Robert Roussel – L’Amarante, le ballon qui se prenait pour un OVNI - Février 2020

 

Robert Roussel a transmis au Mufon France un article exclusif, dans lequel il répond à Eric Maillot sur son explication sur le cas de l’Amarante. Un grand merci à ce grand journaliste de l’ufologie pour sa confiance !

 

Vous pouvez retrouver Robert Roussel en compagnie d’Egon Kragel, Joslan F.Keller et Pascal Fechner (en duplex) dans une des émissions live la plus vue de BTLV, “Les Extraterrestres, une désinformation organisée ?”.

 


 

 

L’AMARANTE :   LE BALLON QUI SE PRENAIT POUR UN OVNI

 

Bon nombre de psycho-sociaux considèrent les OVNIS, appartenir aux mythes structurant les sociétés.

Autrefois les apparitions de lutins, de Dames blanches, de fantômes.

Au 21ème siècle les soucoupes volantes, les OVNIS, les PANS pour « Phénomène Aérien Non Identifiés ».

Arnaud Esquerre chargé de recherche au CNRS, en 2016 résume la conviction acquise (1),

« Les récits extraterrestres seraient une variation moderne des histoires de fantômes ».

Les pourfendeurs de l’énigme n’ont de cesse dès lors, de réduire à peu les témoignages, qu’ils considèrent alimenter la rumeur. Une attitude qui à son tour peut engendrer d’autres obscurantismes.

 

Depuis 1947 sont recensées des milliers d’observations faisant état de la présence dans notre environnement de bizarreries volantes dont le comportement, les descriptions prêtent à penser chez certains, qu’un contact avec une civilisation de l’espace est en cours. Sans être en capacité d’en apporter la preuve.

On attend toujours se plaisent à souligner ceux-là l’observation recoupée : posé d’une structure accompagnée de documents photos, enregistrements vidéo, prise en compte de l’évènement par l’autorité officielle. Les sceptiques qui nient la prise en compte de paramètres objectifs confirmant la thèse des visiteurs, s’emploient à discréditer l’idée. C’est le sort que depuis plus de 30 ans, les contempteurs de l’énigme s’évertuent à appliquer à l’affaire dite de l’Amarante. Champion toute catégorie en la matière, l’instituteur zététicien(2) Eric Maillot. La rage réductionniste a fini par porter préjudice à la démarche, purement livresque, qui l’anime. Le zététicien, ainsi qu’on verra, n’a de cesse de proposer une explication en remplacement de la précédente, avec généralisation à d’autres affaires sur la base d’aprioris.

 

Résumé du cas.

 

Le 21 octobre 1982 dans une banlieue de la ville de Nancy, un chercheur en Biologie de 30 ans rapporte aux gendarmes puis au GEPAN/CNES, avoir observé en sustentation à 1 mètre du sol, durant 20 minutes, dans une fixité totale, sans bruit, une structure de forme ovoïde de 1m30 de diamètre, de 0m80 d’épaisseur. Les déclarations du témoin sont confortées par un traumatisme des végétaux proches, constaté sur un massif d’amarantes, sans pouvoir le quantifier du fait de la mauvaise conservation des prélèvements effectués par les gendarmes. Dans la partie « Conclusion » page 69 de la Note 17 les enquêteurs du GEPAN font état de leurs investigations en ces termes.

 

« Pour essayer de résumer les éléments essentiels de cette enquête, il faut tout d’abord noter que les conditions d’observations telles qu’elles sont rapportées par le témoin, auraient été très bonnes : en plein jour, durant plusieurs minutes, à proximité immédiate, avec examen sous plusieurs angles, latéralement et en hauteur. La non – identification du phénomène par le témoin ne semble pas dans ce cas, pouvoir résulter de confusion superficielle, de détails ; s’il a fait une méprise, elle ne peut qu’être énorme, fondamentale, absolue. »

 

Eric Maillot le contre-enquêteur de la Zététique, résume en 2019 en trois lignes, l’hypothèse que lui inspire l’observation, dans une synthèse de 12 pages rédigée en anglais.

