pourraient permettre aux autorités de déterminer une origine plus précise du sinistre.


 Un forgeron démontre que du chêne ne brûle pas comme ça – Notre Dame de Paris


Au lendemain d'un incendie qui a englouti une grande partie des toitures et l'intégralité de la flèche de la cathédrale Notre-Dame, les inquiétudes ne retombent pas. Ce matin sur Franceinter, le ministre de la Culture Franck Riester a affirmé que "la structure principale [était] sauvée" mais que des inquiétudes demeuraient du côté des architectes sur place, en lien avec les quantités d'eau déversées sur la structure pour venir à bout de l'incendie.

 

 

En tant qu'architecte en chef des Monuments historiques, Benjamin Mouton a été en charge de la cathédrale Notre-Dame de 2000 à 2013, pour laquelle il a piloté le lourd chantier de la détection incendie. Ce dernier n'a pas encore pu se rendre à l'intérieur de l'édifice, mais redoute déjà l'impact de l'incendie et de l'effondrement des charpentes sur la stabilité globale de l'édifice. 

 

 

Reprenant les propos de son successeur Philippe Villeneuve, avec qui il est en contact, Benjamin Mouton affirme auprès de Batiactu que ce dernier était "totalement incrédule" face à cet incendie qui aurait pu partir du chantier de rénovation, et que les soupçons pourraient se porter sur la "noue", où se croisent la nef et le transept de la cathédrale.

 

 

"Rien n'est fini, tout commence" 

 

"L'ensemble des charpentes effondrées, cela ne fera pas de bien aux voûtes, et cela crée un choc mécanique important", craint Benjamin Mouton. Et d'attirer notamment l'attention sur l'état des pierres qui composent la voûte, "calcinées" par l'incendie, et qui constituent la partie "la plus importante" de la structure.

 

 

"La protection incendie mise en place dans la cathédrale était à son plus haut niveau"

 

 

"Les pierres vont se transformer en chaux, et les jets d'eau lancés par les pompiers créent un deuxième choc thermique. L'incendie est peut-être terminé mais rien n'est fini, tout commence", confie-t-il, voix grave. 

 

 

Lors d'un point presse commun aux côtés de Franck Riester, le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nunez a confirmé des "points de vulnérabilité" constatés sur la voûte, en partie détruite par la chute de la flèche de 96 mètres de haut. Le pignon du transept nord et une partie du beffroi sud sont également surveillés de près. Des travaux d'urgence de sécurisation dureront 48 heures.

 

 

Un important dispositif de détection et protection des incendies 

 

 "En 40 ans d'expérience, je n'ai jamais connu un incendie de la sorte", affirme celui qui estime que la protection incendie mise en place dans la cathédrale était à son plus haut niveau. 

 

 

"Lorsque je me suis occupé de la détection incendie, qui a été un dispositif très onéreux, il fallait très peu de minutes pour qu'un agent aille faire la levée de doute, nous avons fait remplacer de nombreuses portes en bois par des portes coupe-feu, nous avons limité tous les appareils électriques, qui étaient interdits dans les combles", affirme-t-il auprès de Batiactu.

 

 

 

"Il faut une vraie charge calorifique au départ pour lancer un tel sinistre. Le chêne est un bois particulièrement résistant." 

 

 

Le mystère sur les causes de l'incendie reste donc entier. Un expert du secteur de la construction, confie également son incompréhension auprès de Batiactu : "L'incendie n'a pas pu partir d'un court circuit, d'un simple incident ponctuel. Il faut une vraie charge calorifique au départ pour lancer un tel sinistre. Le chêne est un bois particulièrement résistant."


L'entreprise spinalienne Aubriat a travaillé sur la charpente de Notre-Dame de Paris, l'an dernier. Le patron témoigne.

 

La charpente de Notre-Dame de Paris, une entreprise vosgienne a pu la découvrir et travailler dessus. La société spinalienne Aubriat a été chargée de traiter le bois, contre les insectes et les champignons l'an dernier.

 

Elle est intervenue pendant deux semaines dans les combles en février 2018. Pour le gérant, Edouard Aubriat, toutes les conditions de sécurité pour éviter un incendie étaient réunies :

 

"J'ai eu le privilège d'entrer dans cette charpente. On entend beaucoup depuis 24 heures que la sécurité n'était pas optimale, moi ce que j'ai pu constater, c'est une sécurité renforcée et très importante, plus importante que ce que je n'ai jamais vu. Quand j'entends dire que tout n'a pas été fait, moi à l'époque, j'ai constaté une sécurité plus qu'accrue."

 


 

Les enquêteurs chargés des investigations sur l'incendie apparemment accidentel qui a ravagé Notre-Dame restent prudents sur la cause précise du sinistre.

 

Pour l'heure, une trentaine de personnes ont été entendues par les policiers de la Brigade criminelle. Il s'agit notamment des ouvriers des quatre entreprises impliquées dans la restauration de l'édifice et présents sur le chantier lundi, avant que l'incendie ne démarre en début de soirée, et des personnels de sécurité de Notre-Dame intervenus ce soir-là.

 

La piste accidentelle privilégiée

 

Mardi, le procureur de la République de Paris Rémy Heitz a indiqué que la piste accidentelle était "privilégiée", assurant que "rien ne va dans le sens d'un acte volontaire".

 

Tous les scénarios restent envisageables à ce stade: court-circuit, "point chaud" provoqué par une soudure au chalumeau, etc. Pour assurer les travaux autour de la flèche, désormais disparue, un échafaudage électrifié avec ascenseurs et éclairage aux néons avait été installé autour du toit et de son immense charpente en bois de chêne, tous deux engloutis par les flammes.

 

Aucune constatation sur place n'a encore pu avoir lieu en raison des restrictions d'accès à la cathédrale décidées pour des raisons de sécurité, ont souligné des sources proches du dossier. Des vulnérabilités ont en effet été identifiées, notamment au niveau du pignon du transept nord, entraînant l'évacuation de cinq immeubles voisins.

 

Une première alerte à 18h20

 

Selon l'une de ces sources, une première alerte informatique a eu lieu vers 18h20 lundi grâce à un détecteur de fumée, entraînant l'évacuation de l'édifice où quelques fidèles assistaient à la messe tandis que les derniers visiteurs arpentaient l'édifice. Une personne de la sécurité se rendait alors dans les combles, mais ne constatait rien à l'endroit indiqué par son collègue chargé du contrôle. Environ un quart d'heure plus tard, l'employé découvrait les flammes après s'être rendu à un second endroit.

 

Une enquête a été ouverte lundi soir par le parquet de Paris pour "destruction involontaire par incendie". Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a affirmé mardi que 50 enquêteurs étaient mobilisés.

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0