"L’Empire des Lumières" de Nicolas Lincy et Mathieu Roger

 

Ils s’appellent Claude, Daniel, Gérard, Rémy, Corinne. Et s’ils vivent éloignés les uns des autres, ils ont en commun de passer tout leur temps libre à observer le ciel. La tête dans les étoiles à la recherche d’OVNI… Ils sont ufologues (de l’anglais UFO pour  Unidentified Flying Object). Ce ne sont pas des scientifiques mais des passionnés qui traquent l’OVNI à la manière d’enquêteurs. Ils cherchent tous les indices, se déplacent partout en France pour recueillir des témoignages qu’ils comparent et analysent en lien avec le GEIPAN (Groupe d’Etudes et d’Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés, branche du Centre National d’Etudes Spatiales, le CNES). Un service unique au monde et une sorte de paradoxe à la française puisque les scientifiques décrètent que nous sommes désespérément seuls dans l’univers et infirment toute idée d’une autre intelligence !

 

Ce n’est évidemment pas l’avis des ufologues guidés par leur envahissante passion. Pour certains comme Claude, presque octogénaire, elle a commencé très tôt : "Je devais avoir dix ans. J’étais à l’école catholique. Les autres élèves m’appelaient - soucoupe - et les curés me prenaient pour un dérangé". Lui, n’a jamais cessé d’y croire ni de poursuivre sa quête, comme ses collègues, dans l’indifférence quasi générale.

 

Se dire que c’est vrai ou que c’est faux, ça ne nous intéresse pas. On a voulu interroger la passion.

Nicolas Lincy et Mathieu Roger n’ont pas fait un documentaire sur les OVNIS mais un film sur des hommes et femmes accrochés à leurs croyances envers et contre tout : "Se dire que c’est vrai ou que c’est faux, ça ne nous intéresse pas. On a fait des rencontres qui nous ont embarqués vers des histoires assez extraordinaires. On s’est intéressé aux gens et on a voulu interroger la passion, l’obsession".

 

Malgré le passage du temps, malgré les changements du monde, à l’heure des satellites, télescopes et autres radioscopes hyper puissants, il y a quelque chose, certes, d’obsessionnel mais aussi de touchant chez ces hommes et cette femme accrochés à leur désir d’existence des soucoupes volantes. Et peu importe le regard des autres. Rien ne les empêchera de transformer une pièce de leur maison en laboratoire, de partir, de jour de comme de nuit, dans de longues promenades à la recherche d’un signe venu d’ailleurs.

 

Si on a pas de rêve, on ne vit pas… 

Comment faire perdurer cette passion quand les jeunes ne s’y intéressent pas et quand la modernité ne cesse de contredire l’existence des soucoupes volantes ? Corinne apporte une réponse, la sienne : "Si on a pas de rêve, on ne vit pas…" Et si leur rêve les empêchait de vivre ? Car leur passion de veilleurs du ciel à un prix à payer. Tous sont plus ou moins coupés du monde, voire de leurs familles qui ne les comprennent pas toujours. "Bien loin de proposer une réhabilitation de l’ufologie ou de confronter nos personnages à un regard scientifique, nous avons voulu filmer leurs fragilités, leurs doutes et leurs espoirs avec la bienveillance et la curiosité que mérite ce sujet", précisent les auteurs.

 

 

Le résultat est un documentaire doublé d’un film fantastique qui nous fait survoler, au sens propre aussi, plusieurs régions de France. Le film emprunte son titre "L’Empire des Lumières" à une œuvre de René Magritte. On y voit un ciel de jour, une maison de nuit éclairée par un lampadaire. L’atmosphère y est surréaliste à partir d’éléments simples. "C’est exactement ce que nous avons cherché : à travers le documentaire, le réel, toucher du doigt le surnaturel, le fantastique".

 

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