« Ce n’est pas le genre de chose qui vient dans votre jardin comme un ballon de football », a déclaré le témoin. Pourtant il semble que oui !

Un ballon de fête (évènement local, anniversaire) en mylar qui se serait détaché de son fil pourrait être très bien à l’origine de ce boitier devenu incontournable en Ufologie ».

 

Réduit au raccourci, le cas pèse effectivement de peu de poids. L’enquête du GEPAN se réfère aux déclarations du témoin. Celle du zététicien s’en tient aux particularités qui alimentent les présupposés. La présence du dit ballon, repose sur l’idée qu’il serait venu se fixer sur les hautes tiges des roses trémières du jardin. Le contre-enquêteur va s’évertuer à démontrer qu’elles étaient présentes au moment de l’observation, s’évertuant – en vain- à les identifier sur les clichés du jardin effectués par les gendarmes. Il omet la précision d’importance qui figure page 26 de la Note 17, telle que rapportée par le témoin aux enquêteurs et qui pulvérise l’hypothèse du posé de ballon. «Dans les divers déplacements effectués autour du phénomène, il n’a pas remarqué un contact physique direct avec la végétation, en particulier du massif d’amarante. », situé comme l’indique le plan de la Note 17 page 27, à 1m25 du centre de gravité de la  structure. Les ballons d’enfant gonflés à l’hélium sont comme chacun sait, sensibles au moindre courant d’air, agités par une perpétuelle bougeotte. Qui ne correspond nullement à la thèse évoquée par le contre-enquêteur dont le ballon adopte le schéma aérien que donne de l’observation le témoin.

 

Examinons la scène de l’apparition du ballon telle que conçue par le Zététicien puis comparons- la, à celle vécue par le témoin. « En voyant ce ballon descendre vers lui probablement sous-gonflé dans une atmosphère froide du matin (9° C), le témoin est immédiatement convaincu qu’un véhicule lourd « freine » en descendant vers son jardin et « fera un cratère ou un trou ». « Je pensais que c’était vraiment quelque chose qui allait tomber dans la terre. » Il recule vers sa maison, effrayé. Lorsque l’objet se stabilise tranquillement au- dessus du sol et reste immobile, il n’imagine pas un instant qu’il soit ultraléger, posé discrètement à plat sur les longues tiges et feuilles des plantes présentes (roses trémières ou amarante), à l’abri du vent faible (max 2m/s ) dans le jardin étroit. »

 

La phase d’apparition du phénomène décrite cette fois par le témoin lors de l’entretien enregistré par les enquêteurs du GEPAN.

 

« J’ai vu comme un avion… Et puis de plus en plus cet appareil venait vers le jardin et à la limite ça avait l’air de freiner. …J’avais l’impression que ça allait tomber de l’autre côté du toit de la maison. Et puis à ce moment c’est vraiment, c’est vraiment descendu au -dessus du jardin, au- dessus de l’herbe, très près dans l’entourage du jardin. Et à ce moment- là vraiment, moi j’étais complètement, je-peux- pas dire, la panique, la trouille, j’ai vu un truc… Cet objet est resté à…peu près un mètre au-dessus, au-dessus du sol. Moi je suis resté mais vraiment… ça tremble je vous assure. C’est de la peur. Vous vous demandiez vraiment ce que c’est. … Je l’avais devant, vraiment devant moi, tout à fait stable ! Ca- bougeait- pas ! Ca…Il ne se passait rien… Je me suis même accroupi, pour regarder en-dessous. Euh… mais vraiment à 10cm près… J’aurais pu prendre un mètre et le mesurer complètement ».

 

Comme le souligne le GEPAN, il est peu vraisemblable qu’un observateur de cette qualité, à une distance inférieure au mètre, ait été victime d’une méprise. D’autant qu’il est hautement improbable que le ballon, s’il s’agit de lui, ne subisse pas les caprices des mouvements d’air, qu’il « se stabilise tranquillement au -dessus du sol et reste immobile » comme l’écrit le contradicteur. A la distance infime qui le sépare, le témoin peut détailler la structure et la décrire avec précision. En transposant la vision à la théorie du ballon, le témoin aurait nécessairement vu des détails : dessins, coloris, point d’encrage. C’est en ces termes qu’il fait état de la séquence d’envol de ce qu’il nomme « l’objet ».

