USA – L’armée et les agences de renseignement font de l’obstruction au rapport du Sénat sur les OVNIs

 

En décembre dernier, nous avons parlé d’une directive de la commission sénatoriale du renseignement demandant au groupe de travail du Pentagone sur les phénomènes aériens non identifiés (PANs) de produire un rapport sur les enquêtes de l’armée concernant les véhicules inconnus (OVNIs, évidemment) qui pénètrent dans l’espace aérien des USA.

 

L’ordre a été inclus dans la loi annuelle d’autorisation du renseignement et les démarches ont été menées par le sénateur Marco Rubio (R – Floride).

 

Le rapport était censé être remis dans les 180 jours suivant la signature de l’IAA, ce qui place la date limite au 25 juin 2021.

 

Malheureusement, les chances de voir le groupe de travail sur les PANs respecter cette échéance semblent désormais bien minces, à supposer même qu’il parvienne à produire le rapport.

 

Comme Politico l’a rapporté cette semaine, le groupe de travail se heurte aux multiples agences militaires et de renseignement qui résistent aux demandes de documents classifiés ou, dans certains cas, refusent carrément de coopérer. Et sans cette coopération, l’élaboration d’un rapport utile du type de celui demandé par le Sénat pourrait s’avérer impossible.

 

 

"La vérité est peut-être là. Mais ne vous attendez pas à ce que les fédéraux partagent de sitôt ce qu’ils savent sur la récente vague d’observations d’ovnis.

 

Certains militaires et agences d’espionnage bloquent ou ignorent tout simplement l’effort de cataloguer ce qu’ils ont sur les « phénomènes aériens non identifiés », selon de nombreux responsables gouvernementaux actuels et anciens. Et en conséquence, l’administration Biden va probablement retarder un rapport public très attendu au Congrès…

 

« Le simple fait d’avoir accès à l’information, en raison de toutes les différentes bureaucraties de sécurité, est une épreuve en soi », a déclaré Christopher Mellon, un ancien responsable du renseignement au Pentagone qui a fait pression pour obtenir la disposition relative à la divulgation et qui continue de conseiller les décideurs politiques sur la question."

 

Bien que cela soit très décevant, je ne vais pas faire semblant d’être surpris. J’ai exprimé mes inquiétudes sur ce scénario spécifique en décembre dernier.

 

Il ne suffit pas que le Congrès dise au Pentagone qu’il souhaite un rapport dans 180 jours pour que quelque chose se passe. Le Pentagone peut facilement répondre en disant essentiellement qu’il ne dispose pas de suffisamment de temps pour effectuer un examen aussi approfondi et qu’il devra le reporter. Et ils peuvent reporter les choses très longtemps lorsqu’ils sont dos au mur.

 

C’est un revirement majeur par rapport au ton optimiste adopté par l’ancien directeur du renseignement national John Ratcliffe la semaine dernière.

 

Il a déclaré sur Fox News que toutes sortes d’informations étaient sur le point d’être déclassifiées et que le rapport ne tarderait pas à arriver. Il a également déclaré qu’il avait travaillé à la déclassification d’une grande partie de ces informations et à leur publication avant de quitter ses fonctions en janvier, mais qu’ils ont tout simplement manqué de temps.

 

Cela signifie-t-il que Ratcliffe n’était pas au courant ou qu’il y a eu un changement significatif dans la politique de confidentialité sur les PANs depuis le début de l’administration Biden ?

 

Plus décevant encore que le retard du rapport, il est possible qu’il n’y ait jamais de rapport du tout.

 

Selon Chris Mellon, ancien responsable du renseignement au Pentagone, l’armée de l’air a catégoriquement refusé de remettre au groupe de travail le moindre dossier d’enquête sur les PANs. Le rapport est également censé inclure des données détaillées provenant du FBI, de la CIA, de la Defense Intelligence Agency et de la DARPA, entre autres. Toutes ces agences de renseignement et organisations d’espionnage auraient soit traîné les pieds, soit ignoré les demandes de la Task Force.

 

Politico a tenté d’interroger l’Air Force sur son refus de coopérer, mais s’est heurté au même mur du silence auquel se heurtent toutes les personnes qui enquêtent sur la connaissance qu’a le gouvernement des incursions des PANs. L’Air Force s’est refusée à tout commentaire, renvoyant au Pentagone. Le Pentagone les a renvoyés vers la seule personne autorisée à commenter sur les PANs, la porte-parole Susan Gough. Et elle leur a donné une version légèrement modifiée de la même réponse passe-partout qu’elle nous donne à tous depuis l’été dernier.

 

« Pour protéger notre personnel, maintenir la sécurité opérationnelle et sauvegarder les méthodes de renseignement, nous ne discutons pas publiquement des détails des observations de PANs, du groupe de travail ou des enquêtes », a déclaré Susan Gough, porte-parole du Pentagone, qui a refusé de répondre aux critiques.

 

La partie concernant la « protection de notre peuple » et la sauvegarde des méthodes de renseignement est un peu tordue. Elle avait l’habitude de dire : « Pour maintenir la sécurité des opérations et éviter de divulguer des informations qui pourraient être utiles à nos adversaires… »

Nous savions déjà qu’ils ne divulgueraient aucun détail à la presse, mais pourraient-ils vraiment être prêts à dire à la commission sénatoriale du renseignement de se mettre là où le soleil ne brille pas ? Apparemment, ils pensent pouvoir le faire, ou du moins certains des principaux acteurs impliqués dans cette affaire le pensent.

 

Il existe une solution évidente à cette impasse, ou du moins il devrait y en avoir une.

 

Le Président des États-Unis est l’arbitre final des informations qui sont classifiées ou peuvent être déclassifiées. Il s’agit d’une fonction qui est généralement reléguée aux responsables de l’armée et des services de renseignement situés plus bas dans la chaîne alimentaire, mais le Président peut, d’un simple trait de plume, verrouiller des données en les classant ou en les déclassifiant.

 

Si Joe Biden était entraîné dans ce débat et qu’il se rendait dans chacune des agences et des branches militaires pour leur dire de céder la marchandise à la Task Force, elles devraient s’exécuter. Si cela échouait, chacune de ces personnes, qu’elles fassent partie de l’état-major militaire ou des agences de renseignement civiles, sont au service du Président. Biden pourrait simplement commencer à les virer et à les remplacer par des personnes plus disposées à suivre les ordres et à respecter la chaîne de commandement.

 

Biden irait-il vraiment aussi loin ? Ce serait un test intéressant de son caractère et de son leadership.

Par le passé, M. Biden a beaucoup parlé de la nécessité de la transparence du gouvernement. Il serait impressionnant qu’il prenne les devants et non seulement

fasse en sorte que ce rapport soit publié, mais qu’il ordonne sa déclassification afin que le public puisse savoir ce qui se passe.

 

Traduction de Jacky Kozan, le 29/3/2021

 

Commentaire : cette déclassification accouchera de "pinuts" 

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