 

« L’objet est resté 20 mn ! J’ai regardé ma montre. Vingt ! Pas une vingtaine, l’objet est resté vingt minutes ! Et puis alors il s’est… Il n’est parti comme il était venu sur la partie gauche du jardin, il est monté vraiment comme aspiré, mais vraiment droit, droit, droit… Et il y avait une petite brillance par le soleil… Y –avait- pas de nuage, pas de brume. Y- avait un beau soleil, c’était une belle journée d’automne. L’appareil, il est remonté, vraiment très, très droit, jusqu’à perte de vue d’un petit point brillant. Et la seule chose qui s’est passée quand l’objet est parti, c’est l’herbe qui s’est frisée sur la terre, vraiment droite ! L’herbe qui était humide, une herbe d’automne, de l’herbe d’une dizaine de centimètres et c’est monté ! Et c’est monté ! Ils sont (les gendarmes) revenus plusieurs fois sur les questions de savoir sur l’entourage, s’il y avait des roses trémières qui montaient très haut, si elles avaient bougé. J’ai répondu aux gendarmes, c’est certainement probable, mais mon attention c’était- pas- ça ! C’est l’objet, la terre, c’est l’herbe et ça c’est…Mais ça- montait alors d’un droit ! L’appareil est resté 20 mn ! ».

 

L’interprétation que donne de la séquence le zététicien Eric Maillot.

 

« Après 20 mn d’immobilité au soleil de midi, le ballon se réchauffe peu à peu entre les murs du jardin et se dilate donc, redevenant capable de voler à la moindre turbulence de l’air entre les maisons. Les données météo supportent en scénario avec une température passant de T°=14°à 18°C. L’hygrométrie et la pression atmosphérique diminuent régulièrement entre 10H et 16h favorisant la dilatation nécessaire au décollage. Un vent faible (7 à 11kms/h) venant du S/S.E est présent. Le témoin qui s’est ensuite repositionné sur sa terrasse et non près du PAN, peut ne pas ressentir le courant d’air qui déclenche l’ascension du ballon. La descente est logiquement décrite plus lentement que la montée dite rapide (mais pas éclair). …/ Le témoin perd alors de vue le ballon qui monte et s’éloigne jusqu’à qu’il ne soit plus visible dans un ciel bleu vif ».

 

Le courant d’air évoqué par le réfutateur à la distance proche de la scène où se trouvait le témoin, se serait traduit par un mouvement des végétaux fut-il discret, avec parallèlement agitation du ballon qui aurait amené ce dernier à identifier la nature de l’objet qui lui fait face. Le témoin insiste lui sur la fixité de la structure inconnue qu’il observe parfois à moins d’un mètre. Le réfutateur convaincu de la présence du ballon sous influence météo, range dès lors le témoin dans les victimes de la rumeur ovniaque.

 

«Le témoin succombe ainsi à l’influence du mythe ufologique et culturel de l’OVNI, largement médiatisé (endossé par JJ. Vélasco depuis les années 80) qui agit sur son environnement avec des effets physiques parfois persistant, prouvant son existence, même sa nature extraterrestre… Il cherchera alors une trace laissée par cet OVNI sur ses amarantes, dont seules quelques grappes florales sont fanées et desséchées. »

 

En s’employant à discréditer les précédentes enquêtes de J.J. Vélasco, le zététicien chercher à créer le doute sur la qualité des investigations consacrées à l’Amarante et la conclusion exprimée Note 17.

 

Le contradicteur se dit interpellé – une des rares fois – par l’érection de l’herbe, telle que décrite par le témoin et reconnait qu’il ne se l’explique pas. S’en tenant à la faible hauteur de l’herbe telle qu’elle parait sur un cliché des gendarmes, il tente de réduire à peu le fait constaté. « L’herbe semble courte (moins d’un centimètre) et peu adaptée à un éventuel lever brusque lorsque l’OVNI décolle (comme l’a dit le témoin) ».                                                                  

 

Le zététicien d’interpeller ici le GEPAN pour pas avoir entrepris l’analyse de l’herbe. Et d’en profiter pour trouver suspect le nettoyage du jardin par le témoin. Celui-ci d’écrire : « La NT 17 indique que le témoin a retiré les amarantes et les roses trémières « la veille » de l’enquête GEPAN prévue pour le 29/10 ». Voulant oublier que la gendarmerie avait récupéré des éléments de végétaux pour analyses et que par ailleurs les enquêteurs du CNES n’ont pas à se préoccuper de leur éventuelle présence, indispensable à l’hypothèse du zététicien, le témoin ayant déclaré que la structure se positionne en surface des herbes, sans contact direct avec les amarantes ou les roses trémières.

 

Ils pratiqueront à leur tour un prélèvement de végétaux proches de la zone de survol à des fins d’analyses complémentaires.

 

L’auto- proclamé contre-enquêteur n’aura de cesse, de chercher à fragiliser les éléments d’enquête recueillis. De l’entretien qu’il a pu entendre, il retient sa mauvaise qualité, qu’il est le fait d’un « témoin sincèrement perturbé par ce qu’il a vu et n’a pas compris ». Possédant l’intégralité de l’enregistrement effectué en deux prises – 72 minutes au total – l’ayant retranscrit méticuleusement au mot à mot, je retiens du témoignage qu’il réunit une somme conséquente d’appréciations qui traduisent bien, la sidération qui s’est emparée du témoin confronté à l’indicible. L’ex chef du GEPAN Xavier Passot qui me l’adresse souligne : « Cet homme de toute évidence est sincère ».

 

Les éléments concrets de la démonstration du contre-enquêteur reposent sur l’iconographie de modèles de ballons mylar colorés, de formes et tailles différentes, diffusée sur Internet. Les précisions sur la bizarrerie bleutée, couleur mer- du- sud que l’observateur assimile à un gel, sont constitutifs selon le Zététicien à une « vision déformée de l’environnement sur le mylar ». Et de préciser «qu’il existe en effet des ballons mylar vert correspondant sensiblement aux nuances Pantone, choisies par le témoin»

 

Sur la description du méplat à la base de la structure que rapporte le témoin, le réfutateur, l’attribue à la «… conséquence d’un léger sous-gonflage et de la zone de contact sur le support végétal ». Interprétation démentie comme on l’a vu, par le positionnement de la structure qui ne se trouve jamais en contact avec les végétaux, ainsi qu’en fait état page 26, la Note 17.

 

Le témoin dans son observation à très brève distance, compare l’objet à deux couvercles de lessiveuse joints, séparés par une bordure de 40 cm de large. Le réfutateur de justifier le détail qui contredit la rondeur uniforme des ballons avec l’argument ad hoc : « Certaines images de ballon en mylar montrent une telle illusion de bord plat sur le contour, puis de bord chanfreiné, voire facette, est possible grâce un effet de réflexion ordinaire, variable en fonction de l’inflation de l’angle d’éclairage. Le témoin n’a eu qu’à observer une telle réflexion trompeuse pour ensuite la transformer dans son dessin lors de la restitution en un détail difforme ou déformant de la structure réelle. La personnalité du témoin motivée par son regret évident de ne pas voir l’aspect rassurant d’un objet usiné qu’il reconnaitrait (il mentionne un dôme radar) est cohérente avec cette soucoupe ou transformation de mémoire « technique » de ces reflets ».

 

Citant le sociologue Edgar WUNDER et ses expériences sur les transformations de la mémoire, l’auteur conclut : « Cette tendance à restructurer immédiatement l’observé est maintenant bien connue et décrite dans les situations de rentrée atmosphérique ou de météores»                                          

 

Pour ma part après avoir compulsé de nombreux rapports de rentrée atmosphérique, leur examen montre peu de déviances descriptives fantasmées. Au contraire la précision du descriptif de l’ensemble des témoins, permet une rapide et juste identification. La conclusion hâtive du contre-enquêteur gomme une fois de plus, le fait essentiel que le témoin observe l’objet à portée de main. « Le GEPAN : Vous vous en êtes approchés de… Le témoin : …Ho ! … de 50 centimètres au moins. D’ici à moi, de vous à moi. Un demi-mètre… J’avais cet appareil à bout de nez, l’appareil était très proche… » La position le prédispose à s’en tenir à ce qu’il voit, sans avoir à faire appel à l’imaginaire pour le décrire. De par sa qualité de chercheur en biologie, plus que personne il connait le pouvoir des apparences. Jamais le détracteur ne prend en compte précisément sa capacité de scientifique critique du fait de sa confrontation quotidienne aux facettes multiples et dissimulées de la réalité. Un réflexe professionnel que la longue période d’observation de 20 mn a nécessairement fait surgir et lui a permis pendant tout ce temps d’intégrer les détails précis de la vision. Ce sont les non-réponses à ses tentatives d’explications formulées ou inconscientes qui vont le convaincre que la structure entrevue n’entre dans aucune classification connue de lui.

 

L’évidence objective de l’objet et la morphologie très particulière qu’il revêt, l’assurent de sa pleine et consistante matérialité. Ainsi que l’entretien le confirme, le témoin s’en rapporte d’abord aux technologies terrestres, contrairement à ce que laisse entendre le zététicien. « La personnalité du témoin, motivée par son regret évident de ne pas voir l’aspect rassurant d’un objet usiné qu’il reconnaîtrait, est cohérente avec cette soucoupe ou transformation de mémoire «technique » de ces reflets ». Dans son récit celui-ci n’introduit pas comme le prétend le zététicien la fantasmagorie soucoupiste, se contentant d’une brève allusion aux « soucoupes volantes » dans son large balayage d’hypothèses. C’est à l’évidence une explication bien terrestre qu’il privilégie. « J’avais l’impression que c’est quelque chose qui avait trait à l’armée, type E.R. – Engin de Reconnaissance – ça où je ne sais pas quoi. Comment dirais-je, parce qu’on voit dans les dessins ou dans les photos ».

 

Le pronostic de l’illusion visuelle devient pour le zététicien, l’arme fatale censée justifier l’extraordinaire vision. Vision que nous nous plaisons à construire d’une réalité fantasmée aussi présente et solide que celle qui structure notre quotidien veut nous persuader ce dernier. Le propos est illustré par l’image d’un homme en sustentation au- dessus d’un compère qu’en apparence rien ne relie au sol. Le sketch relève des séances de fakir dont on perçoit mal le rapport avec les faits établis par l’enquête.

 

Le plus étonnant serait que dans le cas de la présence effective du jouet, que l’observateur ai imaginé cette surprenante machine à laquelle il attribue une lourdeur conséquente, des mouvements aériens n’ayant rien à voir avec les balbutiements aériens d’un ballon à l’hélium. C’est ne pas tenir compte que notre cerveau avec son pouvoir de mémorisation ne se laisse pas abuser aussi facilement. Notre ordinateur intérieur stocke en nous les séquences du vécu, retenant les détails qui caractérisent une situation particulière, un objet donné. Ainsi possédons- nous en mémoire ce sentiment de légèreté lié au type de ballon évoqué par l’auteur, caractérisée par des rebonds à répétitions qui le distingue de toute autre structure planante. En quelques secondes le témoin aurait nécessairement identifié l’origine de l’intrus, présent durant 20 minutes ! Les descriptions de son positionnement dans le jardinet, son surgissement du ciel qui le fait assimiler à un avion, l’impression de masse lourde qui fait penser qu’il va s’écraser sur terre, la puissance de son ascension – « C’est parti à une vitesse qui n’est pas une vitesse ! » ne sont nullement typiques des mouvements incertains des ballons d’enfants.

 

Pour justifier la descente et le départ soudain du ballon le contradicteur invoque les différences de température. Celle du matin de 9°C qui entraîne sa descente dans le jardin. Celle du midi de de 14° à 18° durant lesquelles, « Après 20 mn d’immobilité au soleil de midi, le ballon se réchauffe peu à peu entre les murs du jardin et se dilate donc, devenant capable de voler à la moindre turbulence de l’air entre les maisons. »                                                          

 

Le hic ! de ces belles corrélations météo c’est qu’elles ne sont nullement compatibles avec les périodes horaires d’arrivée et de disparition de la structure. Dans le rapport de gendarmerie le témoin fixe à 12h35 le moment où elle surgit. En ajoutant les 20 mn de durée de présence, elle disparait de sa vue à 13H15. 12h35/13h15 c’est-à-dire le moment d’ensoleillement maximum selon les chiffres évoqués par le zététicien. Comment alors le ballon peut-il effectuer sa descente dans le jardin qui nécessite selon le zététicien une température aux environs de 9°, alors qu’il règne au moment de son arrivée la température ascensionnelle de 14° ? Par ailleurs la montée progressive de la chaleur se traduirait par une ascension plutôt lente, tout le contraire de celle évoquée par le témoin. « Il est monté vraiment comme aspiré, mais vraiment, droit, droit, droit… L’appareil, il est remonté vraiment très droit, jusqu’à perte de vue d’un petit point brillant… » Enfin il est pour le moins surprenant que le dit ballon effectue des manœuvres d’entrée dans le champ visuel du témoin – qui la compare au mouvement dans le ciel d’un avion – jusqu’à son brusque envol, conforment à ce que lui donne à voir pendant 20 mn la structure inconnue. Il y avait plus de chance que le dit ballon, affecte des mouvements désordonnés et se retrouve acculé dans un coin du jardin. L’arrivée et le départ du ballon tels que justifiés par la différence des températures, affectant le mouvement aérien intelligent rapporté, renforce en réalité le descriptif que donne le témoin de la séquence.

 

J.J. Vélasco se montre surpris par le volume de l’objet qui semble alors occuper tout l’espace du jardinet. « C’est vraiment une des premières fois où tout est concentré… A la fois, le témoin et… l’évènement ».   Le témoin de compléter : « Mais pour moi la concentration c’est l’objet dans la cour intérieure. …/… Ca fait un objet à la limite chez pas, c’est une petite voiture dans un petit garage… La remarque semble difficilement compatible avec l’image du très banal ballon, invoquée par le contre-enquêteur.

 

Ce n’est pas la première fois que le zététicien, s’exerce à réduire le témoignage de l’Amarante. Dans une analyse critique publiée sur un site internet quelque temps après la parution de la Note 17, il exprime une première fois en ces termes la résolution du cas telle qu’il la pronostique à l’époque. « On le voit, l’expérience rapportée par « Henri » – le pseudo du témoin utilisé par les enquêteur du GEPAN – peut très bien à priori avoir une origine soit neurologique (aura ophtalmique, crise d’épilepsie temporale, « paralysie du sommeil ») soit psychiatrique (trouble psychotique), soit simplement psychologique (« personnalité encline à la fantaisie ») Et malheureusement l’enquête conduite par le GEPAN ne permet d’éliminer aucune de ces hypothèses explicatives… ».                                                

 

L’enquêteur peu convaincu par ses propres cogitations en chambre, opte en 2019 pour la thèse du ballon à laquelle il accorde désormais la préférence.

 

Le ballon divaguant dans la campagne est aussi l’explication fourre-tout qu’il privilégie dans le double témoignage effectué en 1979 par le couple Fartek. C’est la même illustration de ballons colorés qu’il utilise alors, qui l’autorise en en 2019 à faire le parallèle avec l’affaire de l’Amarante. A l’époque, les deux témoins décrivent une structure semblable à deux assiettes accolées, qu’ils observent un peu moins de deux minutes, jusqu’à son envol depuis une fenêtre de leur habitation. Le zététicien va s’employer à démontrer que le pilote ne fait qu’interpréter dans un « abus patent de l’argument d’autorité » écrit-il(3) les éléments d’observation de « l’épouse du pilote qui s’est trouvée rapidement remisée dans l’ombre du statut de son mari ». L’enquête que je mène sur place en présence des deux témoins ne correspond pas comme on peut le lire dans l’ouvrage (4) où je rapporte l’observation, aux extrapolations du zététicien.

 

Je confirme que le pilote comme il me l’a précisé, a observé la totalité du phénomène que son épouse qui prépare le petit déjeuner, découvre en ouvrant la fenêtre et l’alerte dans les secondes qui suivent. Jean Pierre Fartek, pilote de chasse en activité à l’époque, formateur de pilotes dont plusieurs deviendront spationautes, fait état de références qui laissent peu de doute sur le crédit à lui accorder lorsqu’il rapporte les détails de l’observation. Le pilote se retient d’exprimer dans un courrier qu’il m’adresse, l’indignation que lui inspire l’analyse succincte et machiste du zététicien. « Ce Monsieur n’est même pas venu nous interroger sur notre observation, et se permet de conclure sans éléments contradictoires, que nous avons observé un ballon d’enfant ! La démarche est à l’opposé de celle de la science !

 

Dans deux ouvrages(4)(5)consacrés au phénomène délaissé par la science, je commente longuement les deux observations ridiculisées par le contre-enquêteur. Ainsi que je le raconte, j’ai essayé laborieusement d’entrer en relation avec le témoin de l’Amarante. Le projet a été à deux doigts d’aboutir et durant cette tentative j’ai compris que celui-ci ne tenait plus du tout à répondre aux sollicitations fussent-elles guidées par la meilleure intention.

 

L’obstination du zététicien à discréditer les capacités d’observation du témoin n’est pas faite, on le comprend aujourd’hui pas plus qu’hier à l’inciter à compléter son témoignage par une réfutation des arguments du contradicteur. Comme il l’explique au cours de l’entretien avec les enquêteurs du GEPAN, il n’a rien à prouver et s’en moque d’ailleurs éperdument. Manuel JIMENEZ le psychologue du GEPAN qui participe à l’enquête du GEPAN page 39 de la Note 17, chapitre « Place de la preuve dans le discours », précise à ce sujet, « De lui-même le témoin parle très peu des éléments pouvant donner davantage de crédit à son témoignage, comme s’il estimait que sa parole suffisait (« Je n’ai pas besoin de donner une preuve… ») et , fait intéressant, parle très peu de lui-même, de la présence de la trace sur les plants d’amarante. »                                                            

 

C’est en entendant les époux Fartek que j’ai pris conscience de toute la distance qui sépare le positionnement du zététicien, du déroulement des faits tels que rapportés par les témoins des deux observations.

 

Comme constaté lors du traitement réducteur et partial que privilégie le zététicien dans l’affaire de l’Amarante et l’observation des époux Fartek, il s’agit du rejet primaire classique sous couvert de rationalité, qui depuis des décennies, s’emploie à torpiller les tentatives de résolution de l’énigme. Une attitude qui rappelle d’autres interdits dont l’histoire des Sciences est malheureusement riche.

 

En s’en tenant à la contre-enquête – en attente de la prochaine hypothèse que le réfutateur déclarera tout autant pertinente – il est proprement impensable d’accorder crédit aux supputations de l’instituteur Zététicien. Sa sentence a la médiocrité de la conclusion que lui inspire le témoignage.

 

« Il suffit d’un banal environnement favorable et une donnée manquante, cachée ou erronée dans une enquête pour faire un faux grand mystère qui persistera »                                                                                                                           

 

A laquelle il est tentant de répliquer : Il ne suffit pas d’un zététicien sous dépendance de fantasmes réducteurs, pour dissoudre dans le banal, une observations à haute étrangeté. Le contre-enquêteur Eric Maillot a rejoint ici, les pseudos scientifiques du 19ème siècle qui refusaient l’évidence des pierres tombant du ciel. Jusqu’au jour…

 

                                                                                   Robert Roussel

 

Notes

1° Théorie des Evènements extra-terrestres 260 pages Fayard

2) La Zététique ou « l’art du doute ». « L’art de faire la différence entre ce qui relève de la Science et ce qui relève de la croyance » WIKIPEDIA

3) »Examen d’un OVNI vu par un pilote chasse » 2004 E. Maillot Laboratoire de Zététique

4) OVNIS : Les Oubliés de la Science » Edts l’Harmattan 2018

5) OVNIS -1947/2017-Le choix du déni Edts L’Harmattan 2019 Robert Roussel

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